Journal d'investigation en ligne et d'information‑hacking
Dossier
par Rédaction

Et si... on était tous libyens ?

Parmi les zones d'ombre qui subsistent sur l'affaire de la vente d'un système de surveillance global à la Libye, il y a la présence en territoire libyen de la Direction du Renseignement Militaire évoquée par le Canard Enchaîné. Puis c'est regardant une carte des câbles sous-marin qui constituent le gros du trafic sur Internet que la rédaction de Reflets a connecté un neurone.

Parmi les zones d'ombre qui subsistent sur l'affaire de la vente d'un système de surveillance global à la Libye, il y a la présence en territoire libyen de la Direction du Renseignement Militaire évoquée par le Canard Enchaîné. Puis c'est regardant une carte des câbles sous-marin qui constituent le gros du trafic sur Internet que la rédaction de Reflets a connecté un neurone. A ce stade, tout n'est de notre part que pure hypothèse, mais vous allez voir que malheureusement tout ceci colle très bien, un peu trop bien même à notre goût.

Les relations diplomatiques au beau fixe de la France avec le régime de Kadhafi entre 2006 et 2011 ne sauraient à elles seules expliquer que la France déploie, avec le soutien actif de la direction du renseignement militaire et d'anciens de la DGSE, un système aussi stratégique que le GLINT/EAGLE. Certes, il y a bien quelques intégristes islamistes à aller écouter mais un tel système est parfaitement sur-dimensionné pour écouter la "menace à poils longs" évoquée à demis mots pour expliquer la présence de ce système surpuissant en territoire libyen.

Nous avons donc commencé à nous poser quelques questions. Avec quelques connaissances rudimentaires de TCP/IP, le protocole qui achemine nos communications sur Internet pour faire grossier, on pense d'un coup à la magie des tables de routage. Et quand on connecte cette notion relativement basique avec la carte ci dessous ...

Visiblement, il y a un gros câble marron qui part de pas loin de Tripoli et qui atterri à Marseille, c'est en soi intéressant. Mais il y a encore mieux ! Ce même câble fait un petit crochet par Aix-en Provence, où on trouve... Des locaux d'Amesys Conseil ! Une bien curieuse coïncidence non ?

On est donc parfaitement en droit de se demander si un GLINT libyen ou marocain (et ça nous y reviendrons mercredi... voiiiiir Taaaangeeeer et mouuuuriiiiir) ne peut pas servir à intercepter des communications bien de chez nous. On se souvient de l'émoi qu'avaient provoqué en leur temps quelques écoutes téléphoniques clandestines. À votre avis, que se passerait-il si un jour on découvrait que des interceptions sauvages de connexions Internet sont réalisées à distance depuis des centres d'écoute montés par nos services en territoire étranger ?

D'une manière générale, l'idée que EAGLE ait été déployé en Libye sans que les services français aient un accès distant, ne serait-ce que pour la maintenance du système, comprenez pour écouter le colonel, sa famille et ses ministres, semblait déjà incongrue. D'ici à imaginer que le bouzin pouvait servir à lancer des interceptions ciblées en France depuis l'étranger... Il n'y a qu'un pas. Un peu de fiction ne fait jamais de mal. Ça ferait un bon scenario pour un bouquin ou un film.

En plaçant des stations d'écoute hors du territoire français, dotées de capacités d'interception sur-dimensionnées, on s'offre un "cloud" d'un genre assez nouveau. Le cloud de la surveillance globale qui présente plusieurs avantages : la rentabilité (on se fait financer un système d'écoute par des puissances étrangères), la décentralisation (on esquive ainsi les lourdeurs administratives de notre territoire), la discrétion (on se sert d'un système distant pour écouter notre propre population).

Si ceci était un jour avéré, allez dire après ça qu'on n'a pas des services de renseignement efficaces... ou quand l'extérieur côtoie d'un peu trop près l'intérieur.

0 Commentaires
Une info, un document ? Contactez-nous de façon sécurisée