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par Rédaction

France : Coronavirus, same player, play again

Perseverare diabolicum

Quelques mois seulement après le confinement et le cafouillage généralisé, le gouvernement français semble répéter les mêmes erreurs. Plongeon dans l'inconnu...

Coronavirus - © Nostromo

« Nous n'avons quasiment eu aucune consignes. Le flou absolu. Deux petites consignes en fin de parcours : faites-ci, ne faites pas ça. On s'est débrouillés comme on a pu », explique la directrice d'une école primaire. Il n'y a pas de quoi être surpris. Cela fait des semaines que les parents se plaignent sur les réseaux sociaux de n'avoir reçu aucune nouvelle de l'école de leurs enfants avant la rentrée. Le ministre lui-même, Jean-Michel Blanquer est resté parfaitement muet jusqu'au tout dernier moment. Savait-il lui-même ce qu'il fallait faire pour préparer au mieux cette rentrée et cela était-il même possible ?

Jean-Michel Blanquer - The Meme Maker - CC
Jean-Michel Blanquer - The Meme Maker - CC

Le gouvernement est affolé par les fondamentaux économiques qui commencent à s'imposer. Chômage, faillites, écroulement du PIB, tout ce que nous annoncions dès le 9 mars, puis mi-mars, le 27 mars, le 15 avril et enfin le 20 avril, commence à prendre forme. Il faut un certain temps pour que les agences de statistiques publiques comme l'INSEE (en France) prenne en compte les évolutions profondes de l'économie. Avec cette trouille au corps, le gouvernement et le président anticipent un effet sur l'élection présidentielle. A juste titre, une faillite lente mais généralisée du pays ne peut pas être favorable au parti au pouvoir lors du prochain scrutin.

Au boulot !

Cette panique, on l'a déjà vu avec le déconfinement, pousse le gouvernement à vouloir renvoyer les Français au boulot. Il faut « relancer » la machine. Chefs d'entreprises, banquiers, politiques, tout le monde semble d'accord. Les forçats, eux, qui sont dans la rue ou dans les entreprises, les uns sur les autres, sont moins emballés, surtout depuis qu'ils ont compris que le télétravail fonctionne assez bien, surtout pour la majorité des boulots que l'on découvre « non essentiels », pour ne pas dire sans utilité. De fait, le directeur marketing, en pleine pandémie a beaucoup moins d'intérêt, pour la société dans son ensemble, que l'éboueur ou le caissier de supermarché...

Et pour remettre tout le monde au boulot, il faut remettre les enfants à l'école. Fini le temps béni de pépé, où la femme pouvait rester à la maison et s'occuper des enfants pendant que l'homme ramenait le salaire du couple. Mieux, fini le temps ou toute une partie de la population pouvait même ne pas travailler et engager un précepteur...

Non, décidément, il faut renvoyer les enfants à l'école. Oui mais bon, il y a le coronavirus qui rode toujours...

Qu'à cela ne tienne, on imposera des gestes barrières et puis ils n'ont pas besoin de masques en dessous de 11 ans (par quel miracle ? Mystère). C'est bien connu, les enfants sont la population la plus facile à contrôler et qui se pliera le plus facilement aux règles sanitaires.

Déjà que nombre de leurs parents sont incapables de ranger leur gros nez sous un masque, qu'ils continuent de faire du jogging ou du vélo sans masque pour laisser une belle trainée de covid derrière eux, qu'ils paniquent à l'idée de le porter quelques heures d'affilée (on se demande comment font les médecins)... Ça va bien se passer.

Dans une société qui prone depuis des années l'individualisme, la réalisation immédiate de tous les désirs (suscités par une publicité perpétuellement omniprésente), y compris les plus imbéciles (faire la queue des heures pour une iPhone dernier modèle assemblé par des semi-esclaves en Asie et consommant des terres rares alors que le précédent fonctionne toujours très bien), on peut miser à fond sur la solidarité et la prise de conscience globale des enjeux.

En fait non.

Enfants et jeunes particulièrement touchés par l'épidémie aux USA

Tandis que Jean-Michel Blanquer annonce être « préparé à tout », le New York Times semblait être en profond désaccord hier, lundi 31 août.

Le journal américain rendait compte d'une étude menée par l'« American Academy of Pediatric ». Les pédiatres se sont basés sur un jeu de données récoltées entre le 21 mai et le 20 août. Celles-ci montrent que dans les zones métropolitaines où le virus à le plus proliféré au cours des deux dernière semaines, la moitié étaient des villes universitaires dont les campus avaient été rouverts.

Le nombre total des enfants et adolescents infectés a doublé depuis qu'en juillet dernier, l'« American Academy of Pediatric » a recommandé de rouvrir les écoles dès que possible, comme le souhaite plus qu'ardemment Donald Trump.

Le gouvernement français a tout le temps été à contretemps dans la gestion de la pandémie (on se souvient du masque jugé inutile au point de dissuader les pharmaciens d'en vendre, puis soudain obligatoire). Visiblement, on recommence avec la reprise de l'enseignement sans préparation digne de ce nom. L'avenir dira si ce virus imprévisible a regagné le domicile des adultes via les enfants qui auront repris l'école ou via les adultes qui auront repris le travail à la demande du gouvernement...

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