Journal d'investigation en ligne et d'information‑hacking
par Antoine BELLIER

Raconter la police

Dessous Choc #13

Mikael Corre évoque au micro d’Antoine Bellier son immersion au commissariat de Roubaix. Au plus près du quotidien des policiers, il évite, à travers la description de faits et de situations concrètes, le double écueil de l’idéalisation ou de la stigmatisation d’une profession actuellement en plein questionnement, tant de la part des citoyens que des policiers eux-mêmes.

Le Central, publié chez Bayard - D.R.
Le Central, publié chez Bayard - D.R.
Le sujet des violences policières qui s’invite à nouveau en ce moment dans le débat public intéresse depuis des années le journaliste Mikael Corre. Il y avait consacré un article paru en 2019 dans l’hebdomadaire pour lequel il travaille, La Croix L’Hebdo, sous le titre : « Violences, bavures, des policiers racontent ». Il avait alors longuement interviewé des policiers de Mulhouse sur les situations limites auxquelles ils étaient confrontés pour tenter de comprendre ­- non pas de minimiser encore moins d’excuser -, les raisons pour lesquelles un agent des forces de l’ordre peut un jour basculer dans la violence.

L’article n’avait pas été bien reçu par les policiers qui ont regretté que le journaliste n’évoque pas davantage leur quotidien. Au-delà des fantasmes et des clichés agités par les extrêmes sur le monde de la police, Mikael Corre a donc décidé de rendre compte, au plus près du terrain, ce qu’elle vit. Cela a donné lieu à un long reportage « Au commissariat : un an au cœur de la police », puis au récit Le Central, publié dernièrement aux éditions Bayard. Le journaliste décrit la vie du commissariat de Roubaix, où il a passé de longs mois en immersion : « Je veux comprendre ce que c’est qu’être flic. Entrer dans leur tête. Raconter ce qui se passe, surtout quand il ne se passe rien, ou pas grand-chose. »

Le récit de Mikael Corre n’a pas pour objectif de se positionner pour ou contre la police ou de livrer de grandes théories sur cette dernière, mais de nous faire entr’apercevoir la complexité et les limites d’une institution, qui, qu’on le veuille ou non, est constitutive de notre État de droit. Entre gardes à vues, paperasses et contrôles, dans un quotidien, peut-être plus banal qu’on aurait imaginé, le journaliste, sans biais idéologique, prend le pouls du rapport aujourd’hui fortement questionné entre la police et les citoyens.

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