Le journalisme indépendant en Russie a-t-il dit son dernier mot ?
Dessous Choc #5
Dernier symbole prestigieux de la presse indépendante en Russie, Novaïa Gazeta a décidé de suspendre sa publication le 28 mars dernier jusqu’à la fin de l’intervention russe en Ukraine.
Cette annonce de Novaïa Gazeta est le symptôme d’une liberté d’information fortement, si ce n'est complètement muselée en Russie à cause de cette guerre.
Le harcèlement, les vexations de toutes sortes, voire plus encore la traque et le meurtre de journalistes, n’est malheureusement pas chose nouvelle sous l'ère poutinienne, en témoigne l’assassinat il y a quinze ans de la journaliste d’investigation Anne Politikovskaïa, l’une des figures de proue de Novaïa Gazetta dont les enquêtes sur les exactions russes en Tchétchénie et la corruption l’avaient rendue extrêmement gênante pour le pouvoir.
A sa suite, malgré les menaces et les pressions, des journalistes dans toutes la Russie et sur différents supports tentent de résister, de plus en plus dans l’ombre et à distance en raison de la situation actuelle, pour faire valoir la liberté d’enquêter et d'informer.
Écrit en octobre dernier, donc avant l'invasion de l’Ukraine par les Russes, un petit livre évoque cette résistance créative et vivante du journalisme indépendant : Ils font vivre les journalismes en Russie (éditions Les petits matins). Johann Bihr, journaliste et consultant, ancien responsable du bureau Europe de l’Est et Asie centrale de Reporters sans frontières (RSF) en a dirigé la publication. Il répond aux questions d’Antoine Bellier.