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par bluetouff

OpSyria : BlueCoat admet maintenant la présence de ses produits sur le sol syrien

Le Wall Street Journal a publié cette nuit un très instructif article revenant sur l'affaire qui occupe la rédaction de Reflets, Telecomix et FHIMT depuis plusieurs semaines. Dans les épisodes précédents, nous mettions en évidence la présence d'équipements, des proxy filtrants destinés à la censure du web syrien et à la traque des opposants (répression qui selon les Nations Unies a fait plus de 3000 morts civils), dont l'origine américaine ne faisait pour nous pas l'ombre d'un doute.

Le Wall Street Journal a publié cette nuit un très instructif article revenant sur l'affaire qui occupe la rédaction de Reflets, Telecomix et FHIMT depuis plusieurs semaines. Dans les épisodes précédents, nous mettions en évidence la présence d'équipements, des proxy filtrants destinés à la censure du web syrien et à la traque des opposants (répression qui selon les Nations Unies a fait plus de 3000 morts civils), dont l'origine américaine ne faisait pour nous pas l'ombre d'un doute. Il s'agit d'appliances de la gamme SG9000 du fabricant Blue Coat. Pour vous situer le contexte précis de cette affaire, ces faits nous ont interpellé car la Syrie est depuis plusieurs années sous embargo aux USA et vendre ce type de produit à un régime s'en sert de toute évidence à des fins de répression violente est inadmissible. Pour parfaire le décor, Reflets avait déjà le nez dans ce business de la mort binaire depuis février dernier et enquêtait sur la vente d'équipements d'interception à l'échelle de toute la Libye par Amesys... dont l'épilogue n'est toujours pas connu mais qui à l'instar de Blue Coat a bien finit par admettre non seulement la présence d'un centre d'écoute portant sur l'ensemble des communications internet en Libye, mais également qu'une collaboration plus ou moins officielle (à ce stade rien n'est clair)  entre les services français et libyens puisque la DRM (Direction du Renseignement Militaire) a pris part à l'installation du matériel et à la formation des équipes libyennes.

Suite à nos premières publications, et surtout à notre publication de 54 Go de logs de la censure syrienne émanant des SG9000 de Blue Coat, l'entrepriseavait réfuté sur Slashdot jusqu'à la présence de ses appliances sur le sol syrien, ce avec un certain cynisme... un démenti qui nous avait particulièrement agacé et que nous avons pris soin de démonter point par point dans cet exposé un peu technique, exposé accessible en version anglaise ici (US), mais que nous estimons très difficilement contestable. Même le Département d'Etat américain a finit par mettre son nez dans cette affaire.

Et effectivement, Blue Coat ne conteste plus... même plus sur Slashdot d'ailleurs. En fait le constructeur californien change même assez radicalement de discours et commence à donner des détails assez intéressants sur le pourquoi du comment de la présence de ses produits en Syrie. On apprend ainsi que ce sont en fait 14 de ces appliances, pour un marché de 700 000 $, qui ont été livrées aux Emirats Arabes Unis et qui auraient atterri on ne sait trop comment en Syrie (enfin plus exactement 13 car si 14 ont bien été livrées, ce qui est arrivé à la 14e n'est pas du tout clair). En tout, depuis 2005, ce sont 25 appliances Blue Coat qui seraient arrivées sur le sol Syrien. Blue Coat qui se défend d'avoir cherché à contourner l'embargo, nous fait le coup du "gogogadgeto-intégrateur" affectueusement nommé chez nous une "Qosmoserie », confie cependant que ces équipements livrés à un intégrateur situé à Dubai (c'est là que ça va devenir passionnant mais nous vous en reparlerons un peu plus tard, promis) étaient pour lui destinés au ministère des communications irakien. L'entreprise californienne, par la voix de sa direction, dit coopérer avec les autorités américaines dans l'enquête visant à déterminer comment ses produits ont pu arriver en sol syrien. Et là dessus, Reflets a évidemment sa petite idée.

Le Wall Street Journal revient ensuite sur la nature des sites d'opposition censurés en Syrie et révèle l'utilisation d'un autre produit de Blue Coat dans ce pays, PacketShaper, et d'une solution logicielle, toujours de Blue Coat, utilisées sur les ordinateurs personnels K9 Web Protection, interagissant avec les bases de données de filtrage de Blue Coat. Cette solution pourrait elle aussi violer l'embargo américain sur la Syrie et dans le doute, Blue Coat aurait interrompu la validité des licences de ce produit en Syrie, par principe de précaution selon ses propos.

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