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par Antoine Champagne - kitetoa

Tunisie - France : Wikileaks impose quelques questions

On a beau chercher sur le site Lemonde.fr, il y a un câble publié par Wikileaks qui ne semble pas avoir retenu l'attention des très grands journalistes experts chargés de faire le tri à la place des lecteurs. Celui dans lequel l'ancien ambassadeur français en Tunisie est pointé du doigt : ---------------------- Tale of Corruption I: The French Connection? ---------------------- 4. (C/NF) Asked whether he had also been in touch with other western embassies, XXXXXXXXXXXX said that he had not.

On a beau chercher sur le site Lemonde.fr, il y a un câble publié par Wikileaks qui ne semble pas avoir retenu l'attention des très grands journalistes experts chargés de faire le tri à la place des lecteurs. Celui dans lequel l'ancien ambassadeur français en Tunisie est pointé du doigt :

----------------------
Tale of Corruption I:
The French Connection?
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4. (C/NF) Asked whether he had also been in touch with other
western embassies, XXXXXXXXXXXX said that he had not. He had
avoided reaching out to the French, in particular, arguing
that Ambassador Degallaix is seen as Ben Ali's Ambassador to
French President Sarkozy, not vice versa. In addition,
XXXXXXXXXXXX alleged that the GOT has improperly given
Ambassador Degallaix a villa, which is registered in his
daughter's name, on rue Sidi Dhrif, near the President's own
residence. He did not offer any evidence of this alleged
corruption or explain how this knowledge came to him.

A tout le moins, ce câble justifierait une ou deux questions des journalistes experts auprès du ministère des affaires étrangères pour éclaircir les allégations rapportées. Michèle Alliot-Marie, notre ministre des affaires étrangères, si prompte à proposer l'envoi de policiers anti-émeutes en Tunisie, proposerait sans doute immédiatement l'envoi d'enquêteurs pour établir si ce qui est décrit dans le câble est pure fantaisie ou non. Si l'on ne retient que le passage selon lequel M. Degallaix serait l'ambassadeur de Ben Ali auprès de Nicolas Sarkozy et pas l'inverse, on peut utilement se remémorer les déclarations passées de Nicolas Sarkozy pour comprendre combien Zine el-Abidine Ben Ali doit craindre le jugement sévère du président français sur sa gestion musclée du pays :

« personne ne peut se poser en censeur. Je viens d’un continent dont l’histoire, y compris l’histoire récente, recèle des tragédies abominables et je ne vois pas au nom de quoi je me permettrais (…) de m’ériger en donneur de leçons ».

C'est le commentaire décomplexé que Nicolas Sarkozy avait fait devant le président tunisien en avril 2008 lors d'une visite dans ce pays. On était loin de cette déclaration martiale du candidat Sarkozy à l'élection présidentielle lors du congrès de l'UMP le 14 janvier 2007 :

"je ne crois pas à la "realpolitik" qui fait renoncer à ses valeurs sans gagner des contrats. Je n'accepte pas ce qui se passe en Tchétchénie, au Darfour. Je n'accepte pas le sort que l'on fait aux dissidents dans de nombreux pays. Je n'accepte pas la répression contre les journalistes que l'on veut bâillonner. Le silence est complice. Je ne veux être le complice d'aucune dictature à travers le monde".

Le silence est peut-être complice, les mots le sont aussi parfois...

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