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par Jean Cloadec

Tests hebdomadaires et centres de vaccination dans les écoles ?

Les écoles constituent à l’horizon de la rentrée scolaire 2021 la principale menace en termes de foyers de contamination

Une étude de l'Institut Pasteur reprise dans un rapport du Sénat alerte sur la place importante de l'école dans la transmission du Covid 19. Les sénateurs insistent pour que l'exécutif prépare la rentrée dès maintenant et anticipe le dépistage dans les écoles. De son côté, l’Académie de médecine vient de préconiser une vaccination obligatoire des 12-17 ans.

École d'hier, école d'aujourd'hui... - © Reflets - CC

Comment préparer la rentrée et éviter que les écoles ne deviennent des clusters conduisant à des fermetures de classes et au pire à l’ensemble des écoles ?

Le rapport de la mission d’information chargée d’évaluer les effets des mesures de restriction du Sénat intitulé « Recommandations relatives à la stratégie vaccinale » (déjà évoqué par Reflets ici) demande que des mesures énergiques soient anticipées.

« Le Covid a toujours été traité de manière désinvolte par le ministre de l’Education, tacle un sénateur. Le dépistage a été retardé puis s’est avéré un fiasco. Il faut désormais que la crise soit anticipée et qu’on prépare dès maintenant la rentrée. »

L’étude conjointe de l’Agence Nationale de Santé, l’Inserm et de l’Institut Pasteur s’alarme : « La situation des enfants et adolescents, qui devraient être peu vaccinés cet automne, est une source d’inquiétude. En cas de reprise de l’épidémie, le contrôle de la circulation virale dans les écoles, collèges, lycées pourrait être nécessaire pour diminuer la pression sur le système de santé. Cela expose les enfants et adolescents au risque d’être soumis à de nouvelles mesures de contrôle en milieu scolaire, qui ont un impact délétère pour leur éducation et santé mentale. La vaccination de cette population les protégerait contre ce risque. »

S’appuyant sur cette étude, la commission sénatoriale constate : « Maintenir les admissions à l’hôpital à un niveau substantiellement inférieur à celui de la deuxième vague sans prendre de mesures de restriction de liberté suppose de parvenir à des taux de vaccination élevés aussi bien chez les 12 à 17 ans que chez les 18 à 59 ans. Dans tous les cas de figure, un taux de vaccination inférieur à 50 % des 12-17 ans oblige à recourir aux mesures non-pharmaceutiques (gestes barrières et restrictions, NDLR) pour éviter de renouer avec les taux d’occupation hospitalière des deux premières vagues. »

Le rapport préconise un dépiste hebdomadaire en milieu scolaire à l’aide de tests salivaires. « Ainsi, dans la mesure où les écoles constituent à l’horizon de la rentrée scolaire 2021 la principale menace en termes de foyers de contamination et où la couverture vaccinale n’est à ce jour ouverte qu’aux enfants de plus de 12 ans, une politique de dépistage volontariste constituerait un complément efficace à la vaccination comme mesure d’endiguement de la quatrième vague à venir, sans pour autant menacer l’assiduité scolaire », écrivent les sénateurs.

Ils s’appuient sur l’étude scientifique qui estime qu’un dépistage hebdomadaire auquel participerait 75% des non vaccinés dans les écoles réduirait entre 35 et 60% le nombre de cas. « Dans une population partiellement immunisée par une infection antérieure, et où seuls les enseignants sont vaccinés, l’auto-test hebdomadaire avec une adhésion suffisamment importante est capable de prévenir largement les cas tout en minimisant les fermetures de classes. Avec une couverture de 50 % chez les enseignants, si 75 % des personnes non vaccinées participent au test, un dépistage itératif réduirait le nombre de cas de 35 % dans l'école primaire et de près de 60 % dans l'école secondaire étudiée s'il était effectué chaque semaine, dans un scénario avec R=1,2 (Le R effectif étant le nombre de personne qu’un cas contamine, NDLR). »

Un sénateur, Bernard Jomier, va même plus loin que ce qui figure dans le rapport des sénateurs : « Il faut une stratégie volontariste en envisageant l’hypothèse de vacciner les jeunes de 12 à 17 ans directement dans les établissements scolaires. Cette vaccination pourrait être soit sur la base du volontariat, soit obligatoire, si l’obligation vaccinale était décidée par l’exécutif pour cette tranche d’âge. »

Blanquer se montre réticent à cette hypothèse d’une vaccination dans les établissement qui désorganiserait la rentrée des classes et souhaite que « les 12-18 ans se vaccinent pendant les vacances », ainsi qu’il le déclarait sur LCI.

L’Académie de médecine enfonce le clou - et la seringue - en préconisant la vaccination obligatoire des 12-17 ans, après avoir déjà recommandé celle de tous les adultes. Dans un communiqué, elle estime que « l’obligation vaccinale contre la Covid-19 constitue la seule option réaliste en termes de responsabilisation personnelle et d’engagement solidaire permettant de préserver sa santé, celle des autres et de parvenir à l’immunité collective. »

Pour que la 4ème vague qui s’annonce à la rentrée soit une vaguelette, les vacances ne s’annoncent pas de tout repos au ministère de l’Education nationale.

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