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par Antoine Champagne - kitetoa

Reflets poursuivi par Altice : la liberté d’informer menacée

Le groupe de Patrick Drahi tente de contourner le droit de la presse

Notre journal est assigné devant le tribunal de commerce en référé. Altice souhaite le retrait des articles déjà publiés et l’interdiction pour Reflets, et donc pour toute la presse, de pouvoir consulter les documents publiés sur Internet par le groupe de ransomware HIVE.

Aidez-nous à contrer les procès bâillon

Altice Group Lux S.à r.l., Altice France et Valais Management Services (le Family Office de la famille Drahi) ont assigné Rebuild.sh (la société qui édite Reflets.info) en référé devant le tribunal de commerce de Nanterre. L’audience est fixée au mardi 27 septembre. Les sociétés du groupe Altice souhaitent que le tribunal de commerce ordonne à Rebuild.sh de supprimer, sous astreinte de 500 euros par jour de retard, trois articles de Reflets.

Le groupe réclame que nous supprimions les données issues du piratage par le groupe de ransomware HIVE dont nous aurions éventuellement copie, et souhaite également « interdire à Rebuild.sh la publication ou la diffusion de tout contenus se rapportant aux données piratées, interdire à Rebuild.sh d’accéder aux données piratées par le groupe HIVE ou de les télécharger».

En nous assignant devant le tribunal de commerce, Altice tente de contourner le droit de la presse et nous attaque sur la base de la nouvelle loi sur le secret des affaires qui avait fait couler beaucoup d’encre à l’époque de son vote. En outre, Altice a évidemment porté plainte contre X pour pour atteinte à un système de traitement automatisé des données et tentative d'extorsion. Ce qui est plus étonnant, c’est que même si la plainte est contre X, Altice nous vise directement dans son courrier au procureur de la république près le tribunal judiciaire de Paris afin que notre responsabilité soit recherchée, au même titre que celle du groupe de pirates HIVE… La confusion entre journalistes et pirates est incongrue.

Ces documents sont en libre accès sur Internet depuis le 25 août, lorsque les pirates les y ont publiés. Ces procédures visent à interdire à la presse de s’appuyer sur des documents rendus publics, au motif que l’entreprise s’oppose à leur diffusion. Un peu comme si une société demandait au tribunal de commerce d’interdire à la presse d’utiliser sa fiche Wikipedia au motif que le contenu lui déplairait.

Au delà de Reflets.info, c’est toute la presse qui est visée. L’idée visant à interdire aux journalistes de faire leur métier est paradoxale pour un groupe (Altice) qui détient autant d’organes de presse (L’Express, BFM, i24News,…). Que dit cette attaque contre la liberté de la presse de la conception de notre métier par les dirigeants d’Altice ?

Existerait-il des vérités bonnes à dire et d’autres à garder secrètes ? Les journalistes Tech de BFMTV ne pourraient donc pas parler du piratage subi par sa maison-mère ? Le Figaro ne pourrait pas évoquer des affaires liées à Dassault ? Les Echos devraient s’interdire de parler de LVMH si les nouvelles ne sont pas positives ? Ce serait ainsi une presse auto-censurée en permanence, qui se dessinerait.

Derrière une telle presse se profile une lourde attaque contre la démocratie et son exercice par les citoyens. Les journalistes sont en effets des passeurs d’informations. Qui plaisent ou pas aux puissants comme aux citoyens.

Les faits rapportés par notre journal sont des informations d’intérêt public qui permettent aux citoyens d’exercer leurs choix de manière éclairée, en disposant de toutes les données nécessaires. La presse est un outil de la démocratie, pas un quatrième pouvoir. Il faut la préserver.

La presse indépendante est par nature dépendante de ses lecteurs. Ils sont les seuls à pouvoir lui donner les moyens d’exister. Nous comptons sur vous pour nous aider à faire face à ceux qui voudraient nous rendre silencieux. L'objectif de ces attaques est clairement de museler la presse. Nous avons ouvert une cagnotte en ligne qui permettra de régler les frais de procédure. Un procès, même gagné coûte cher. Les frais engagés pour notre défense ne nous seront pas remboursés (au mieux une infime partie). Nous avons pour l'instant fait face à un premier procès en diffamation sur les fonds de Rebuild.sh mais nous ne pourrons pas assurer le coût de trois procès. Nous lançons donc un crowdfunding pour nous permettre de contrer ceux qui veulent nous faire taire par des procès bâillon.

Un crowdfunding pour soutenir Reflets.info

Soutenez Reflets.info face aux procédures-bâillons

Une collecte a été ouverte pour assurer de quoi nous défendre face à Altice, le groupe de Patrick Drahi. Chaque don est déductible d'impôt, à hauteur de 66% du montant. Après déduction fiscale, un don de 100€ vous reviendra à 44€.

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