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par Eric Bouliere

Reflets dans l’eau, et articles de plage…

Météo des plages : Pavillon Bleu à la Rochelle mais contamination fécale à Aytré !

Aux lendemains de la parution de notre enquête sur l’interdiction de baignade en baie d’Aytré, plusieurs articles de presse locale ont suivi. L’information se souhaitant plurielle, la qualité des plages Rochelaises y fut traitée sous l’angle du palmarès Pavillon Bleu 2022. Rien de tel qu’une sympathique actualité pour voir le fond de l’eau en rose…

Deux façons de voir les choses : plage bleue ou colère rouge ? - Reflets

Le 16 mai dernier, Reflets s’est interrogé sur la contamination bactérienne frappant l’une des plus longues plages de la côte Rochelaise. Rappelons que les autorités ne sont parvenues à déterminer ni les sources, ni la cause d’une pollution qui dure depuis des décennies. Un détail cependant, cette plage se situe dans l’environnement immédiat de la zone portuaire de La Rochelle, et donc, à quelques encablures de la plage des Minimes labellisée Pavillon Bleu. De quoi applaudir cet exploit non ? C’est bien de cela dont s’est chargée la presse quotidienne et régionale dans ses échos en date du 17, 18 et 27 mai : il s’agissait donc là de célébrer les plages ayant obtenu le label Pavillon Bleu pour la saison 2022 (Infos et Palmarès ici)

Encore faut-il entendre que cette labellisation ne semble pas faire l’unanimité. Ainsi sur la cote basque, à Anglet, on y voit « l’occasion dune visibilité nationale et internationale, pour faire d’Anglet une destination de choix pour les touristes et vacanciers » ; mais à contrario le syndicat mixte de gestion des baignades landaises refuse d’adhérer au pavillon « parce qu'il n’est pas un label spécifique à la gestion de la qualité des eaux de baignade, que les exigences du syndicat vont bien au-delà des garanties du Pavillon bleu, qu’il ne garantit pas un système de gestion quotidien spécifique, ni une information rapide et transparente ». Au final, selon les cas et les circonstances, certains élus participent à l’opération quand d’autres refusent délibérément de se porter candidat. Quelquefois par désintérêt global, mais parfois aussi pour des raisons financières car l’obtention du label nécessite une participation de la commune.

Bref, à l’heure d’accueillir les touristes une plage cataloguée Pavillon bleu fait toujours meilleur effet qu’une baie lourdement contaminée. Alors évitons d’évoquer ici le cas d’Aytré, et rassurons-nous avec l’histoire de la lorgnette que l’on tient du côté du verre à moitié plein de bactéries dans les colonnes d’eau ou de journaux. Voici en quelques lignes et images, l’avis des uns contre la vie des autres…

Article du journal Sud Ouest  paru le 17 mai. - Capture d'écran
Article du journal Sud Ouest paru le 17 mai. - Capture d'écran

L’avis de Sud Ouest:

« Comme l’an passé, la Charente-Maritime affiche 12 plages estampillées Pavillon bleu, ce label récompensant les collectivités pour leur bonne gestion environnementale de leurs points de baignade. Un changement est à noter et il concerne la ville de La Rochelle : la plage des Minimes intègre la liste quand la plage de la Concurrence en sort. Dans la capitale départementale, la plage de Chef-de-Baie conserve le label créé en 1985 par l’association Teragir ».

La réaction des internautes :

De Ano 1398663 :

« La plage de la concurrence a déjà été pavillon bleu ? Une blague au milieu des canettes de bière et des seringues ! Plus toute la matière fécale des plaisanciers… que du bonheur. Chef de baie aussi, pas mal avec les rejets des sociétés alentour. »

De Léonardo 26 :

« Est-ce que les pavillons sont toujours attribués en fonction du don à l’association ? Il en a été question à une époque… »

Article du journal Sud Ouest paru le 18 mai - Capture d'écran
Article du journal Sud Ouest paru le 18 mai - Capture d'écran

L’opinion de Sud-Ouest:

« À La Rochelle, la plage des Minimes a glané ce label contrairement à la plage de la Concurrence, qui paie une moindre qualité de l’eau. Une de plus, une de moins, les comptes sont bons. La plage de la Concurrence n’a pas conservé son label Pavillon bleu, la liste ayant été dévoilée mardi 17 mai matin. La raison est simple, la Ville n’a pas fait la demande car la qualité de l’eau en cette zone ne permettait pas l’attribution de ce label. Les relevés ont constaté une dégradation par rapport à 2021. _Nota bene, pour qu’une plage soit retenue pour ce label, les communes doivent s’acquitter d’une somme. Pour une ville comme La Rochelle (environ 77.000 habitants), 2.270 euros sont à payer par plages présentées. Ces raisons financières expliquent aussi que le dossier de la Concurrence n’ait pas été déposé. A contrario, la plage des Minimes montre d’excellentes données de qualité de l’eau_ ».

L’opinion de Reflets :

Les comptes sont bons ? Une de plus, une de moins, et restons bons amis ! Quelle étrange façon de regarder le bleu de la mer. Pour l’explication, ou pour -la raison toute simple- de ne pas avoir réussi à conserver le label sur la plage de la Concurrence, il suffirait donc de s’orienter vers des -raisons financières- ? Il est vrai que 2.270 € c’est une sacrée somme d’argent à débourser pour une ville comme La Rochelle. Pour info, en 2019, les autorités du port des Minimes auraient déjà réfuté l’utilité et le coût de ce label qui «ne sert à rien », car « nous n’avons pas d’argent à gaspiller » alors que ce pavillon « n’est pas une référence nautique » et que « Je n’ai jamais entendu un plaisancier s’y référer ! ». C’est dit. Cette année l’honneur est sauf puisque l’eau au sortir du port est jugée excellente.

Article du Parisien.fr, édition 17,  paru le 27 mai - Capture d'écran
Article du Parisien.fr, édition 17, paru le 27 mai - Capture d'écran

Le ouï-dire du Parisien.fr :

« Selon la ville de La Rochelle interrogée par le quotidien Sud Ouest, aucun dossier n’aurait été déposé cette année. La qualité des eaux n’y serait pas suffisante pour obtenir le fameux label. D’autant que le dépôt d’un dossier de demande de labellisation représente un coût pour les collectivités : de 910 à 2.520 euros par commune selon leur nombre d’habitants. Pour la plage de la Concurrence, La Rochelle a ainsi choisi de faire l’impasse en 2022 ».

Les certitudes de Reflets :

Selon les termes de l’association Teragir « Le Pavillon Bleu est une campagne de sensibilisation à l’environnement. Il récompense les communes pour leurs efforts en faveur d’un tourisme durable ».

L’initiative est heureuse mais ce label, payant, n’a toutefois aucune valeur contraignante. Il revient en effet aux communes de candidater, ou non, selon leur bon vouloir. À La Rochelle deux plages sont donc labellisées (Les Minimes et Chef de baie) alors qu’une troisième (La Concurrence) se voit exclue des débats sur une auto-décision des autorités locales. Le drapeau à hisser ne serait-il pas plus probant si les responsables désignés tenaient davantage compte de la couleur de l’océan au quotidien, plutôt que du bleu d’un palmarès ? Alors à quand une qualité des eaux de baignade plus officiellement contrôlée sur toute la côte Rochelaise, et rêvons un peu, à quand un Pavillon Bleu hissé sur la plage d’Aytré pour réveiller les consciences ?

la plage contaminée d'Aytré, un jour peut-être... - Reflets
la plage contaminée d'Aytré, un jour peut-être... - Reflets

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