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Édito
par Antoine Champagne - kitetoa

Qosmos - Amesys : l'art de prendre le reste du monde pour des cons

Prendre le reste du monde pour un con, c'est une attitude que l'on rencontre souvent. Prenez le secteur financier... Il précipite le monde dans un chaos pathétique en sifflotant et en engrangeant des bonus. Ça dure depuis des années et ça passe. Sans doute en raison de la complexité organisée de ses métiers. Personne n'y comprend plus rien. Du coup l'analyse critique est complexe et peu de gens s'y risquent. Les financiers stigmatisent facilement ceux qui la tentent, en noyant le poisson.

Prendre le reste du monde pour un con, c'est une attitude que l'on rencontre souvent. Prenez le secteur financier... Il précipite le monde dans un chaos pathétique en sifflotant et en engrangeant des bonus. Ça dure depuis des années et ça passe. Sans doute en raison de la complexité organisée de ses métiers. Personne n'y comprend plus rien. Du coup l'analyse critique est complexe et peu de gens s'y risquent. Les financiers stigmatisent facilement ceux qui la tentent, en noyant le poisson. Mais parfois, ça ne passe pas.

Trop gros. Et le bon sens près de chez vous permet aisément de comprendre que l'interlocuteur nous prend pour des cons.

Amesys s'est trouvée dans cette position lorsqu'il lui est devenu impossible de nier qu'elle avait vendu à un terroriste notoire un outil de surveillance de la population. Ce fut l'occasion d'un communiqué de presse mémorable avant fermeture du site Web de l'entreprise et grand nettoyage des argumentaires marketing.

On a aussi vécu avec un mélange d’hilarité et de tristesse la fameuse sortie de son directeur commercial Bruno Samtmann, qualifiant les personnes écoutées par Kadhafi de pédophiles et de terroristes alors qu'ils étaient de simples opposants devenus ministres ou ambassadeurs après la chute du dictateur.

 

Aujourd'hui, Qosmos nous explique benoitement qu'elle n'avait aucune idée de ce à quoi allaient servir les technologies qu'elle apportait au consortium livrant un système d'écoute à Bachar el-Assad.

Ben voyons.

Dites, Thibaut Bechetoille, vous ne croyez pas que vous dépassez les limites du ridicule acceptable pour toute personne dotée d'un minimum de bon sens  ?

Posons les choses en termes simples, compréhensibles, même par un marchand d'armes numériques dénué de tout sens moral ou éthique (ce qui n'est pas le cas bien entendu des patrons d'Amesys ou de Qosmos, mais il y en a) pour qui le business prime sur toute autre chose :

A qui peut-on vendre, pour des contrats conséquents (pas juste une sonde ici ou là), un système d'écoute global de la population ? Réponse : pas à une démocratie. Restent les dictatures et les Etats policiers.

Deux catégories connues pour leurs arrestations arbitraires des opposants au régime et pour l'utilisation de la torture comme méthode de discussion avec lesdits opposants.

A quoi peuvent bien servir ces plugins de Qosmos ? A écouter les oiseaux chanter ?

M. Bechetoille, M. Vannier, lorsque vous vendez, directement ou indirectement à un Mouammar Kadhafi, un Abdallah Senoussi, un Bachar el-Assad un système d'écoute de la population, pouvez-vous vraiment affirmer, sans rigoler, très sérieusement, que vous ne saviez pas comment il allait l'utiliser ?

Franchement, prendre le reste du monde pour des cons à ce point, ça se voit trop.

Comme une grosse tâche de sang sur le mur d'une salle de torture libyenne ou syrienne.

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