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par Antoine Champagne - kitetoa

Où est l'étincelle ?

Question sans réponse à ce jour : quel est le seuil de tolérance des peuples ? A partir de quel moment précis, de quelle minute, de quelle seconde, un peuple décide que finalement, le contrat social qu’il acceptait jusque là n’est plus tolérable ? Ou, plus honoré par l’autre partie, celle à qui il délègue son pouvoir. Et corolaire, quelle est l’étincelle qui déclenche une révolution ?

Question sans réponse à ce jour : quel est le seuil de tolérance des peuples ? A partir de quel moment précis, de quelle minute, de quelle seconde, un peuple décide que finalement, le contrat social qu’il acceptait jusque là n’est plus tolérable ? Ou, plus honoré par l’autre partie, celle à qui il délègue son pouvoir. Et corolaire, quelle est l’étincelle qui déclenche une révolution ?

Il y a bien les actions souterraines que l’on découvre des années après et montrent que ce genre de chose n’est pas « spontané ». Mais peu importe. Le résultat est là, tout un peuple se soulève et dit « stop ».

Dans la chaleur et la torpeur de l’été, les « nouvelles » semblent passer inaperçues et les peuples sont particulièrement calmes et silencieux. Visiblement, le seuil de tolérance n’est pas encore dépassé. L’étincelle toujours pas là.

L’Espagne est en passe de devenir le nouveau domino à terre de l’Union Européenne. Personne n’a les moyens de la sauver, encore moins l’Italie qui sera le prochain pays sur la liste avant la France. Si le reste du monde ne s’est pas écroulé avant. Car les faillites bancaires à venir pourraient avoir de sérieuses répercussions ailleurs. De même, le bilan de la BCE devrait commencer à affoler les peuples.

Tout cela est le résultat de la gestion des affaires de la cité à l’échèle européenne. Les politiques qui auraient pu désarmer les marchés il y a belle lurette n’en ont rien fait. Ni même n’en parlent à ce stade alors que le monde s’écroule autour d’eux et qu’ils le savent parfaitement. S’il fallait chercher des responsables de cette crise financière, il serait simple de pointer les politiques ou le secteur de la finance. Pourtant, les principaux responsables sont sans doute les peuples qui ont accepté et continuent d’accepter les décisions ou l’absence de décisions des politiques.

Sale temps

De l’autre côté de la Méditerranée, Bachar el-Assad continue de massacrer. Cet homme qui était l’invité de Nicolas Sarkozy pour le 14 juillet. Ce tyran qui l’était à l’époque comme il l’est aujourd’hui, le nombre de meurtres à son actif étant juste moins important. Pourtant, sachant cela, notre ancien président, via Ziad Takieddine, a tout fait pour se rapprocher de Bachar el-Assad et de Mouammar Kadhafi. Deux dictateurs sanglants notoires.

Ne cherchez pas, cette époque n’est pas révolue, le changement, ce n’est pas pour tout de suite. François Hollande a reçu en moins de 100 jours le roi du Maroc (le mouvement du 20 février appréciera), le roi de Bahreïn (Najib Rajab appréciera), le premier ministre du Qatar, le fils du roi d’Arabie saoudite, le roi de Jordanie et le prince héritier d’Abu Dhabi. Tous pays connus pour leur souci du respect des Droits de l’Homme. Et pour leur goût prononcé pour les technologies de surveillance globale vendues notamment par Amesys.

En Russie, trois punkettes membres du groupe Pussy Riot sont condamnées à deux ans de camp pour avoir poussé la chansonnette contre le dictateur local dans une église. A l’époque soviétique, seule la condamnation aurait été plus longue, mais pour ce qui est de bafouer les Droits de l’Homme, le régime de Vladimir Poutine se pose là. Ceci dit, ce n’est pas une découverte et le triste épisode de l’été n’en est qu’un révélateur de plus.

Plus près de nous, un homme s'immole devant les locaux de la CAF et cela ne provoque que quelques entrefilets dans la presse...

Continuons notre voyage de l’été… Un petit saut en Afrique du Sud où la police a froidement abattu 34 mineurs grévistes. Le président sud-africain a expliqué benoitement que « ces événements ne sont pas ce que nous voulons voir dans une démocratie régie par la loi ».

Sans blague ?

Ça fait un moment qu’il se passe plein de choses « que nous ne voulons pas voir dans une démocratie régie par la loi ». Et ça commence à se voir dangereusement.

Quant aux peuples, ils en pensent quoi de tout ça ?

Est-ce qu’ils pensent que ceux qui devraient se retrouver derrière les barreaux, ce sont des politiques comme Nicolas Sarkozy et ses grognards, qui ont tant œuvré auprès de dictateurs notoires ou comme Vladimir Poutine (que Nicolas Sarkozy avait félicité avec tant de cœur pour sa réélection) qui vient d’avouer avoir préparé la guerre en Géorgie en 2007 (que Nicolas Sarkozy s’était vanté d’avoir réglée) et qui soutient Bachar el-Assad ? Ou bien les punkettes qui chantent dans les églises ?

Ils pensent que c’est normal de voir des familles jetées dehors de leurs appartements en Espagne, par Bankia, une « banque » sauvée in-extremis par… les mêmes contribuables qu’elle met à la rue, probablement pour les punir de ne pas avoir pointé du doigt les conneries faites par la direction de la banque quand il était encore temps ?

Ils pensent que l’on doit expulser les Roms de leurs campements plutôt que de trouver des solutions durables pour améliorer leur situation ? Ou bien que l’on doit continuer à sauver des financiers gavés aux bonus alors qu'ils plongent allègrement le monde dans le chaos ?

Elle est où l’étincelle ?

Reste également à savoir ce qui remplacerait le système actuel. Car ce qui vient après, est rarement mieux…

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