Manifestation contre la proposition de loi sécurité globale du 5 décembre 2020
La préfecture choisit la stratégie de la tension
La manifestation du 5 décembre a été encadrée pendant tout son parcours par une nasse mobile. A de très nombreuses reprises, le cordon de gendarmes qui barrait la route du cortège l'a stoppée, provoquant d'inutiles tensions. Une stratégie déjà éprouvée avec les Gilets jaunes.

Pour une grande partie des Français, la manifestation de samedi 5 décembre a été « la chienlit » (Bruno Retailleau, LR), une succession de violences, de dégradations, bref, le libre champ laissé aux casseurs qui, à en croire les chaînes de télévision d'information en continu, ont composé la majeure partie de la manifestation. A nouveau, il semble que les journalistes des chaînes d'information en continu et nous, ne fassions pas le même métier, pire, nous n'avons pas le même cerveau et les mêmes yeux. Car ayant rejoint le point de départ de la manifestation à 13h30 et l'ayant suivie en tête de cortège jusqu'à République le soir, nous n'avons vu aucun casseur.
Cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas eu de casseurs et de dégradations. Cela veut dire que ces actes ont eu lieu en périphérie de la manifestation, que c'est un épiphénomène dans une manifestation qui a duré 14h à 18h, soit quatre heures, pour un parcours qui prend 45 minutes à pieds. Cela veut dire que la majorité des manifestants, était pacifique. Cela veut aussi dire que le chiffre de 400 à 500 casseurs avancé par la préfecture est probablement surévalué. Il n'y avait pas ce nombre lors de manifestations autrement plus violentes pendant la période très active des Gilets jaunes. La préfecture avait à nouveau prémédiqué la presse en annonçant la venue de très nombreux Black bloc.
Bref, les images ont trompé l'opinion. Dans leur immense majorité, les manifestants (5.000 selon la préfecture) étaient pacifiques. L'image que retiennent les Français ? Celle d'un gigantesque délire de casse, de voitures brulées et même, d'un policier en feu. Imaginez le niveau de « fakenewsitude » atteint, pour que BFMTV soit amenée à faire du fact-checking...
Le chiffre de 5.000 manifestant semble lui aussi farfelu. Si les forces de l'ordre déployées étaient au nombre de 6.000, cela voudrait dire 1,2 policier pour un manifestant... Cela pose une autre question essentielle : à quoi servent les forces de l'ordre du préfet Lallement ? Si 6.000 policiers sont incapables de contenir 400 casseurs, à quoi servent-ils ? A quoi sert le camion ultra-moderne du CNOEIL déployées hier ? A quoi servent les nombreux policiers en civil infiltrés le long du parcours croisés à de nombreuses reprises ? Qu'est-ce que cela dit sur les capacités du préfet ?
D'autant que la préfecture avait choisi comme tactique, un « encadrement », au sens propre, complet de la manifestation. Une sorte de nasse géante, entourant toute la manifestation et bougeant en même temps. Ce dispositif explique la durée particulièrement longue de la manifestation. Un cordon de gendarmes bloquait l'avancée du cortège et donnait le tempo. Arrêts fréquents qui contribuaient à la montée des tensions, départ retardé, gendarmes le long des trottoirs, tout était démesuré et générateur de tensions.
Cet « encadrement » était complété par des forces policières (notamment les voltigeurs) dans les rues adjacentes. Mais cette tactique était tellement concentrée sur l'idée de gêner les manifestants, que le parcours de la manifestation n'était pas sécurisé correctement. A tel point qu'à de nombreuses reprises des automobilistes se sont retrouvés au milieu du cortège.























