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par Antoine Champagne - kitetoa

Les politiques, les journalistes, la sole et les autres dimensions

Il a toujours été fort compliqué de faire comprendre à une sole complètement plate qu'il existe une troisième dimension. Il est tout aussi difficile de faire comprendre à un politique qu'il est enfermé dans sa tour d'ivoire et que les gens ne le croient plus. Ou à un journaliste que ses sujets et le traitement de ses sujets ne passent plus auprès des lecteurs. Il faut dire que jusqu'ici, ça continuait de marcher. A chaque élection, les candidats du système continuaient de se faire élire.

Il a toujours été fort compliqué de faire comprendre à une sole complètement plate qu'il existe une troisième dimension. Il est tout aussi difficile de faire comprendre à un politique qu'il est enfermé dans sa tour d'ivoire et que les gens ne le croient plus. Ou à un journaliste que ses sujets et le traitement de ses sujets ne passent plus auprès des lecteurs. Il faut dire que jusqu'ici, ça continuait de marcher. A chaque élection, les candidats du système continuaient de se faire élire. A chaque campagne, les journalistes continuaient de traquer la moindre petite phrase, à faire croire à leur impertinence, à indiquer la voie aux électeurs. Mais cette fois, c'est un peu plus compliqué.

Les politiques continuent de croire qu'ils vont se faire élire, que les gens sont intéressés par ce qu'ils racontent et surtout, qu'ils vont pouvoir continuer de profiter du système. Ce système qui n'a qu'un seul but : se préserver lui-même. François Fillon pense qu'il n'a rien fait de mal en salariant sa femme et ses enfants. Et qu'il pourra continuer à le faire.

Les journalistes semblent tomber des nues : "il était l'homme intègre qui n'avait jamais été touché par un scandale". Ah ? Vraiment ? Tous les éditocrates semblent avoir oublié un peu vite que François Fillon a été le premier collaborateur de Nicolas Sarkozy pendant cinq ans. Et s'il a pu s’asseoir sur toutes les magouilles du clan sarkozyste, comment pourrait-il être choqué des 500.000 euros reçus par sa femme pour ses bons et loyaux services inexistants? Tout cela est très naturel, voyons. Tout le monde le fait d'ailleurs. N'est-ce pas là sa première défense ?

A gauche, Manuel Valls et Benoît Hamon sont des frères ennemis. Ils sont irréconciliables, nous expliquent les éditocrates. Il n'aura pas fallu attendre longtemps pour voir les ralliements intervenir. Notez, il y a tant de postes à assurer, tellement d'argent en jeu, le parti socialiste de sa gauche à sa droite, ne peut faire l'impasse. Vite, vite, un "rassemblement". Pour le bien de la nation et des Français bien entendu. Ou pour celui du PS et de ses politiques professionnels. Qui sait ? Et tous de croire que Benoît Hamon a une chance. Allez, on y va, comme en 2012, et hop, avec un peu de chance, on repartira pour cinq ans. Au PS, on semble incapable de voir qu'il y a une dimension dans laquelle les gens ont compris qu'après avoir tenté de tomber encore plus bas qu'avec François Hollande, on pouvait faire croire à un "rassemblement". Il n'y a pas une semaine, Malek Boutih, soutien de Manuel Valls,  estimait que Benoît Hamon était "en résonance avec une frange islamo-gauchiste". Pas moins. Les islamo-gauchistes, ce terme chéri de la fachosphère dans la bouche d'un homme estampillé à gauche. Il ne manquait plus que ce genre de choses pour finir de faire comprendre à Paulo à quel point PS avait sombré...

En attendant, Paulo, au Bar des amis, il éructe. Tous ces politiques, il ne croit plus un mot de ce qu'ils racontent, la preuve, Hollande a trahi après son élection. Macron ? C'est celui qui a fait la Loi du même nom et qui incarne le virage libéral de Hollande. Fillon ? Un mec qui file 500.000 euros d'argent public (les impôts de Paulo. Il est pas si con, Paulo...) à sa femme pour un travail fictif. Et même si elle a travaillé, Paulo, il sait qu'elle s'est bien moins emmerdée que lui à l'usine et que lui, il ne gagne pas 500.000 euros, même en vingt ans. Et Paulo, il écoute les journalistes. Ou il les lit. Et il faut bien le dire ici, Paulo, il s'en tamponne le coquillard des considérations sur la dette, le chômage qui inverse sa courbe ou pas, le revenu universel qui n'en est pas un, l'inconnue Macron, l'inconnue si Fillon ne se présente pas. Paulo il sait désormais une chose et il le dit : tous pourris, politiques comme journalistes.

Quant à nous, il nous reste à prier pour que Paulo, il ne vote pas Marine, rien que pour essayer de démontrer aux politiques qu'il existe une quatrième dimension, la sienne, dont ni les uns ni les autres ne semblent pouvoir envisager l'existence.

 

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