La vie privée et le train de 17h49
Les défenseurs des libertés ont toujours un train de retard
Lorsqu'un projet de loi vous semble être la manifestation d'une dystopie, si vous pensez que des libertés individuelles sont attaquées par ce texte, partez du principe qu'il vient simplement légaliser une situation préexistante. Et inquiétez-vous de ce qui est déjà en cours, forcément pire.
La thématique de la vie privée revient sur le devant de la scène médiatique épisodiquement. Parfois à l'occasion d'un scandale comme celui de « Pegasus », parfois lorsque le législateur se penche sur un projet de loi. En ce moment, Pegasus revient à la Une avec un documentaire diffusé sur Arte et le barreau de Paris fustige dans un communiqué de presse la loi d’orientation et de programmation du ministère de la justice 2023-2027 qui prévoit, entre autres choses, la possibilité d'activer le micro et la caméra des appareils électroniques sans le consentement de leurs propriétaires. Le combo... Il n'en fallait pas plus pour que tous les défenseurs des libertés individuelles s'offusquent et que les papiers inspirés, écrits par les meilleurs journalistes spécialisés, fusent.
Avec Pegasus, le logiciel de la société NSO, les services de renseignement d'ici ou d'ailleurs pouvaient prendre possession d'un téléphone portable sans que la cible n'en ait conscience. La liste des cibles s'allonge toujours aujourd'hui. Bien malin qui pourrait savoir où elle se terminera. Les armes numériques ont un défaut : elles se retournent toujours contre leur créateur et on ne sait jamais où elles atterrissent. Nous avons longuement disserté chez Reflets au fil des années sur les migrations fantômes de ces armes. Elles sont achetées dans des pays développés, finissent dans les pays les plus fâchés avec les droits de l'homme. Soit parce que...