La cyberguerre : plus facile d’en parler que de la définir
Contrairement à ce que l'on peut lire, la cyberguerre, personne ne l'a vue et c'est tant mieux.
Elle va, elle vient, au gré des événements géopolitiques, surnage ici dans un article de presse, s’étale dans un autre, universitaire : la cyberguerre est partout. Mais d’où vient-elle ? Qui est-elle ? Le sujet est bien plus complexe qu’il n’y paraît. Tentons une définition… (spoiler, on n’y arrivera pas)
Science-fiction ? Réalité ? Nous avions posé la question à Fabrice Epelboin : la cyberguerre existe-t-elle ? . En fait, qui désire retracer les origines de la cyberguerre doit remonter le temps et revisiter la grande époque de l’espionnage, en pleine guerre froide. Novembre 1989, l’année se termine avec l’impensable: le mur de Berlin tombe. Avec lui, s’écroule un système sociétal qui a marqué le siècle: le communisme. Le bloc de l’Est qui s’est opposé violemment avec le camp occidental pendant près de soixante-douze ans va peu à peu s’effriter et se transformer. On connaît la suite de l’histoire qui culmine étrangement ces jours-ci avec la guerre déclenchée par la Russie en Ukraine.
Nous revoici donc à l’époque où les États-Unis et l’URSS s’échangeaient des espions sur des ponts, en Allemagne, au petit matin, dans la brume… Pour contrer l’URSS, les États-Unis disposent alors d’une foultitude d’agences, d’espions en tous genres. C’est ce que l’on appelle là-bas «la communauté du renseignement». Comme l’indiquait en septembre 2009, le directeur du renseignement nationalDennis Blair, les seize agences de l'«Intelligence Community» profitent d'un budget annuel de 75 milliards de dollars et emploient quelque 200.000 personnes dans le monde, y compris des entreprises privées. Si l’on considère le secteur privé qui travaille d’une manière ou d’une autre pour lesdites agences, les chiffres explosent littéralement : en 2010 le nombre de personnes disposant d’une...