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par Antoine Champagne - kitetoa

La confirmation du cynisme des banquiers est venue d'Irlande

Depuis des années, j'évoque l'incantation Vaudou des financiers lorsqu'ils ont plongé le monde dans une crise. Ils ont perdu ? Ils sont au bord de la faillite ? Ils se présentent devant les politiques et lâchent : "risque systémique". Ces deux mots suffisent pour que les politiques abdiquent tout bon sens et alignent les milliards pour sortir le secteur de la finance de l'abîme dans lequel ils s'est plongé tout seul. Cela peut paraître anecdotique. Ce ne l'est pas.

Depuis des années, j'évoque l'incantation Vaudou des financiers lorsqu'ils ont plongé le monde dans une crise. Ils ont perdu ? Ils sont au bord de la faillite ? Ils se présentent devant les politiques et lâchent : "risque systémique". Ces deux mots suffisent pour que les politiques abdiquent tout bon sens et alignent les milliards pour sortir le secteur de la finance de l'abîme dans lequel ils s'est plongé tout seul.

Cela peut paraître anecdotique. Ce ne l'est pas. Ces abîmes réguliers ne font pas que détruire quelques postes de traders. Ils embarquent le reste de la population mondiale dans un tourbillon de chômage, de stagnation économique. Ce sont des centaines de milliers d'histoires individuelles qui sont détruites. Vous, moi...

Nos vies sont bouleversées par le cynisme de grands financiers qui ne comprennent rien à ce que font leurs équipes, qui couvrent et appuient des décisions catastrophiques, génératrices de bulles. Or tout le monde sait dans le secteur de la finance que "les arbres ne montent pas au ciel". Des gains mirobolants se traduiront in fine par des pertes colossales. Dire ou écrire que les banquiers font tout cela en connaissance de cause, qu'ils savent à l'avance -et comptent dessus- que les gouvernement, au travers des banques centrales, couvriront leurs pertes avec les impôts des citoyens, c'est risquer de se faire cataloguer à l'extrême gauche. Un vrai communiste révolutionnaire, ce Kitetoa.

Oui, mais non...

La confirmation de cette théorie abracadabrantesque et extrémiste rouge est venue cette semaine d'Irlande. Comme pour Edward Snowden et PRISM, il aura fallu des preuves tangibles pour que tout le monde finisse par comprendre. Pourtant, ceux qui connaissent le monde de la finance savent très bien que l'incantation Vaudou existe depuis toujours. De même que ceux qui ont quelques notions de réseau et qui comprennent le DPI savent que les gouvernements ne résistent pas à l'attrait du gros gâteau au chocolat consistant à écouter toute la planète. Mais qu'importe. Allons voir ensemble ces preuves irlandaises. Elles vous sont présentées ici grâce à la vigilance d'un lecteur de Reflets qui nous a signalé un article de l'Independant.

D'où sortent les montants demandés aux banques centrales ? Du cul des banquiers...

En résumé, les enregistrements des conversations téléphoniques des patrons de l'Anglo Irish Bank ont été publiés. On y entend les patrons mettre en place une stratégie visant à mettre une terrible pression sur la banque centrale : donnez nous 7 milliards d'euros ou vous aurez tous nos déposants sur le dos en train de hurler. En clair, sauvez nous où vous payerez les pots cassés avec des manifestations violentes dans la rue. De plus, les patrons de la banque expliquent très clairement -et avec un langage ordurier- qu'ils savent très bien que les 7 milliards ne suffiront pas. Mais si la banque centrale donne ces 7 milliards, elle sera forcée de remettre au pot tant que la faillite menace. Mieux, les patrons expliquent qu'ils savent parfaitement que la banque ne pourra jamais rembourser ces sommes. D'où, vient le calcul de ces 7 milliards?  "De mon cul" répond le patron de la banque.

Bienvenue à Cynique Land.

Extraits choisis des échanges entre les larrons :

And by the way, the game has changed now because really the problem now is at their [regulators'] door. Because if they don't give it [€7bn] to us on Monday they have a bank collapse. If the fucking money keeps running out the door, the way it has been running out the door."

"We'll be going down there with our arms swinging. I'm very clear on the proposal"

"We need the moolah, you have it, so give it to us . . ."

"If you want the fucking keys now I can give them to you"

"We've got to make our best attempt to get the balance sheet looking in reasonable health"

"We all need that, just the seal of approval, y'know, having said all that, we're going to run out of money in a few months!"

"They think that Allied have played fast and loose with lending money to every cowboy in town – apart from ourselves also lending money to every cowboy in town – they think they've been the sensible bankers and the market just doesn't get it, Well I know differently".

Il faut bien entendu écouter l'ensemble des conversations pour mesurer la portée du cynisme affiché par ces banquiers.

Maintenant, voyons comment les autorités réagissent lorsqu'un citoyen s'énerve de voir qu'aucun financier n'a eu à répondre devant la justice de la crise des subprimes.

La craie, cette dangereuse bombe...

AuxEtats-Unis, Jeff Olson a choisi une forme amusante de contestation. Il a acheté des craies de couleur, généralement vendues pour que les enfants puissent dessiner de jolies choses colorées sur les trottoirs ou ailleurs. Et avec, il a décidé d'écrire des slogans à propos des banques devant les agences.

Que croyez-vous qu'il se passât ?

Les autorités décidèrent de le poursuivre pour vandalisme. Il risque 13 ans de prison (pourquoi pas la peine capitale ?) et 13.000 dollars en dommages et intérêts.

Moralité de notre petite fable du jour : il vaut mieux sortir des chiffres extravagants "de son cul" et escroquer les contribuables de centaines de milliards de dollars que d'écrire un slogan anti finance sur un trottoir à la craie. Ça coûte moins cher.

 

 

 

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