La censure comme réponse à la presse ?
Reflets et Mediapart dans le viseur de Maître Ingrain et de Patrick Drahi
Demain mercredi, Reflets sera devant le tribunal de Versailles tandis que Mediapart sera fixé sur son sort. Dans les deux cas, une censure préalable appliquée par des juges à la demande du même avocat.
Le 5 septembre dernier, nous commencions la publication d'une enquête sur l'empire de Patrick Drahi. Notre investigation part de la publication sur Internet de documents internes du groupe Altice et du Family Office de Patrick Drahi (l'entreprise qui gère ses investissements personnels). Le groupe de ransomware Hive a en effet diffusé ces informations après l'échec des négociations sur la rançon demandée après l'attaque. Très rapidement, Altice nous assignait devant le tribunal de commerce de Nanterre en invoquant une violation du secret des affaires. Dans son ordonnance, le juge écartait les demandes d'Altice, comme la censure a posteriori de nos articles. Il ne constatait aucune violation du secret des affaires. En revanche, il nous interdisait d'écrire à l'avenir sur Altice en nous basant sur ces documents pourtant désormais publics. Une censure préalable indiscriminée. C'est pour cette raison que nous avons fait appel. L'affaire sera jugée demain à 15 heures à la cour d'appel de Versailles. A la même heure exactement, le délibéré sera rendu dans l'affaire qui interdit à Mediapart de publier le moindre extrait d'enregistrements dévoilant les méthodes inssuportables de kompromat utilisées par le maire de Saint-Étienne, Gaël Perdiau. Trois points communs entre les deux affaires : la censure préalable d'enquêtes journalistiques, une instrumentalisation de la justice (éviter les chambres spécialisées en droit de la...