Hopium : après les vapeurs du mondial de Paris
Quand on lit ce qu’on lit et quand on sait ce qu’on sait…
Au sortir du dernier salon parisien, une presse peu regardante s’était mise à envisager un avenir radieux pour la planète automobile sur la bonne mine d’un prototype. Face à cette Mãchina d’Hopium les yeux s’embuaient, les esprits s’emballaient, et le cours de la bourse grimpait. Quatre mois plus tard, la belle histoire sent un peu le soufre…
À peine les portes du salon refermées, Reflets s’était penché sur le cas de cette voiture équipée d’une pile à combustible. Nous avions alors noté l’étrangeté structurelle d’une start-up pré-naissante que certains présentaient déjà comme un constructeur à part entière. Peu touchés par la grâce de sa carrosserie nous en étions restés à nous intéresser à la technique d’un véhicule qui, certes, roulait à l’hydrogène, mais aussi, et surtout sur la réserve financière du Crédit agricole.
Fallait-il être grincheux pour ne pas saluer la jeunesse d’une marque qui n’arrivait pourtant pas les mains vides au Mondial. Sous les sunlights du stand, on pouvait admirer un unique proto de près de deux tonnes, un jeune directeur-pilote ayant couru les 24 Heures du Mans, un ex-ministre des transports reconvertis dans les affaires, un banquier agitant un gros chèque virtuel d’1,2 milliard…
Le beau paquet se voyait même ficelé d’un bolduc d’avenir radieux comme la construction d’usines, dont l’une de 35 hectares basée en Normandie, l’embauche de milliers de salariés, et la promesse de livraison de véhicules précommandés à l’horizon 2025. Somme toute, la situation était aussi bien assurée que l’équilibre d’un aveugle au bord d’un précipice.
Oui, mais patatras, la -Presse bouton- vient encore de gagner ses galons. Car les choses ne se déroulent pas aussi idéalement qu’annoncé dans le dossier de presse. On ne compte plus les titres cinglants et affolés qui viennent de s’abattre comme une pluie...