Journal d'investigation en ligne et d'information‑hacking
par Antoine Champagne - kitetoa

Depuis quand l'éducation nationale est-elle devenue une machine à effrayer les enfants ?

Peut-on raisonnablement parler de terrorisme en cours préparatoire ?

Comment en est-on arrivé là ? Des enseignants qui parlent d'actes de terrorisme à des enfants de six ans ? Des exercices où les enfants doivent se cacher sous les tables ? L'apathie des parents est à la mesure se leur incapacité à regarder les actes terroristes en face...

Attentat du Bardo - D.R.

Le récent attentat de Trèbes a donné lieu à des explications par les enseignants en cours préparatoire. En voilà une idée géniale. Expliquer à des enfants de cinq ou six ans dont le monde est particulièrement fantasmatique qu'un méchant terroriste a tué des gens dans un supermarché, qu'un gentil gendarme a pris la place d'une otage mais que quand même, il est mort... On imagine la tête des enfants la prochaine fois que les parents leur feront franchir les portes d'un Super U pour les courses de la semaine...

Et pour couronner le tout, rien de mieux qu'un exercice de confinement. Allez les enfants, c'est un exercice, vous vous cachez sous les tables et surtout vous ne devez pas parler, on va fermer la porte de la classe à clef parce qu'un méchant intrus est dans l'école. Pour bien mettre tout le monde dans l'ambiance, le directeur de l'école joue le méchant terroriste et frappe comme un sourd à la porte de la classe. On avait très peur, on avait envie de crier mais la maîtresse avait dit qu'il ne fallait pas parler. Alors on a eu peur en silence. Il est plein de poésie et d'espoir ce monde que dépeint l'éducation nationale aux gamins.

A un âge où les enfants ne sont pas tout à fait sûrs de l'existence des dragons et des fées, leur expliquer qu'un homme tue les gens dans les supermarchés et que peut-être il pourrait venir tuer des enfants dans l'école, ça doit être très rassurant et très structurant.

Ecole, parents, même combats ?

Ce qui est peut-être le plus troublant, c'est la passivité des parents qui dans leur vaste majorité n'y trouvent rien à redire. Le terrorisme est une affaire sérieuse. A prendre en compte. Tant que l'on y est, on devrait armer les profs au cas où. Trump approuve cette option.

Dans le même temps, aucun de ces parents ne trouverait agréable de regarder en face le terrorisme qui occupe tant leurs pensées et leurs conversations à la machine à café les lendemains d'attentats.

Le terrorisme est devenu dans notre pays comme ces guerres lointaines sans images. En dehors des victimes qui en ont réchappé, de la Justice, des services de secours et des forces de l'ordre, personne n'a la moindre idée de ce à quoi ressemble un attentat. Les pires images qui circulent dans la presse montrent des visage hagards, parfois ensanglantés, quelques couvertures de survie masquant des corps impersonnels.

Les parents pour qui il est tout à fait normal que l'on effraye des enfants refuseraient sans doute de regarder en face les vraies images d'un attentat. Qui voudrait voir les images de la fosse du Bataclan ? Qui voudrait voir le corps ensanglanté du père Hamel ? Qui voudrait voir les images de l'intérieur du musée du Bardo après l'attaque ? Les corps autour des bus sur le parking du musée ? Personne. Et franchement, je ne le recommande pas aux personnes qui le voudraient. De la même manière, les enfants non plus n'ont pas envie d'entendre des histoires effrayantes.

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