Avisa Partners, la désinformation tendance brune ?

Les dirigeants de l'entreprise fricotent avec l’extrême-droite catho intégriste

La société n’a pas simplement publié des milliers d'articles avec des faux-nez, sur des centaines de sites. Elle et ses dirigeants sont partie prenante dans la galaxie des sites de « presse » d’extrême-droite, aux côtés de vieux routiers ultra-réactionnaires et racistes.

Avisa Partners, c’est une entreprise qui flirte avec les pratiques les plus douteuses de SEO, Complément d’enquête, le Journal du Net, Fakir et Mediapart, Arrêt sur Images mais aussi Reflets, ont démontré tout cela. L’entreprise a usé et abusé des faux profils publiant des articles qui semblent écrits par des journalistes, sur des sites ressemblant plus ou moins à ceux de journaux. Elle a sévi, en outre,dans les parties collaboratives (où les lecteurs peuvent publier des articles), de journaux ayant pignon sur rue, comme Mediapart et son « Club » des lecteurs. Mais Avisa Partners, c’est aussi autre chose : une communauté de pensée avec l’extrême-droite catho intégriste. Cette communauté de pensée se traduit par des investissements dans des journaux soutenant sa cause, soit via l’entreprise elle-même, soit via ses dirigeants. Et lorsque l’on commence à tirer le fil… c’est une pelote sans fin qui se déroule. On retrouve des financiers idéologues des pires errements de l’extrême-droite française, bien au-delà du Rassemblement National. Même s'ils nient à la fois leurs activités de « black SEO » et leurs amitiés très extrême-droitières, les dirigeants d’Avisa sont confondus par les faits. Au-delà de choix politiques qui les regardent, il n’est pas incongru de s’interroger sur la proximité entre Avisa Partners et tout l’écosystème de la sécurité informatique au premier rang duquel, la gendarmerie nationale qui organise avec cette entreprise le Forum international de la sécurité (FIC) chaque année à Lille.

Il faudrait probablement une armée de journalistes pour fouiller tous les documents publiés par la nuée de sociétés créées par Avisa Partners et les autres boites de la galaxie que nous avons commencé à recenser. Cela permettrait de comprendre tous les ressorts de ce qui ressemble fort à une infrastructure montée pour gagner les esprits des électeurs. S’agit-il d’une opération planifiée par de nombreux acteurs pour construire une véritable plateforme informationnelle en soutien d’un futur candidat d’extrême-droite façon Trump ? Ou simplement d’un « machin » qui s’est construit au fil du temps un peu par hasard ? Quoi qu’il en soit, la plateforme est bien là.

Par où commencer ? Il y a tant d’acteurs… Peut-être par Clara Gaymard ? Parmi les financiers qui ont apporté des liquidités à iStrat/Avisa Partners, on trouve le fonds Raise Investment qui est entré au capital en 2019. Il a été fondé, entre autres, par Clara Gaymard, épouse d’Hervé Gaymard, ancien ministre et ancien bénéficiaire d’un petit appartement de fonction de 600 mètres carrés. Raise est également partenaire d’un événement intitulé « La nuit du bien commun » et considéré comme catho tradi (un euphémisme) dans cet article de Libération.

Cet événement qui finance des « projets » favorisant le « bien commun » un peu droitier et catholique dur, a récompensé « l’Institut libre de journalisme », une école qui entend former des journalistes réinformateurs. Ses élèves font leurs stages ou trouvent du travail dans des sites d’extrême-droite comme Causeur.fr, Economie Matin, Boulevard voltaire, Front Populaire, Valeurs Actuelles, Livre Noir, on en passe.

Les journalistes qui viennent « échanger avec les élèves » - Bernard de la Villardière, Eric Brunet, Alexandre Devecchio, Éric Revel, Eugénie Bastié - ont une seule couleur politique. La direction pédagogique de cette école est assurée par Jean-Baptiste Giraud, patron d’Économie Matin et dont les liens avec Avisa Partners ont été détaillés dans le dernier article d’Arrêt sur Images.

Formation des cadres...

Cette « école » a été fondée par l’Institut de Formation politique, lui-même créé par Alexandre Pesey, Jean Martinez, avocat et Thomas Millon, le fils de Charles Millon. L’idée de l’IFP est de former des élites plutôt à droite. Alexandre Pesey ne mâche pas ses mots : « Après la génération des déconstructeurs porteurs d’interventionnisme, de relativisme moral et de multiculturalisme, voici venu le temps d’une relève attachée à la France, au service des libertés et de la dignité de la personne humaine. Notre pays a besoin d’une jeunesse engagée pour participer à son redressement. Venez apprendre à promouvoir vos convictions ! ». Former des « dirigeants » sympathisants, « réinformer » les populations, tout un programme politique…

Jean-Baptiste Giraud, le patron d’Économie Matin, accusé d'avoir participé à la publication de faux articles, a également été rédacteur en chef d’Atlantico (dont Arnaud Dassier est actionnaire) et a participé à la création de TV Libertés, fondée par Jean-Yves le Gallou, tête pensante de la Nouvelle Droite et aussi à l’origine de « l’Observatoire du journalisme ». Ce site veut mettre au jour la tendance « islamo-gauchiste » de la plupart des journalistes. En tout cas ceux qui ne sont pas formés par l’Institut libre de journalisme ! Le patron d'Économie Matin a également été fournisseur d'Avisa Partners (qui s'appelait alors Demeter Partners) via sa société « Le Pool Presse  ».

Mais revenons à Clara Gaymard. Elle est la fille du professeur Jérôme Lejeune, médecin, généticien, codécouvreur de l'origine chromosomique du syndrome de Down, la trisomie 21. Elle est assez logiquement membre fondateur de la fondation portant le nom de son père. Le président de cette fondation, Jean-Marie Le Méné, faisait l’éloge d’Émile Duport dans Valeurs Actuelles : « Il me semble présenter trois principales qualités. D’abord il est courageux. Qui, aujourd’hui, s’attaque au sujet de l’avortement ? Aucun politique ne le fait, aucun média ne le fait, même les médias catholiques, qui craignent de se griller. Dire son opposition à la GPA c’est bien mais ça n’est pas spécialement courageux : tout le monde, ou presque, est contre. Donc il manifeste un courage certain. Ensuite c’est un artiste, un professionnel très créatif. À mon sens ses visuels très réussis ont beaucoup fait progresser la Marche pour la vie, il y a eu un saut qualitatif certain. Enfin il a vraiment réfléchi à cette question de l’avortement, question centrale, et plus ancienne que celle du mariage homosexuel ou des revendications qui en découlent. » Émile Duport est une figure bien connue dans le milieu catholique réac anti IVG. Il est à la tête de l’agence de communication Newsoul, il est actionnaire de Progressifmedia, société dans laquelle Bolloré a pris 8% et qui a participé à la promotion du livre de Michel-Yves Bolloré Dieu, la science, les preuves. Le frangin de Vincent déploie dans son bouquin une théorie selon laquelle les récentes avancées scientifiques « prouvent » l’existence d’un « esprit créateur ». Le Dieu des chrétiens, bien sûr.

Émile Duport est aussi un des acteurs clef de deux sites controversés : Les survivants (anti IVG) et Corsaires de France qui lutte contre les Sleeping Giants et œuvre, donc, pour que les marques continuent d’afficher leurs pubs sur les sites faisant la promotion des idées d’extrême-droite.

afterbaiz.com
olivierstul.com
yorenkaforest.com
alliancedesdroites.fr
tournee-misericordia.fr
sos-chretiens-orient.fr
emileduport.fr
altoria.fr
gleedend.com
sacerdoce-le-film.com
melchisedech.org
simoneforever.com
sos-chretiens-orient.com
moncorpsmonchoix.fr
siteparoisse.com
alliancedesdroites.com

Au-delà des cathos tradis un peu intégristes cristallisés par Clara Gaymard, à la tête de Raise (premier actionnaire à 25%) d’Avisa Partners, il y a autour de l'entreprise, toute une galaxie de sites d’extrême-droite qui s’est mise en place et qui a des « soutiens » idéologiques et financiers à l’histoire très chargée.

Arrêt sur Images a mis en avant Gil Mihaely, directeur de la publication de Causeur. Il est également à la tête de Link Edit qui gérait une série de faux blogs (flogs) :

planete-business.com
socialmag.news
ladiplomatie.fr
eastafricanmonitor.com

Link Edit et Gil Mihaely sont cités dans les mentions légales de ces sites. Mais les noms de domaines ont souvent été enregistrés par Matthieu Creux, l’un des dirigeants d’Avisa Partners. La marque Link Edit a été déposée par Causeur.fr, société dans laquelle on retrouve Avisa Partners et ses dirigeants comme actionnaires. Le deuxième actionnaire de Link Edit est Louis-Vincent Gave. Son père, Charles Gave est également un financier proche des idées d’extrême-droite, soutien de Génération identitaire et partisan de la théorie du grand remplacement ou de la nécessité d’une "remigration". Il a rejoint Éric Zemmour en 2022, comme Guillaume Dassier.

actu-economie.com
lejournaleconomique.com
le-caucase.com
jolpress.com
lemondedelenergie.com
defense-leaders.com
laguineeconakry.com
executive-outlook.com
elobbying.com
gulf-of-guinea.com
legolfedeguinee.com
la-guinee-equatoriale.com
mes-actus.com
matieres-plastiques.com
lespaysdugolfe.com
pays-du-golfe.com
les-emirats.com
peninsule-arabique.com
legolfepersique.com
marches-strategiques.com
matthieu-creux.com
societes-immobilieres.com
la-microelectronique.com
semi-conducteurs.com
thesahel.net
north-africa.net
monde-arabe.com
equipementiers-automobiles.com
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arcticenergynews.com
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les-uae.com
la-cybersecurite.com
semi-conducteur.com
p2p-economy.com
arcticgasnews.com
collaborative-economy.net
economie-collaborative.net
eastafricainsider.com
panafricatimes.com
peer-to-peer-economy.com
sharingeconomy-news.com
toutelenergie.com
westafricatimes.com
security-leaders.com
societesimmobilieres.com
tourisme-birmanie.net
trekking-myanmar.net
visa-myanmar.net
frontline-publishing.com
lafriquecentrale.com
laos-news.net
le-golf.net
labirmanie.net
about-myanmar.net
allo-thailand.com
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allo-libertins.com
allo-libertin.com
allo-myanmar.com
business-to-myanmar.com
business-in-kiev.com
business-in-azerbaijan.com
e-vagabond.com
ecole-de-langues.net
planete-business.com
allo-trekking.com
business-in-myanmar.net
partir-en-birmanie.net

Gil Mihaely est président et directeur de la publication de Causeur.fr, un site de presse classé à l’extrême-droite et soutenu à bout de bras par Gérald Penciolelli (actionnaire principal avec 40,31% des parts selon Societe.com). Homme de l’ombre et soutien de nombreuses publications d’extrême-droite au fil du temps, Gérald Penciolelli a été membre de la direction d’Ordre Nouveau, de celle du Parti des Forces Nouvelles (PFN), actionnaire des publications d’extrême droite Le Choc du Mois et Minute. Il est également derrière la société Initial Concept SA immatriculée au Luxembourg et actionnaire de Causeur, de la société Green Axxe au Luxembourg qui détient Green Axxe Communication en France, elle-même dirigée par Cantio, elle-même dirigée par… Gil Mihaely.

Lequel gère également le site de la revue Conflits qui rassemble des gens proches du GUD, du GRECE, d’Ordre Nouveau, du MNR, on en passe. Un article très fouillé sur cette galaxie Causeur a été publiée sur le site de l’Observatoire national de l’extrême-droite par René Monzat. C’est glaçant.

Arnaud Dassier, l’un des dirigeants d’Avisa est entré au capital de Causeur, le centre névralgique de la galaxie de sites d’extrême-droite, en 2013, via la société d’investissement Oghmios (par laquelle il était également entré au capital d’Avisa). Avisa Partners était entrée au capital de causeur la même année sous son ancien nom, iStrat.

Causeur.fr regroupe une longue liste de signatures réactionnaires mais, on le voit avec Gérald Penciolelli ou Arnaud Dassier qui a désormais rejoint Éric Zemmour, le journal rassemble également au capital des personnalités marquées à l’extrême-droite. Au capital de Causeur, apparaît également Charles Beigbeder, que l’on retrouve comme actionnaire chez Atlantico (aux côtés d’Arnaud Dassier) ou de l’Incorrect, deux autres piliers de la presse réactionnaire. Charles Beigbeder a également parrainé « le Coquetier », un incubateur d’entreprises lancé par le fondateur du fameux Institut de formation politique (IFP)… Le monde est petit.

Comme nous l’indiquions en préambule, la pelote est visiblement très grosse et nous n’avons sans doute pas fini de la dérouler.

À ce stade, se posent quelques questions, dans la lignée de celles que poseraient le groupe Sleeping Giants. Pourquoi autant d’entreprises associent-elles leur image à un groupe, Avisa Partners, dont les idées des dirigeants, entre « black SEO » et extrême-droite, ne sont pas compliquées à découvrir ?

Le secteur de la sécurité informatique est particulièrement impliqué. Et au premier plan, la gendarmerie nationale qui a mis en place le Forum international de la sécurité (FIC). Le FIC est désormais co-organisé par Avisa Partners. Pourquoi le choix d’Avisa Partners ? Qui l’a fait ? Quelles recettes sont générées par le FIC et comment sont-elles réparties ? Le service de presse de la gendarmerie n’était pas encore revenu vers nous au moment de la publication de cet article. 

Les chercheurs en sécurité informatique qui se pressent pour des présentations au FIC se poseront-ils la question deux fois avant de participer aux prochaines éditions ? Rien n’est moins sûr.