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par Rédaction

Assassinat dans un lycée d’Arras : l’auteur connu des services de police

Reflets avait déjà dressé le portrait de son frère aîné

La DGSI avait produit une note décrivant la mouvance radicalisée d'origine tchétchène en France dans le cadre de l'instruction de l'assassinat de Samuel Paty.

Profil Linkedin de Mohammed Mogouchkov - Copie d'écran

Le 16 octobre 2020, Abdoullakh Anzorov, un citoyen russe d'origine tchétchène  âgé de 18 ans décapitait Samuel Paty à Conflans-Sainte-Honorine. Ce 13 octobre 2023, trois ans après, Mohammed Mogouchkov, fiché S, âgé d’une vingtaine d’années également d’origine tchétchène, a attaqué au couteau des professeurs du Lycée Carnot d’Arras. Dominique Bernard, professeur de français qui a tenté de s’interposer a été tué de plusieurs coups de couteau tandis qu’un agent du lycée et un autre enseignant ont été blessés mais sont désormais hors de danger.

Arrivé en France en 2008, Mohammed Mogouchkov était un ancien élève du lycée Carnot et avait, selon son profil Linkedin, obtenu un BTS sur les moteurs à combustion interne. Ses comptes Instagram et Facebook sont désormais inaccessibles.

Compte Facebook - Copie d'écran
Compte Facebook - Copie d'écran

Compte Instagram - Copie d'écran
Compte Instagram - Copie d'écran

Les avait-il fermés où les autorités ont-elles demandé à Meta de les faire disparaître ? Impossible à savoir. Dans les cas d’attaques terroristes, les autorités obtiennent des réponses extrêmement rapides des plateformes.

L’auteur de l’attaque n’est pas un inconnu des services de renseignement. Selon des sources policières citées par l’AFP, il faisait l’objet d’un suivi actif de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) et avait été contrôlé la veille « sans qu’aucune infraction ne puisse lui être reprochée ». « Il était sous écoute et faisait l’objet de surveillances physiques », « depuis cet été », a précisé cette source et « ses conversations téléphoniques n’avaient pas mis en évidence, ces derniers jours, d’éléments permettant d’annoncer un passage à l’acte ».

Mais s’il était connu des services, c’est surtout parce que son frère aîné, avait « été interpellé à l’été 2019 par la DGSI dans le cadre d’un projet d’attentat déjoué puis de faits d’apologie et est écroué », a encore indiqué l’AFP.

Reflets avait dressé le portrait de son frère aîné dans le cadre d’un dossier que nous avions consacré à l’assassinat de Samuel Paty. L’un de nos articles décrivait une note de la DGSI sur la mouvance Tchétchène en France dans le cadre du terrorisme islamique et intitulée « Éléments issus de notre documentation opérationnelle relatifs à la mouvance islamiste nord-caucasienne et la menace terroriste qu'elle véhicule en France ».

Le service de renseignement intérieur décrivait une communauté dont certains jeunes pouvaient être perméables à la radicalisation. Alors que les communautés tchétchènes se caractérisent généralement par un fort repli identitaire, les agents de la DGSI constataient un « décloisonnement relatif » de la part des plus jeunes. « Les liens peuvent ainsi être tissés en dehors de la communauté d'origine, avec des individus radicalisés d'origines diverses, rencontrés en ligne ou au sein de leur environnement proche (établissements scolaires par exemple) », détaillaient-ils. Selon la DGSI, malgré son très faible poids démographique en France, la communauté nord-caucasienne est surreprésentée au sein du contingent djihadiste français ayant gagné une terre de djihad. Depuis 2012, quelque 70 individus d'origine nord-caucasienne ont quitté la France pour rejoindre le théâtre syro-irakien. Sur zone, ces individus ont principalement intégré des unités combattantes russophones de l'EI ou du Hayat Tahrir al Cham (HTC).

Dans leur note, les fonctionnaires du renseignement intérieur retraçaient les sept projets d’attentats ou d’actions violentes. L’un d’entre eux était projeté par Mosvar Mogouchkov, le frère aîné de Mohammed Mogouchkov. Nous écrivions : Khamid S., Mosvar M. et 4 autres islamistes avaient envisagé une attaque du palais présidentiel et des policiers en assurant la garde. Une kalachnikov avait déjà été acquise et une période d’exécution fixée pour le passage à l’acte.

Les deux jeunes d’origine tchétchène sont suspectés d'avoir été chargés de diffuser une vidéo de revendication de cette attaque. La famille de Khamid S. avait fui la Tchétchénie en guerre et est arrivée en France au milieu des années 2000 ; très actif sur les réseaux sociaux depuis son plus jeune âge, il publiait très fréquemment de la propagande djihadiste et faisait part de sa volonté de mourir en martyr. Il faisait ainsi l'éloge de Mohamed Merah, le tueur de Toulouse, sur Facebook. Interrogé, Mosvar Mogouchkov a dit être le référent spirituel de son complice. Par ailleurs, il effectuait des traductions de contenus de propagande de Daesh.

Mohammed Mogouchkov a été appréhendé et est à ce stade présumé innocent.

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