Anonymat sur Internet : ce fantasme instrumentalisé sans vergogne
Les dérives sont le fait des humains, pas des réseaux sociaux ou le fruit de l'anonymat
Au moindre fait divers auquel Internet est mêlé, les politiques et toutes les pseudo-autorités morales s'insurgent : ils blâment le réseau, les réseaux sociaux et un supposé « anonymat ». Pourtant, derrière la haine, il y a des humains, pas des machines...
Depuis la tête de l'État jusqu'aux plus obscurs politiques, en passant par tous ceux qui s'érigent en autorité morale, tous réclament depuis des lustres « la fin de l'anonymat sur Internet ». Jean Castex avait qualifié le 15 juillet 2020 l’anonymat des réseaux sociaux de « choquant ». Pire, le premier ministre s'enflammait : « Les réseaux sociaux c’est le régime de Vichy : personne ne sait qui c’est ! (...) On peut vous traiter de tous les noms, de tous les vices, en se cachant derrière des pseudonymes. ». En 2019, Emmanuel Macron expliquait quant à lui, être favorable à « une levée progressive de toute forme d’anonymat » sur Internet. Il faut « réguler les torrents de boue qui se déversent sur les réseaux sociaux », avait expliqué le président LR du Sénat, Gérard Larcher. Pour le député LREM du Rhône Bruno Bonnell, il faudrait lutter contre les « déviances que l’anonymat cautionne, comme la calomnie ou la diffamation ». L'assassinat de Samuel Paty a été une occasion pour tous les politiques de remettre une pièce dans ce juke-box (Xavier Bertrand, Valérie Pécresse, Jean-Michel Blanquer, ...). Bien sûr, le rôle des plateformes ne peut être écarté. L'hystérisation sur les réseaux sociaux et particulièrement Youtube, du cours sur la liberté d'expression de Samuel Paty a contribué à désigner ce professeur comme une cible pour le terroriste. Mais l'enquête a largement démontré que personne n'était anonyme. Ni le tueur dont les policiers...