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par bluetouff

Un juge américain a besoin de 11 pages pour expliquer ce qu'est un tweet

Suite à la lecture d'un  article d'une dépêche AFP publiée sur Libération et Le Monde, nous pouvons avoir maintenant la certitude que la justice américaine vient de pondre la meilleure documentation sur Twitter, un réseau social que nous affectionnons tout particulièrement à la rédaction de Reflets.

Suite à la lecture d'un  article  d'une dépêche AFP publiée sur Libération et Le Monde, nous pouvons avoir maintenant la certitude que la justice américaine vient de pondre la meilleure documentation sur Twitter, un réseau social que nous affectionnons tout particulièrement à la rédaction de Reflets. Figurez vous qu' un juge américain s'intéressant à l'un des activistes du mouvement Occupy Wall Street, à l'origine de cette FAQ que tout le monde devrait se taper, a quand même réussi à pondre 11 pages pour expliquer que nos gazouillis étaient publics ! C'est dingue non ? Je sens que ça vous en touche une sans vous faire bouger l'autre... je me trompe ? Pourtant, à l'AFP, l'affaire est très grave car il s'agit à n'en pas douter d'une "une affaire qui pourrait faire jurisprudence concernant la liberté d’expression en ligne »... ben mon con ! Vous nous la refaite sans trembler des genoux celle là ?

Il y a quelques semaines de cela, la planète twitter commençait à s'émouvoir de la "censure géolocalisée" annoncée par le réseau social, omettant de se demander "mais comment ils faisaient avant ?"... et bien c'est simple, avant, quand Twitter censurait un contenu, il le censurait à l'échelle mondiale. Son annonce, bien que mal perçue dans l'ensemble, représentait pourtant un net progrès. C'est tout bête, mais une entreprise, fusse t-elle américaine, doit se plier à la législation des pays dans lesquels elle délivre son service.

Aujourd'hui, grâce à l'AFP, la presse entière découvre que la justice américaine a l'indélicatesse de demander des données parfaitement publiques à Twitter, à savoir les tweets, publics, de ses abonnés, accessibles dans Google. Attention, démonstration. Wow... tu parles d'une news ! Loin d'être en mesure d'expliquer le concept d'une publication sur Internet en 140 caractères, il aura donc fallu 11 pages à la justice US pour expliquer que "les tweets non privés sont des données publiques ». Et là c'est le drame, les utilisateurs de Twitter, à l'instar du kikoololisme ambiant de Facebook, s'apperçoivent que ce qu'ils racontent sur un réseau social ouvert et public est... public, et donc accessible à tous.. et oui, même à la justice. C'est fou non ?

Essayons de rester sérieux deux secondes, entre deux pouffements de rire... Pour l'année 2012, ce sont 849 requêtes émanant de la justice américaine qui auraient été reçues par Twitter (pour 75% d'entre elles, le réseau social aurait accédé aux requêtes du juge). À titre de comparaison, je serais personnellement curieux de connaitre le nombre de requêtes adressées par la justice française à une plateforme comme Skyblog, mais c'est encore une autre histoire, car comme tout le monde le sait, les pédonaziterroristes, les vrais, ils sont sur Skyblog, pas sur Twitter.

Ce que la dépêche AFP omet de préciser en revanche, c'est qu'en plus des tweets publics, la justice américaine, a très probablement accédé aux messages privés des utilisateurs faisant l'objet d'une enquête.

Toujours selon l'AFP, "Le site de microblogs a indiqué réfléchir aux actions qu’il allait éventuellement entreprendre dans les jours à venir  ». Au doigt mouillé, je parierais sur un truc complètement fou, comme une case supplémentaire à cocher, à l'inscription, au moment de l'acceptation des conditions générales d'utilisation, du type "attention ce que vous racontez publiquement est public" (oui désolé les deux secondes de sérieux promises sont écoulées). La direction de Twitter affirme que "Les règles de fonctionnement de Twitter stipulent que les utilisateurs sont propriétaires des contenus qu’ils émettent". Raaah ces américains et la propriété... oui mais... propriété = responsabilité.

Alors ça ressemble à quoi au juste la propriété de mots lâchés sur un réseau social public ? Et bien la propriété sur Twitter, c'est comme la propriété des mots lâchés au coin d'un bar. Il n'y a pas de notion de propriété valable ou définissable lorsqu'on lâche une bonne vanne entre deux pastis au bar du coin. Il y a bien, en revanche, une responsabilité, que ce soit sur Twitter, comme sur tout autre site web, média, bar du coin...

Notre dépêche AFP est donc un petit chef d'oeuvre d'aérodynamique... du vent. Elle omet l'essentiel, ce sur plusieurs points. Sur Twitter, comme sur Internet en général (et oui, Internet ,c'est un réseau public), vous êtes responsables de vos propos. Elle omet surtout de dire quelles sont les données exactes qui ont été fournies à la justice américaine.

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