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par bluetouff

Selon la fondation Carla Bruni Sarkozy, la cour des comptes nous aurait menti (enfin presque)

C'est tout de même assez amusant de constater, que sur son  site web désormais quasi complètement statique (la machine servant les contenus dynamiques répondant aux abonnés absents depuis un bon moment), la fondation Carla Bruni Sarkozy dément ce qui a été publié par la cour des comptes. Mais en fait, elle ne dément pas grand chose, n'apportant strictement aucun éclairage, la fondation se borne à expliquer que les contenus, ont été financés par ses soins.

C'est tout de même assez amusant de constater, que sur son  site web désormais quasi complètement statique (la machine servant les contenus dynamiques répondant aux abonnés absents depuis un bon moment), la fondation Carla Bruni Sarkozy dément ce qui a été publié par la cour des comptes. Mais en fait, elle ne dément pas grand chose, n'apportant strictement aucun éclairage, la fondation se borne à expliquer que les contenus, ont été financés par ses soins. Regardons ce communiqué d'un peu plus près.

Retour sur cet épisode tragicomique pour le contribuable.

Le 18 juillet dernier, le site Politique.net publie un article relevant le Rapport de la cour des comptes (PDF, 1,2 Mo) dans lequel on peut lire en page 5 que le site de la première dame a coûté en 2011 0,33 Millions d'euros (NDLR : 330 000 euros), et en 2012 0,08 millions d'euros (NDLR : 80 000 euros), ce qui nous fait donc une douloureuse à 410 000 euros sur ces deux années. Ce montant, on peut clairement lire dans ce rapport qu'il est " financé par le budget de la présidence" (comprenez donc par de l'argent public) :

Politique.net relevant ce passage écrit donc :

En creux, la Cour des comptes indique donc que le site de la fondation de Carla Bruni, mis en ligne dès 2009 et toujours disponible à l'adresse Carlabrunisarkozy.org, a été pris en charge par l'État pour un montant total de 410 000 euros !

Le NouvelObs publie le lendemain un article apportant d'autres précisions dont certaines se révèleront inexactes comme l'explique Politique.net dans un second article sur le sujet.

Des informations que nous avons malheureusement repris à l'occasion d'un billet de blog (repris par Rue89) qui se borne à mettre en perspective le budget exorbitant financé par le contribuable et le résultat technique... catastrophique (ce que nous maintenons bien évidemment comme expliqué en errata).

Vous noterez que c'est assez pudiquement que notre billet, se bornant à des choses techniques très factuelles, vous avait épargné le "CarlaGate" relevé par Mariane, Mediapart, Numérama et bien d'autres, ainsi que les noms des protagonistes de cette affaire : La Fabrique du Net (qui est en fait une agence de comm' qui soustraite tout ses développements, une sorte d'intermédiaire inutile dont les compétences en matière de conduite de projets Internet sont nulles), Julien Civange (le conseiller personnel de Carla Bruni Sarkozy qui comme l'expliquait Le Monde se targuait d'être plus grassement payé que Claude Guéant)... Un scandale qui a tout de même conduit à un psychodrame comme la démission du directeur général du fonds mondial de lutte contre le sida, Michel Kazatchkine ... et un incident diplomatique qui a "coûté sa place à un ambassadeur de France, M. Patrice Debré". Non, très franchement, on a été plutôt sympas dans notre démonstration. Nous nous sommes bornés à démontré le ridicule technique de ce site, un ridicule aujourd'hui encore parfaitement démontré au moindre clic sur le site de cette fondation.

SPAVRÉ®

Coup de théâtre aujourd'hui, la fondation dément dans un communiqué sur son site, daté de ...  ah merde, ça on sait pas... Petit problème technique... ah non, de conception : le site de la fondation est tellement bien fichu, que le "démenti" n'est même pas daté ! Nous aurions bien voulu vous faire profiter du démenti complet, mais voilà, le site doit actuellement accueillir une bonne douzaine de visiteurs simultanés, c'est décidément bien trop pour lui :

Ne vous aventurez pas non plus à lancer un Ctrl + R sur cette page, vous obtiendriez une bichromie du plus bel effet mais qui a au moins le mérite d'être compatible avec les standards du web et par vents favorables, vous permet même d'afficher un peu de texte (le cache statique du Varnish qui s'est précédemment vautré comme une vielle loutre) :

Arrêtons de tirer sur l'ambulance quelques secondes et tentons maintenant d'accéder à cette satanée page pour enfin lire le contenu que la Fondation est semble t-il si fière d'avoir financé .. ah voilà :

Dans son communiqué, la Fondation met en avant son action ces 4 dernières années, une action louable, certes, mais elle met ceci en avant pour infirmer ce que nous venons de lire dans le rapport de la cour des comptes. Elle le fait d'ailleurs avec le minimum syndical, sans aucune autre précision qu'un "SPAVRÉ, vous êtes des méchants vous nous insultez"... Et bien voici exactement le type de démenti qui est une véritable insulte à l'intelligence du contribuable.

Comme le notait Numérama bien avant la publication du rapport de la cour des comptes :

Concrètement, la partie "lutte contre le Sida" du site de la Fondation, qui a donné lieu au versement de 132 756 euros par le Fonds mondial de lutte contre le Sida, compte 6 pages principales sans fioritures, réalisées sous le système open-source Wordpress. Les deux plus complexes sont la galerie, qui compte 46 photos légendées, et la page "actualités" qui compte également 52 billets sur l'actualité de la Fondation en matière de lutte contre le sida. La plupart de ces billets sont composés d'un seul paragraphe de quelques lignes accompagné d'une photographie. Ils ont été rédigés entre décembre 2008 et décembre 2011. Soit une moyenne de 17 billets par an.

Quand la fondation affirme que

Tous les contenus visibles sur ce site on été intégralement financés par la Fondation. Ils n’ont été en aucune façon financés par l’Etat ou quelque autre entité extérieure à la Fondation, et ceci depuis la création du site.

... on se doute bien que ce ne sont pas 6 pages, quelques photos et 17 billets par an qui ont couté 410 000 euros au contribuable.

Mais un peu plus sérieusement maintenant, sur quels postes ces 410 000 euros ont ils été dépensés ? Si ce n'est pas le contenu, c'est bien le contenant. Et le contenant c'est ce site web à la réalisation douteuse et à la maintenance applicative et corrective tellement inexistante que l'hébergeur est obligé de cacher la misère à grand coups de Varnish.

Le contribuable serait certainement ravi de connaître la ventilation exacte de ces dépenses affectées au site de la première dame, des dépenses bien publiques, contrairement à ce que laisse sous-entendre assez maladroitement le "rectificatif" de la fondation.

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