Quelqu’un leur a dit que tout le monde s’en fout ?

Etonnante capacité que celle de certains journalistes et certains médias de donner de la visibilité à des choses dont tout le monde se fout...

S’il est un point commun à tous les journalistes, c’est sans doute la boulimie de lectures. Par exemple, je lis aussi bien le Wall Street Journal, le New York Times, Libération, le Canard, que Elle, Voici ou Grazia (qui est agréablement surprenant). Et dans ces derniers journaux, on découvre des choses parfois étonnantes. Des trucs dont tout le monde se fout. Mais visiblement, personne n’a pris la peine de prévenir les journalistes qui ont rédigé les articles, ni les personnes interrogées.

Prenons par exemple Marc Jacobs, paraît-il « célèbre créateur de mode américain », qui dévoile aux lectrices et lecteurs de Elle « ses musts de l’été ». Marc, apprend-on, ne pars jamais à la plage sans son « sac Birkin d’Hermès ». Un machin en cuir à 6000 euros. Pratique pour la plage. Il « essaie de se relaxer avec des exercices de respiration. La plage de Gouverneur à Saint-Barth, s’y prête bien ». A n’en pas douter, les 99% trouveraient également que Saint-Barth c’est cool, et que cette plage se prête à la relaxation…s’ils avaient l’occasion d’y mettre un orteil. Orteils qu’il faudrait parer, comme Marc, de sandales « Prada ». Les 99% arriveraient peut-être à faire mieux que Marc en ne mettant pas, toujours, « trop de choses » dans leur sac de voyage « Louis Vuitton ».

Marc n’est pas le seul à avoir des petites habitudes toutes simples pour l’été. Marie Gas (créatrice par ailleurs de très jolies boucles d’oreilles) qui en vacances ressemble « à une fille bohème qui ne se prend pas la tête. Je ne quitte pas mon short blanc en jean destroy Current Elliot, une chemise transparente en coton d’Ethiopie du label Lemlem (200 euros), mon chapeau de paille avec une plume Lola Hats (170 euros) » […] «  des sandales Ancient Greek (170 euros), une étole hippie et je suis parée pour la nuit ». Ajoutons, bien entendu le « sautoir en galuchat » à 1475 euros.

Dans la série tout le monde s’en fout sauf les journalistes qui rapportent ces propos et leurs auteurs, il y a aussi les délires égotistes des ministres et de leurs compagnes.

Le pompon revient sans conteste à Anne Gravoin, femme de Manuel Valls. Comme le relève le Canard Enchaîné daté du 22 août, elle semble avoir un ego relativement démesuré. Elle ainsi confié « états d’âme à quatre journaux, Le Parisien, Elle, Paris Match et Madame Figaro » en moins d’un mois. Et quels états d’âme… « Une musicienne, c’est un peu plus glamour que Mme Ayrault, prof d’allemand ». Euh… Wait… C’est glamour d’être musicienne de Johnny Hallyday ?

Visiblement, les pensées profondes d’Anne Gravoin musicienne n’intéressaient pas les journaux avant qu’elle soit compagne du ministre de l’intérieur. A ce jeu, désolé, Anne, mais si l’on doit créer une échelle de glamouritude basée sur le fait que les notées sont des « femmes de », la femme d’un premier ministre est plus « glamour » pour un journaliste qu’une compagne de ministre de l’Intérieur. Protocole oblige…

Fleur Pellerin n’est pas en reste avec ses bons conseils, dans Elle, pour élever ses enfants : « je suis une mère imparfaite qui a épousé le père parfait, et ça me va bien ».

On ne doutait pas que ce genre de situation lui allait bien. Inutile de l’écrire.