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Édito
par Yovan Menkevick

Présidentielle : pas besoin d'aller voter

Provocateur comme titre, n'est-ce pas ? Ca va en énerver certains, ceux qui croient que la "vitalité démocratique" passe par la participation aux élections. Et puis certains pays ont tellement de mal à y arriver à avoir des élections, que snober les nôtres serait un affront, un caprice d'enfants gâtés, non ? En fait le sujet n'est pas là : il n'est pas nécessaire d'aller voter parce que les élections sont déjà conclues, bouclées, pliées. Comment, comment, comment ?

Provocateur comme titre, n'est-ce pas ? Ca va en énerver certains, ceux qui croient que la "vitalité démocratique" passe par la participation aux élections. Et puis certains pays ont tellement de mal à y arriver à avoir des élections, que snober les nôtres serait un affront, un caprice d'enfants gâtés, non ?

En fait le sujet n'est pas là : il n'est pas nécessaire d'aller voter parce que les élections sont déjà conclues, bouclées, pliées. Comment, comment, comment ? Mais pourtant on nous tient en haleine avec la remontée de Nicolas S. au premier tour et la baisse attendue mais tellement haletante de François H ! Et puis au second tour, les choses peuvent basculer, hein, parce que Marine pourrait se cacher quelque part et faire comme en 2002…?

Stop. Basta. On arrête tout de suite cette escroquerie qui empuantie tout "l'espace démocratique" justement. Une véritable élection, même dans un système représentatif, ne peut pas se dérouler de la manière dont elle se déroule sous nos yeux. Parce qu'elle est totalement biaisée, entièrement fabriquée, influencée, sans aucune issue politique citoyenne valable.

Des explications sont nécessaires, et bien qu'une grande partie des lecteurs en soit conscient, ce phénomène de fabrication mérite d'être mis en lumière.

La démocratie d'opinion : le principe de Panurge comme système électif…

Les sondages. Oui, les sondages fabriquent totalement l'opinion et fabriquent le vote. Sur des "échantillons représentatifs" de mille personnes, les deux grandes formations politiques assoient leur hégémonie bien avant que la campagne officielle ne débute. Ces sondages, à quoi servent-ils, en quoi ont-ils une valeur démocratique ? Permettent-ils de mieux comprendre les enjeux, les propositions programmatiques, les candidats ? Non. Les sondages permettent de faire vivre le principe du mouton de Panurge, et ce n'est pas rien. C'est même central, crucial.

Le mouton de Panurge c'est celui qui suit le gros du troupeau, même si le troupeau se jette du haut d'une falaise. Et les sondeurs sont les "Panurges" de la pseudo-démocratie d'opinion française. Imaginez un instant une société sans sondages politiques des intentions de vote. Avec comme seul et logique repère, les débats politiques, les déclarations d'intention des candidats, les programmes. Si vous ne saviez pas que Nicolas S. est à 26% ou 28%, que vous n'aviez comme repère que son discours, son bilan de président sortant ? Et mieux, si les propositions de changement de système de certains candidats qui emballent toute une partie de la population, épuisée par la crise, n'étaient pas créditées d'intentions de vote ?

Vous pourriez en réalité imaginer que le jour des élections, plein de gens comme vous iraient voter pour ce qui leur correspond le mieux, qui est le plus en phase avec leurs idées. Il n'y aurait pas de "vote utile", c'est-à-dire un non-vote qui n'est là que pour donner sa voix à un candidat qui a "plus de chances dans les sondages" que celui qui vous plaît mais qui lui n'a "pas de chances" de parvenir au second tour. Ce qui est amusant, c'est que dans un système sans sondages d'intentions de vote, les partis comme l'UMP ou le PS ne seraient peut-être pas au second tour. C'est même une quasi certitude pour l'élection de 2012.

Et qu'avec le "système panurgien" des intentions de vote, il n'y a plus besoin d'autres partis que les deux gros partis de droite (PS et UMP), seuls à percer dans les intentions. Les autres font office de figurants.

Démocratie tronquée, sous influence, biaisée, orientée par la peur et l'effet du nombre, démocratie d'opinion et des sondages : quel intérêt à aller voter pour un candidat qui est déjà déclaré perdant par les échantillons de Panurge, quel intérêt à aller voter pour l'un des deux candidats déclarés vainqueur potentiel si l'on n'est pas un soutien véritable de l'un de ces deux là ? L'observatoire des sondages établit des constats très intéressants à ce sujet.

Si nous étions honnêtes, nous arrêterions d'organiser des élections pour nous contenter de laisser le pouvoir à celui qui a le plus d'intentions de vote  de la part du troupeau. Ce serait plus clair et reviendrait au fond à peu près au même. Parce que comme dirait l'autre, quand il reçoit un cadeau pourri, "de toute façon, c'est l'intention qui compte…"

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