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par drapher

Politique truquée et gouvernance par le mensonge : quels résultats ?

De nombreux ouvrages, articles, et autres réflexions politiques ne cessent — depuis quelques années — de prévenir la population française sur l'effondrement probable, quasi incontournable de la Vème République. De la démocratie. La démocratie, ses institutions seraient arrivées au bout du bout, et si rien n'était fait, nous serions à l'aube d'un désastre sans précédent. Les citoyens ne croiraient plus au système représentatif, tout du moins celui établi par la Constitution de 1958.

De nombreux ouvrages, articles, et autres réflexions politiques ne cessent — depuis quelques années — de prévenir la population française sur l'effondrement probable, quasi incontournable de la Vème République. De la démocratie. La démocratie, ses institutions seraient arrivées au bout du bout, et si rien n'était fait, nous serions à l'aube d'un désastre sans précédent. Les citoyens ne croiraient plus au système représentatif, tout du moins celui établi par la Constitution de 1958. Manque de transparence de la vie politique, affaires de corruptions d'élus, promesses non tenues, trahisons électorales, rigidité et complexité administrative, écartement de la population des organes de réflexion et de décision démocratique au profit d'une élite : tous ces facteurs seraient au cœur du délitement politique français, une sorte d'agonie institutionnelle menant à une désintégration de la démocratie. Mais pour autant le système politique de la Vème se maintient toujours, ses institutions ne sont pas si contestées que cela, pas en tout cas au point d'être transformées. La vie politique continue comme avant. Peut-être ne serait-ce pas — en fin de compte — l'organisation de la vie politique le moteur principal du déclin démocratique français ? Quelles pourraient être les véritables raisons du dégoût citoyen actuel pour le fonctionnement institutionnel de leur pays, de l'immense rejet des électeurs vis-à-vis du "système" et de ses représentants ?

Des présidents qui tweetent… des mensonges

L'ère de la communication présidentielle à tout crin a vraiment commencé avec Nicolas Sarkozy. L'hyper président est le premier à utiliser tous les canaux de communication possibles pour se mettre en scène et passer des messages, expliquer, justifier ses décisions, montrer ses conquêtes féminines, tel une star d'Hollywood qui met en scène sa vie, ses choix. Et il sait que sa vie fascine les foules. Si Sarkozy plébiscite rapidement Facebook, son compte Twitter n'est pas en reste, surtout à partir de 2010. Tout comme François Hollande ensuite, puis Emmanuel Macron aujourd'hui. Ou Donald Trump, qui gouverne par le tweet, exprime ses décisions, ses vagues à l'âme jusqu'à virer les cadres de son administration en moins de 140 caractères. Les journaux reprennent les tweets. La population lit ou entend les affirmations raccourcies de leur dirigeant. Dont une partie sont des mensonges. De purs contre-vérités assénées par un président élu, sans aucune vergogne. A l'ère du tweet péremptoire présidentiel envoyé à la vitesse de la lumière, la vérification du mensonge présidentiel est toute aussi rapide. Le dernier en date du [très jeune] président Macron est un collector :

La réalité ? C'est que la France est la seule puissance économique européenne qui n'a pas gagné la bataille contre le chômage de masse. pic.twitter.com/Lh2q0fvNCx

— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) 23 août 2017

Reflets s'est très vite fendu d'une réponse pour infirmer l'énormité présidentielle :

Dans la réalité réelle l'Italie est à 11,1% et l'Espagne à 17,8% tandis que nous sommes à 9,5% en France. Monsieur le président. https://t.co/68wR5dwbLd

— reflets.info (@_reflets_) 24 août 2017

Depuis que les nouveau chiffres du chômage (en hausse) sont tombés, alors que les indicateurs économiques sont plutôt bons, voire très bons (les dividendes pleuvent, les investissements s'accroissent, l'activité, les investissements tendent à augmenter), la communication présidentielle continue à refuser toute réflexion autour de cette réalité incontestable : même avec de la croissance du PIB, même dans une économie qui se porte mieux, voire bien, le chômage reste élevé. Que faire de ce constat embarrassant ? La méthode qui prévaut — et que Macron élève au rang d'art de la gouvernance — est simple : nier la réalité, mentir impunément et retourner le facteur de cause à effet. C'est ainsi que si la croissance ne réduit pas le chômage, il faut donc, pour le président (mal) élu, appliquer ses ordonnances de réforme du travail au plus vite pour permettre d'encore moins bien défendre les droits des salariés.

Pierre Moscovici : "Tous les pays de l'UE qui ont réformé le marché du travail ont vu leur chômage baisser" https://t.co/aJyO5y9myC

— Pierre Moscovici (@pierremoscovici) 25 août 2017

Étonnamment, les pays qui ont appliqué exactement ces même réformes libérales du travail, depuis 2012 pour l'Espagne et 2014 pour l'Italie et qui bénéficient de taux de croissance encore meilleurs, voient leur chômage rester très élevé. Détricoter la protection sociale, assouplir les règles de licenciements, flexibiliser le marché du travail, donner plus de pouvoir aux entreprises et moins de protection aux salariés ne fait donc pas baisser le chômage. Il est probable que ces réformes le fasse même augmenter, mais ce sera le sujet d'un autre article.

La confiance, le cœur du bon fonctionnement démocratique

Ce qui définit la bonne santé d'un "système" économique, financier, politique, social, est une notion à la fois très floue et pourtant vitale : la confiance. Cette notion de confiance doit être envisagée à l'aune de son opposé : la défiance. Une société humaine basée sur la défiance se confronte très vite à de nombreux problèmes et ne peut pas s'épanouir correctement, stagne ou peut même s'écrouler. Fréquemment dans un bain de sang. La défiance repose… sur le manque de confiance. L'idée centrale que la défiance véhicule est que le mensonge est le plus souvent utilisé au détriment de la vérité, et qu'il n'est jamais possible de se fier à qui que ce soit ou à quoi que ce soit. Dans une société de défiance, chacun agit avec la hantise d'échouer, hésite et perd un temps infini à vérifier si des chausse-trappes sont placés devant lui, si l'on cherche à le manipuler, abuser de sa confiance, etc…

Les politiques sont très friands de la notion de confiance, pour une raison simple : elle est l'alpha et l'oméga de l'économie et plus particulièrement des marchés financiers. La démocratie, en tant que système, ses institutions, ne vont pas "mal" intrinsèquement. Ce qui va "mal" est la confiance au sein de la société démocratique française, remplacée par… de la défiance. Et cette défiance est engendrée par un phénomène central : le mensonge politique auquel carburent ceux qui demandent les suffrages des électeurs, la confiance des électeurs, afin de se voir propulsés au sommet de l'Etat : les présidents de la République en premier lieu.

Macron est peut-être le personnage le plus emblématique et représentatif de ce processus qui est en train de ruiner ce qu'il reste de cohésion démocratique en France, tout comme Donald Trump aux Etats-Unis. Macron ment impunément et travestit ses intentions, et même jusqu'à son apparence (déguisements d'aviateur, de footballeur, de sous-marinier, etc…) en permanence. La politique actuelle est truquée par ceux qui la font vivre, en vivent et l'accaparent, avec une capacité au mensonge qui, désormais, a été érigée en méthode de gouvernance.

C'est ainsi que ces dirigeants ont créé une société de défiance, celle où la majorité des citoyens ne peuvent plus faire confiance, sont écœurés face à la mauvaise foi, aux détournements sémantiques et aux reniements permanents. Le but d'une telle société est donc devenu simple : tirer son épingle du jeu tout en sauvant les apparences. Pour parvenir à atteindre les objectifs que l'on s'est donnés par tous les moyens, sans aucun respect pour la vérité, ni éthique particulière, en organisant la zizanie s'il le faut, en semant le trouble, en s'autorisant toutes les contradictions et toutes les transgressions. Les exemples de cette méthode politique qui détruit au lieu de proposer et construire, avec Emmanuel Macron, sont légions. Et ce, en l'espace de seulement 3 mois.

Du refus de se confronter aux questions de la presse en passant par les mises en scène de sa vie sentimentale, aux économies de bouts de chandelles faites sur le dos des plus démunis, les aboiements de petit chef, les leçons prodiguées à des pays européens, l'ambitieux président "en Marche" dévoile son visage de Machiavel mégalomane en expliquant aux Français depuis l'étranger… ce qu'il estime qu'ils sont : des imbéciles qui refusent les "réformes du travail" visant à les rendre encore plus fragiles face au pouvoir de plus en plus important des détenteurs du capital.

Toi aussi déguise-toi en Macron !

Comme à l'époque des manifestations Anonymous faite de foules emplies d'individus portant des masques de Guy Fawks, peut-être serait-il intéressant d'organiser des "happening" de communication politique citoyenne ? Chacun viendrait avec le même et unique masque d'Emmanuel Macron, sur une place publique, et à tour de rôle, chaque "Macron" pourrait déclamer ses propositions politiques, basées sur des mensonges ou des contre-vérités. Une sorte de contre-pouvoir absurde et répétitif, qui singerait la vie démocratique de 2017. Celle de la communication débilitante de responsables politiques sans souffle, sans âme, ni projet, et prêts à dire tout et son contraire, maquiller la vérité (ou son visage pour plus de 8000€ par mois) pour — au final — jouer à qui mentira le mieux. Ainsi, le réel rejoindrait la fiction, un monde de sous-citoyens n'ayant plus qu'une seule arme face au cynisme des élites, celle de la dérision…

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