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par Rédaction

Leviers du pouvoir : orgueil et crainte

Vous êtes au pouvoir. Peu importe comment, supposons simplement que vous vouliez y rester, ce qui est naturel. La question qui se pose alors à vous est:  comment y rester ? C'est-à-dire, comment étendre et asseoir votre emprise sur vos concitoyens. Commençons par raisonner à court terme : inutile de penser à conserver votre place pendant une décennie, si vous êtes incapable d'y tenir un an. Pour ce faire, deux leviers, d'utilisation délicate certes, mais diablement efficaces.

Vous êtes au pouvoir. Peu importe comment, supposons simplement que vous vouliez y rester, ce qui est naturel. La question qui se pose alors à vous est:  comment y rester ? C'est-à-dire, comment étendre et asseoir votre emprise sur vos concitoyens.

Commençons par raisonner à court terme : inutile de penser à conserver votre place pendant une décennie, si vous êtes incapable d'y tenir un an. Pour ce faire, deux leviers, d'utilisation délicate certes, mais diablement efficaces.

La particularité de l'orgueil et de la crainte est qu'ils sont ressentis par chacun, mais commun à tous. Nul n'en est dépourvu, c'est pourquoi si vous voulez agir sur la masse c'est par là qu'il faut commencer. Jouer sur les motivations individuelles d'un point de vue global est la clé.

Trois exemples pour appuyer mon propos. Supposons dans un premier cas que vous vouliez attaquer le pays voisin, parce que ses ressources vous intéressent (par exemple). Vos concitoyens, bien éduqués et propres sur eux, ne le toléreraient pas. Pas sans conditionnement.

Cela devient plus simple si le voisin fait peur. Vous comprenez, ils ne sont pas comme nous, ils sont instables, ils sont dangereux ! Il faudrait y mettre de l'ordre.

Là intervient le jumeau de crainte que l'on pourra appeler orgueil. Car pour se lancer contre un ennemi, à moins d'être idiot, il faut se juger meilleur. Sur le plan moral autant que du côté muscles. C'est politiquement risqué, mais la victoire peut faire de vous un héros national vénéré pour des générations. Ce qui est appréciable en soi.

Toute ressemblance avec des personnages réels...

Si cela vous rappelle des parties de billes géopolitiques contemporaines, c'est normal.

Deuxième exemple, moins extrême : vous voulez isoler votre pays, pour l'amener vers plus d'autonomie, d'indépendance, ou de dépendance vis-à-vis de votre personne, que sais-je. C'est un tout, de toute manière. Le principe reste le même : la défiance pure et dure envers l'étranger ne passera pas, a priori. En revanche, si vous instillez juste ce qu'il faut de peur de l'autre, et d'orgueil national, votre action semblera non seulement juste, mais légitime.

Attention, néanmoins !  Manipuler n'est pas un problème, tant que ça n'est pas visible. Les ficelles ne doivent pas être trop grosses. Aussi, ne faites rien directement ! Chargez un sous-fifre de répandre vos idées les plus extrêmes, et laissez-le en prendre le blâme le cas échéant. Faites-le avec plusieurs intermédiaires pour plus de sûreté.

Car ce qui peut se passer, c'est que vos outils se retournent contre vous. Attisez trop l'orgueil et la masse sera trop fière pour vous tolérer. Attisez trop la crainte, c'est laisser la porte ouverte à d'autres. Ce qui serait dommage, n'est-ce-pas ?

Ce qui nous amène au dernier exemple : celui de la protestation, de la contestation, voire de la rébellion pure et simple. Là, ça n'est franchement pas bon pour vous. C'est pourquoi la prudence est nécessaire : s'ils deviennent trop orgueilleux – ou trop fiers – pour vous craindre, il est diablement difficile de faire machine arrière. Une fois que vous perdez votre ascendant sur eux, soit vous perdez votre place – sinon votre tête – soit vous transformez crainte en terreur. Dans ce cas ce n'est pas se tirer une balle dans le pied, c'est placer le canon sur sa tempe.

Il existe pléthore d'autres exemples, que je laisse à votre sagacité. Un rapide coup d’œil aux événements politiques récents devrait suffire pour nourrir votre imagination.

La conclusion à tirer de tout ceci ? Prudence ! L'exercice du pouvoir n'est pas chose facile. Mais la place est confortable, n'est-ce-pas ?

Le dernier mot, revient à Machiavel : « Il est plus sûr d’être craint que d’être aimé  ».

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