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par Antoine Champagne - kitetoa

Le High Frequency Trading et les risques de santé

En 2010, Kitetoa.com publiait un long article sur le High Frequency Trading. Bien sûr nous n'étions pas les premiers à en parler, mais les détails et la "vulgarisation" du papier permettaient à tout un chacun de se faire une idée précise de ce qu'était cette technique des institutions financières. Cela aidait aussi à comprendre que la prochaine crise financière viendrait très probablement de là.

En 2010, Kitetoa.com publiait un long article sur le High Frequency Trading. Bien sûr nous n'étions pas les premiers à en parler, mais les détails et la "vulgarisation" du papier permettaient à tout un chacun de se faire une idée précise de ce qu'était cette technique des institutions financières.

Cela aidait aussi à comprendre que la prochaine crise financière viendrait très probablement de là. Nous nous étions appuyés sur des recherches de la société Nanex et sur les analyses toujours très pertinentes de ZeroHedge.

Il y a quelques semaines, le nouveau magazine d'Elise Lucet, Cash Investigations diffusait un reportage sur le HFT et la finance folle. Ce qui est une bonne nouvelle puisque la seule chose qui puisse freiner les délires des financiers, c'est la publicité qui est faite autour de leurs actions. Si le public sait ce que font les financiers, et le comprend, il y a des chances pour que les politiques s'en saisissent et y mettent un frein avant qu'il ne soit trop tard. Le reportage abordait presque tous les aspects du HFT développés dans le dossier que lui a consacré Reflets. En revanche, le reportage contenait une erreur d'appréciation monumentale. On y reviendra.

Il semble cependant que le magazine ait  touché un point sensible puisque Cash Investigations, France 2 et Paul Jorion, qui donnait accès au reportage ont reçu un courrier d'avocat leur demandant de retirer la vidéo de leurs sites. Et là, ça devient drôle.

On a bien entendu le passage habituel sur l'utilisation dans la vidéo d'une "marque déposée" ce qui serait de la "contrefaçon". Mais ce qui est véritablement proche de la guignolade, c'est que la société BearingPoint, qui adresse le courrier à Paul Jorion explique sans rire que les crédits impôt recherche qui lui ont été attribués n'ont pas servi à développer une solution de HFT pour la société générale, mais "des algorithmes mathématiques et des solutions logicielles destinées à analyser les causes à l'origine de phénomènes complexes dans les environnements de la santé publique, de la recherche médicale et de l'analyse des risques".

Quand bien même ce serait vrai, BearingPoint vient d'inventer un concept. Les crédits impôt recherche sont de l'argent qui arrive du ciel et qui sont affectés à un projet précis. Jusque là, tout va bien. Mais isoler une activité d'un tout, c'est plus étonnant. Une société qui développe des algos pour une grande banque française et qui ne bénéficie en rien des crédits impôt recherche versés pour à la recherche dans le domaine médical sous prétexte que c'est totalement isolé du reste de son activité, c'est plus rigolo.

L'activité d'une entreprise, est un tout. Si vous bénéficiez d'argent public pour vous développer, vous ne pouvez raisonnablement pas dire que cela ne vous a pas aidé pour l'ensemble de votre activité. C'est un peu comme si Qosmos ou Amesys venaient nous dire que l'argent injecté par le FSI n'avait aidé en rien les projets en Syrie ou en Libye.

Tu t'es vu quand t'as ton ton ?

Peu avant la diffusion du reportage, quelques tweets l'annonçaient. Sur un ton un tantinet grandiloquent. Grosso modo, on allait voir un truc inédit, quelque chose que les banques avaient gardé secret jusqu'ici et que enfin, les supers enquêteurs de Cash Investigation, au péril de leur vie, avaient pu révéler. Ce qui faisait sourire lorsque l'on savait que Nanex, ZeroHedge, Kitetoa.com, le Canard Enchaîné, Reflets, Paul Jorion, Libération, pour ne citer que ceux-là, avaient traité le sujet de long en large depuis des années. Dans le reportage, ce concept est martelé. A plusieurs reprise, la voix off interroge le spectateur : "Vous en aviez entendu parler, vous ?".

Oui, Cash Investigations, on en avait entendu parler et plein de gens en avaient entendu parler. C'est bien que tu te sois réveillé, mais ce n'est pas la peine de survendre ton sujet.

Par ailleurs le reportage cite à plusieurs reprises  le méchant Waddell & Reed qui aurait déclenché le flash crash. Ce qui est une erreur d'interprétation monumentale. Ce qui est d'autant plus étrange que Cash Investigations est allé interviewer le patron de Nanex,  Eric Scott Hunsader. Or si l'on écoute les explications techniques d'Eric Scott Hunsader on ne peut affirmer cela. A moins de manquer un peu de curiosité et de se contenter de la parole de la SEC qui est souvent plus occupée à télécharger du porn qu'à lutter contre les dérives du capitalisme...

 

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