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par Antoine Champagne - kitetoa

La Frenchtech a-t-elle un problème ?

A suivre les comptes Twitter des experts du "digital", on finit par se dire que la France excelle dans ce domaine. Nous avons une tripotée de sociétés qui vont révolutionner le vieux monde du "brick and mortar", apporter aux entreprises classiques une "transformation", améliorer leurs processus, les rendre plus "agiles", bref, les sauver d'une catastrophe annoncée. L'optimisme des experts du "digital" est tel que l'on finit même par se poser des questions.

A suivre les comptes Twitter des experts du "digital", on finit par se dire que la France excelle dans ce domaine. Nous avons une tripotée de sociétés qui vont révolutionner le vieux monde du "brick and mortar", apporter aux entreprises classiques une "transformation", améliorer leurs processus, les rendre plus "agiles", bref, les sauver d'une catastrophe annoncée.

L'optimisme des experts du "digital" est tel que l'on finit même par se poser des questions. A-t-on raté quelque chose pour ne pas voir tous les bienfaits de la "digitalisation", de la "transformation numérique" dans tous les domaines ? Vivons-nous dans une autre dimension, sommes nous des "déclinistes" pour ne pas accueillir cette béatitude qui semble habiter les experts ? C'est une possibilité.

Le business et la technique

L'autre possibilité implique d'essayer de comprendre le type de regard qui préside lorsqu'un expert du "digital" se penche sur une innovation ou une entreprise. Il se pourrait, par exemple, que ces experts lisent les communiqués marketing comme s'ils lisaient un texte sacré. C'est à dire sans esprit critique. Comme s'il s'agissait d'une vérité indiscutable. Partant de là, les experts s'arrêteraient au discours marketing, sans se plonger dans les aspects techniques. Ils valideraient une proposition de service avec un biais "business" qui écarterait totalement les aspects techniques qui sous-tendent le service proposé. Ainsi, accessoirement, que le contexte dans lequel cette proposition de service vient s'insérer.

Concrètement cela donnerait quelque chose comme : "ne serait-il pas merveilleux, utile, et positivement productiviste que telle entreprise puisse enfin s'affranchir de tel problématique qui la ralentit dans son process de décision et d'action, lui ouvrant ainsi un marché plus vaste ? C'est ce que propose cette merveilleuse start-up". On pourrait ainsi mettre en place un CRM ultime qui est relié avec la facturation et les commandes. Un truc très cher, très compliqué à mettre en place, qui nécessiterait une armée de consultant, mais qui serait tellement... Bien, tellement "digital", tellement facteur de "transformation digitale"...

Ce discours pourrait être tempéré par un Gaulois grognon (mais un peu lucidement critique) par : "Bien sûr, mais pensez-vous vraiment que sur un plan technique, cette solution soit efficace ? En outre, prend-elle en compte toutes les problématiques métier de cette branche ?". Mieux, peut-on réellement mesurer le ROI de ce CRM ultime ? Quels impacts sur les branches métiers de l'entreprise ?

Face à l'optimisme un peu béat des experts du "digital", questionner les bienfaits des start-up de la Frenchtech, la pertinence de leurs offres revient finalement à s'auto-étiqueter "décliniste", au mieux, et non-expert, au pire.

Pourtant, il est possible que l'esprit critique puisse éviter des projets pharaoniques extrêmement coûteux.

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