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par bluetouff

Hadopi : le secrétaire général n'est plus en poste

C'est le nouvel épisode d'un truc que les internautes ne vont pas du tout apprécier, il s'agit du lancement d'une initiative visant à transformer HADOPI en un outil vraiment répressif, probablement bien aidé par le lobbying des ayants droit qui trouvait l'HADOPI un peu trop molle : pas assez de procédure, collaboration quasi inexistante à la constitution d'une offre légale et des pressions continues pour une riposte graduée plus ferme.

C'est le nouvel épisode d'un truc que les internautes ne vont pas du tout apprécier, il s'agit du lancement d'une initiative visant à transformer HADOPI en un outil vraiment répressif, probablement bien aidé par le lobbying des ayants droit qui trouvait l'HADOPI un peu trop molle : pas assez de procédure, collaboration quasi inexistante à la constitution d'une offre légale et des pressions continues pour une riposte graduée plus ferme.

L'HADOPI a été ces dernières années un laboratoire qui se positionnait aux premières loges pour mesurer l'effet de la catastrophique pression exercée sur les réseaux peer to peer, les seuls qui permettaient une saine économie du partage. La haute autorité a bien constaté une baisse de l'utilisation du P2P (il s'agit des fameux 35% de Nicolas Sarkozy, c'est ce qui permet à la commission de la protection des droits et à la présidente sortante de défendre son "bilan"), mais dans le même temps une augmentation proportionnelle de l'usage d'autres moyens, comme le direct download qui permet à quelques petits malins de s'assurer des revenus confortables sur le dos des auteurs.

 

L'HADOPI a très bien compris qu'il fallait se poser la question de reconnaitre une économie du partage pour ne pas contribuer comme elle l'a fait ces dernières années à alimenter une économie parallèle de la distribution des biens culturels. Un état de fait que la présidente sortante élude soigneusement, comme la commission de protection des droits... le bilan de l'HADOPI, nous le connaissons, c'est beaucoup d'emails, une poignée de procédures, et surtout l'explosion de cette économie parallèle des sites de direct download.

Exit les promesses de François Hollande qui pendant sa campagne voulait en terminer avec l'HADOPI, exit le "courage" parlementaire du groupe socialiste qui s'était largement opposé aux amendes automatisées... car ce sont bien les amendes administratives automatisées qui sont maintenant en ligne de mire, c'est en ce sens que le Sénat a oeuvré dans son dernier rapport parlementaire.

Sur la base d'une adresse IP, facilement falsifiable, c'est donc vers un système d'amendes automatiques que nous nous orientons, une bien belle réforme de la haute autorité et surtout de rôle de prévention et d'aide à la constitution d'une offre légale.

L'HADOPI sera désormais tout sauf indépendante en perdra non seulement son secrétaire général qui au fil des ans était parvenu à ouvrir un dialogue avec toutes les parties, même les plus opposées à la loi Création et Internet, mais elle perdra ses missions les plus nobles et les moins absurdes. L'HADOPI va montrer le visage que nous craignions depuis le vote de cette loi :

  • une subvention étatique déguisée, cadeau fait aux majors ;
  • Un outil exclusivement répressif : une petite milice au service exclusif des ayants droit.

L'HADOPI n'aura plus le droit de s'auto-saisir d'études, son rôle se cantonnera donc à la distribution d'amendes administratives sur la base d'une adresse IP (!), collectée par une entreprise privée mandatée par les ayants droit qui surveillera le réseau. Terminé également ses travaux autour de l'offre légale, terminé son rôle préventif.

Le changement, c'est donc maintenant.

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