Journal d'investigation en ligne et d'information‑hacking
par drapher

Grexit, Brexit, fausse reprise et bulle à 100 000 milliards

La bulle obligataire, si elle éclate, risque de faire mal… Alors que la sortie de l'Union européenne du Royaume-Uni (par référendum) — et celle forcée de l'euro de la Grèce — commencent à cheminer dans les esprits, des annonces sur un début de reprise économique en Europe s'enchaînent dans les médias.

La bulle obligataire, si elle éclate, risque de faire mal…

Alors que la sortie de l'Union européenne du Royaume-Uni (par référendum) — et celle forcée de l'euro de la Grèce — commencent à cheminer dans les esprits, des annonces sur un début de reprise économique en Europe s'enchaînent dans les médias. La situation serait "moins pire", et la croissance serait "bientôt au rendez-vous" — pleine de promesses d'emplois, de baisse de la dette, de déficit à moins de 3 % : en gros, rien que du bonheur. Les ténors de l'économie orthodoxe défilent sur les plateaux, derrière les micros, pour venir, qui, souligner le très bon exemple britannique, qui, l'Espagne en plein redressement, qui, le Portugal ou l'Irlande qui "iraient nettement mieux".  Même les Etats-Unis. Vraiment ? Par quel miracle et avec quels ingrédients est donc faite cette fameuse "reprise" qui devrait nous mener au contraire, à la catastrophe ?

USA : la croissance dégringole, mais c'est sans importance…

Ce premier trimestre est piteux pour l'économie américaine : leur croissance s'est de nouveau écroulée. Le quotidien Le Monde en fait le constat :

"Entre janvier et mars, le Produit intérieur brut (PIB) a enregistré une croissance quasi-nulle de 0,2 %, selon la première estimation publiée mercredi 29 avril par le département du commerce."

Les raisons, selon l'éditorialiste du Monde sont variées, entre l'hiver très froid, la hausse du dollar, et même… la grève des  dockers ! Mais ces baisses de premier trimestre sont fréquentes depuis plusieurs années, et les ténors ne semblent pas soucieux de ce phénomène, tout en évitant de trop parler du problème global de l'endettement privé américain. 1160 milliards de dollars pour les seuls prêts étudiants. Une dette de l'État fédéral américain de 10 025 milliards de dollars [soit environ 72 % du PIB] en 2008 qui a atteint la somme extraordinaire de 18 300 milliards de dollars fin 2014, soit aux alentours de 110% du PIB. Un compteur temps réel de ce gouffre financier permet de mieux mesurer l'ampleur du phénomène.

Chaque seconde la dette publique américaine augmente de plus de 47 200 euros, soit de plus de 4 milliards de dollars chaque jour et de 1 489 795 918 367 chaque année. Une dette publique US hors de contrôle.

 Mais l'économie américaine n'a pas de problème avec l'endettement, puisqu'elle ne survit que par lui. Les 6 ans de QE (Quantitative easing, Assouplissement monétaire) ont permis d'injecter des liquidités en masse dans le système bancaire et financier US. Résultat : spéculation sur des marchés étrangers, sur des monnaies, et nouveaux produits financier pourris, avec une relance par le crédit à la consommation qui ne se nomme pas, mais est bien là. L'Amérique triomphante a jeté des tonnes de billets verts sur les foules et s'enorgueillit d'une reprise économique en trompe-l'œil, dont les bases sont loin d'être solides. Tout au contraire. Bulle, vous avez dit bulle ? Oui, mais tout le monde s'en moque. On verra bien…

Ailleurs aussi…

QE à tous les étages chez nos voisins du Royaume (britannique) de sa majesté, le tout poussé par des réduction budgétaires drastiques, une suppression ou diminution des aides sociales qui ont eu pour effet une explosion de la pauvreté. La dette ne baisse pas, le déficit non plus, les Britanniques sont de plus en plus pauvres, mais la City continue, elle, à bien se porter. Les indicateurs de bonne santé économique ne sont pas du tout bons (productivité, industrialisation), et le taux de chômage de 5,5% est une illusion fabriquée par plus d'un million de jobs à 0 heure, et autres inactifs cachés, une population la plus endettée par habitant de l'OCDE. Les prix de l'immobilier ont explosé, la bulle immobilière est à son paroxysme, tout le monde attend son éclatement…

…même et surtout sur les marchés obligataires

Dans la zone euro, la décision a été prise il y a quelques mois de sauver le bateau de la même manière : assouplissement monétaire de plus de 1200 milliards d'euros en un an et demi. 60 milliards par mois, plus précisément. Les effets du QE de la BCE ne sont pas terribles : les taux directeurs devraient encore baisser, ils montent. Mais ils étaient déjà quasiment à 0%. Les investissements ne repartent pas. Les banques gardent le cash de leurs obligations d'Etat rachetées par la BCE, le replacent, spéculent avec, mais ne prêtent pas. A quoi bon ? La machine est grippée, c'est une certitude acquise. Une bulle obligataire mondiale est désormais en place, des USA, au Japon, en passant désormais par l'Europe. Il y a trop d'argent et on ne sait vraiment pas quoi en faire chez les banquiers… Rien ne fonctionne normalement, tout fluctue,  et avec 70% de Trading haute fréquence sur les marchés financiers américains et plus de 40% en Europe, les bots sont aux commandes d'une grosse partie de la finance internationale.

Les sorties (peu probables) de l'euro et la réalité du système en panne

Ce qui semble établi, au delà des analyses sur des frémissements ou des reprises de l'économie de telle ou telle zone, c'est que plus personne n'est en mesure de comprendre le fonctionnement global de l'économie post-crise financière. Ces analyses sont bonnes pour des observateurs de la chose économique du XXème siècle, aujourd'hui, elles ne tiennent plus la route. La croissance ne signifie plus grand chose quand elle est entièrement fabriquée par des injections de liquidités, comme un chômage artificiellement abaissée par des mesures de destruction de la protection des travailleurs. La Grèce est en chute libre, l'Espagne se remet à endetter ses classes moyennes, le Portugal revient au même niveau de pauvreté qu'au temps de la dictature, la France compte ses travailleurs pauvres, ses mal-logés, ses enfants dans des familles en dessous du seuil de pauvreté, et les 0,6% de croissance du trimestre seraient une bonne nouvelle ? Pour la cinquième économie mondiale qui vend des dizaines de milliards d'euros en avions de chasse Rafale ? Les salaires stagnent quand le coût de la vie augmente dans toute l'Europe. La Chine exporte chaque année un peu plus quand les balances commerciales des pays industrialisés s'écroulent (hors Allemagne par sa spécialisation). Une austérité synchronisée ne pouvait que freiner l'ensemble déjà bien mis à mal par le siphonnage bancaire opéré lors du grand sauvetage de 2009-2010. Les politiques d'aide aux entreprises dans un contexte de stagnation quasi généralisée dans une même zone d'échange ne servent à rien. Au final, personne ne semble s'en soucier chez les responsables politiques, puisque personne ne parle d'essayer autre chose.

Les sorties de l'euro lancées en l'air — le Brexit (sortie de l'Union européenne) ou Grexit (sortie de l'euro) — semblent en réalité un peu décalées aujourd'hui, puisqu'elles ne changeraient pas grand chose à l'affaire. Il suffit d'observer le Japon pour comprendre cet état de fait.

Un grand basculement était en cours depuis l'entrée de la Chine dans l'OMC au tournant de ce siècle, il s'est accéléré avec le "tsunami de la crise des subprimes". La plus grande bulle financière mondiale de tous les temps est en train d'enfler de nouveau. C'est la bulle obligataire à 100 000 milliards de dollars qui était de 70.000 milliards en 2007. C'est avec son éclatement que tout se jouera. Sachant que les "crises" ont la fâcheuse tendance à se reproduire tous les 7 ans, que la dernière a eu lieu en 2008 et que nous sommes en 2015…

Tout ça risque d'être encore plus dramatique que la dernière fois.

Et partira d'Europe.

 

0 Commentaires
Une info, un document ? Contactez-nous de façon sécurisée