Journal d'investigation en ligne et d'information‑hacking
Édito
par Yovan Menkevick

Global zombification : surtout, ne changez rien !

Après une campagne électorale américaine de haut vol, nous voilà, en France, face à la primaire de droite : un spectacle démocratique extraordinaire. Dans le même temps, l'ex banquier et ex ministre de l'économie, un homme anti-système et révolutionnaire, s'est déclaré pour la présidentielle française : Emmanuel Macron. François Fillon, cette figure incontestée de… quoi ?

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Après une campagne électorale américaine de haut vol, nous voilà, en France, face à la primaire de droite : un spectacle démocratique extraordinaire. Dans le même temps, l'ex banquier et ex ministre de l'économie, un homme anti-système et révolutionnaire, s'est déclaré pour la présidentielle française : Emmanuel Macron.

François Fillon, cette figure incontestée de… quoi ? François Fillon n'est rien en politique, juste un pantin qui a exécuté des ordres pendant 5 ans sous les talonnettes d'un politicien véreux qui a réussi à aspirer une partie des voix du FN pour se faire élire en 2007 ?

Reprenons tout depuis le début. Nous sommes dans un monde habité par une majorité de zombies, décrit par des zombies, dirigé par des zombies qui ont comme objectif de "zombifier" l'ensemble de la planète. Si vous n'y croyez pas et pensez que tout ça "c'est même pas vrai" et que "les théories du complot ça commence à bien faire" — mais que vous êtes curieux quand même, alors suivez le guide. Vous allez voir, c'est très amusant… mais pas que.

Quand plus personne ne sait quoi faire, tenter n'importe quoi semble le plus approprié

L'injonction contradictoire est une méthode managériale pour se débarrasser des éléments indésirables d'une entreprise, ou à minima, pour les rendre dociles. A force de devoir faire tout et son contraire, ou tenter de suivre des ordres impossibles à accomplir, l'employé s'épuise et craque psychologiquement. On peut ainsi le tenir sous son emprise, en laisse. Ou l'épuiser pour l'évacuer et le remplacer par quelqu'un de moins cher. C'est ainsi, par exemple, que fonctionne le système hospitalier français, avec des obligations de résultats de plus en plus élevées et des moyens… de plus en plus réduits. Les salariés de l'hospitalier en viennent à se suicider, et quand ils résistent à la pression, à simplement travailler comme des zombies. Dépressifs. Se sentant coupables, mais zombifiés : sans volonté, passifs, effacés, en pilote automatique.

Cet état de fait n'est que très peu relayé par les zombies de l'information, sauf quand il y a des morts ou des débuts de manifestation un peu fortes parmi les personnels hospitaliers. Puis les zombies de l'info passent à autre chose. De plus zombie-compatible. Et c'est bien normal, puisque les zombies de l'information sont eux-mêmes pris dans un processus de zombification. Les précaires sont légions dans le monde de l'information, ce qu'on appelle "lémédia", comme dirait Lordon. Le précaire a peur : de perdre son travail, de ne pas pouvoir payer ses traites à la fin du mois, d'être remplacé par un autre plus jeune, plus passif face à la direction, moins tenté de se rebeller. A termes, il passe en mode zombie, parce que c'est le plus simple et le moins inquiétant : recopier les articles des autres en les modifiant un peu, bâtonner des dépêches AFP, écrire des articles les plus lisses et les plus neutres possibles, animer des émissions ou présenter des journaux en évitant toujours les questions qui fâchent. En suivant la pensée zombie, celle qui a recouvert le monde. Une pensée qui ne fait jamais acte de réflexion ou de contestation "d'évidences" érigées en dogme, même lorsqu'elles s'effondrent dans les faits.

Et c'est là, dans cet instant particulier qui arrive à son apogée, dans la médiocrité, l'aliénation de la pensée généralisée, qu'arrivent les chefs zombies de la dézombification déclarée. Ceux qui annoncent que "comme plus personne ne sait quoi faire, parce qu'on tourne en rond comme des zombies, il faut faire quelque chose !" Et que proposent-ils, puisqu'ils sont eux-mêmes des zombies en chef ? N'importe quoi…

Proposer n'importe quoi n'est pas donné à tout le monde, mais y croire, si

De nombreux politiciens sur la planète ont compris que dans un monde zombifié, où la pensée critique et la réflexion de fond ont disparu, le mieux était de raconter n'importe quoi, de proposer de changer les choses avec des propositions totalement décalées au regard de ce qui était jusqu'alors "pensé". Ce contrepied au "bon sens zombie officiel de l'ordre établi ou ses contestations même les plus pertinentes" est censé démontrer aux zombies que leur sort n'est pas scellé, que peut-être bien qu'en essayant des trucs totalement débiles et incohérents, qui n'ont aucun sens historique ou politique mais sont censés "remettre en question" les politiques zombies en cours depuis 30 ans, tout en poussant encore plus loin le pire de ces politiques, on pourrait faire émerger un autre monde. Oui, bien sûr, mais lequel ? Un monde de zombies, désormais rassurés de l'être ? Possible. Regardons de plus près quelques propositions jetées en l'air, tant chez nos cousins tueurs de bisons ainsi que chez nous, au pays des fromages qui puent et des représentants des forces de l'ordre qui obligent les conductrices à leur faire des gâteries pour faire sauter leurs PV…

Trump a expliqué que le mal absolu qui blessait son pays de zombies, c'étaient "les autres". Mais oui ! Caramba, mais c'est bien sûr ! On n'y avait pas pensé : les autres, c'est le mal (ou l'enfer pour certains). Le président zombie américain a donc promis plein de choses pour stopper "les autres", ceux qui blessent : l'économie zombie américaine, le marché zombie de l'emploi américain, l'industrie zombie américaine, le mode vie zombie américain, la race zombie américaine, bref tout ce qui fait la grandeur zombiesque de l'Amérique. Et ça a marché plutôt bien pour le chef Zombie Trump mais qui désormais recule un peu dans l'application de sa politique, parce qu'une fois qu'on a lancé "n'importe quoi" puisqu'on ne sait "plus quoi faire", un problème survient : Le n'importe quoi est très dangereux dans ses effets. Ce qu'on appelle les "conséquences" d'une politique. Et comme de toute manière le monde de zombies dans lequel on nage — comme un parlementaire français dans les privilèges dignes de la monarchie — est très codifié et orienté dans un sens unique, et bien l'idée qui arrive très vite avec le "n'importe quoi" est celle de reculer. Oui, on ne sait jamais : le n'importe quoi pourrait se révéler un peu catastrophique et les zombies pourraient se rebeller, voire, se dézombifier… Allons savoir ? Sachant que les ténors du n'importe quoi ont participé activement à la zombicfiation actuelle, la situation ne manque pas de sel.

En France, le parc des zombies s'agite, les bras bien tendus en avant devant leurs postes

Il y a une règle dans le monde de zombies, qui s'est mise en place et qui doit perdurer pour que le parc de zombies continue à tourner : regarder la télévision. Ou en avoir une, au moins. Tout en disant "qu'on ne la regarde jamais". Pour suivre à minima le spectacle des zombies, surtout lorsqu'il y a du "suspens déclaré". Par exemple, François Fillon et ses propositions de zombie "qui propose n'importe quoi par ce qu'on a tout essayé" est relayé et commenté par un maximum de zombies : de droite, de gauche, de ceux dans lémédia, des artistes zombies, bref, vous avez compris.

Macron, le zombie libéral — mais quand même un peu social il paraît d'après la presse zombie — qui veut faire une "révolution" (de zombies) et appelle à se rebeller contre le "système zombie", propose lui aussi n'importe quoi parce qu'il faut faire n'importe quoi pourvu que ce ne soit pas comme les anciennes politiques zombies. Lémédia zombies sentent que ce serait mieux si c'était Macron, parce que ce zombie là serait peut-être plus de leur côté que d'autres ? Le président zombie François Hollande, dans son palais de l'Elysée plein de zombies, attend, en bon zombie. Le parc de zombies tourne en rond, attend lui aussi, mais grogne de faim, comme chez les cousins du pays "qui tue des noirs parce que c'est des autres", parce qu'on lui a dit, au parc de zombies, qu'ils avaient faim, parce qu'on leur a bien répété qu'ils étaient des zombies tout juste bons à tourner dans leur parc. A passablement s'ennuyer. Alors qu'en faisant n'importe quoi, tout ça pourrait changer… "Parce que c'est plus possible".

Néamoins, personne n'est prêt à proposer quelque chose pour changer la société de façon humaniste, avec des analyses de fond, basées sur des constats longs et des réalités vérifiables, une vision qui voudrait entre autres que la souffrance humaine est une préoccupation centrale en politique, qu'elle devrait être amoindrie autant qu'il est possible de le faire dans une société digne de ce nom. Qu'accueillir l'autre, celui dans la difficulté en particulier, est une chance, un moyen de rester humain, de rester digne. Mais non.

Et c'est bien normal que plus personne ne s'en préoccupe. Puisque la global zombification est en cours, et que les zombies — qu'ils soient aux manettes ou non — n'ont absolument aucun souci de toutes ces préoccupations d'une autre époque, d'un autre monde. Eux, ils regardent les écrans bourrés d'autres zombies, pensent zombie, se voient zombies, ont des envies de zombies. Particulièrement celle du "n'importe quoi". L'envie qui ne demande pas de se poser des questions ou de réfléchir, de se questionner, une envie de n'importe quoi, une envie de zombie.

Conclusion provisoire : laisser passer la marée zombiesque bien à l'abri ?

40 ans de politique globale basée sur l'annihilation de toute contingence humaniste, sociale, de destruction de la préservations des acquis universel de l'après guerre pour forcer la planète entière à "faire du commerce de zombies et des profits de zombies à tout prix" a un coût. Il se paye par une transformation plutôt désagréable des individus, observable à grande échelle aujourd'hui.

La fin des êtres humains et leur mutation en zombies est-elle inéluctable ? Zombie de gauche ou zombie de droite, quelle importance ? Zombie salarié ou entrepreneur, réactionnaire ou révolutionnaire, réformiste ou conservateur, précaire ou fonctionnaire, riche ou pauvre, éduqué ou inculte, zombies des tous les pays unissez-vous devant vos écrans et allez les bras bien tendus bourrer des urnes pour la promesse d'un n'importe quoi qui vous unira dans l'espoir d'un monde de zombies nettoyés "des autres". Vous savez, les autres, ceux qui ont vraiment faim. Sur les routes. Couverts de poussières. Epuisés. Ces zombies que vous craignez tant, et qui ne vous ressemblent pas, dites-vous.

Ces zombies que vous voulez renvoyer chez eux. Ces zombies qui n'en sont peut-être pas, parce qu'ils n'en ont pas les moyens.

La marée de zombies doit s'exprimer, visiblement, et mettre au pouvoir un prétendant ou une prétendante au n'importe quoi. Une zombie en chef prête à proposer encore plus de n'importe quoi ?

Dans tous les cas : Aléa jacta est. Et Dieu reconnaîtra les siens…

Amen.

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