Journal d'investigation en ligne et d'information‑hacking
par Antoine Champagne - kitetoa

Et si on prenait le temps d'un livre pour réfléchir à l'échec annoncé de la loi Hadopi ?

Le système mis en place par la loi Hadopi et qui aura coûté au moins 13 millions d’euros et il est au point mort depuis la découverte d’une faille de test sur les serveurs de test de TMG. C’est probablement le bon moment pour prendre un peu de recul et s’interroger sur la pertinence de la réponse de l’UMP aux bouleversements induits par Internet et par la banalisation de l’ADSL. C’est justement ce qu’a fait Juan Branco avec son livre « Réponses à Hadopi » aux éditions Caprici.

Le système mis en place par la loi Hadopi et qui aura coûté au moins 13 millions d’euros et il est au point mort depuis la découverte d’une faille de test sur les serveurs de test de TMG. C’est probablement le bon moment pour prendre un peu de recul et s’interroger sur la pertinence de la réponse de l’UMP aux bouleversements induits par Internet et par la banalisation de l’ADSL. C’est justement ce qu’a fait Juan Branco avec son livre « Réponses à Hadopi » aux éditions Caprici.

A coups de bon sens et de chiffres, l’auteur démonte la réponse de l’UMP au phénomène du téléchargement. « Ouin-Ouin, c’est trop injuste » clament les majors, avec Internet on perd des milliards. Oui, mais non, répond calmement Juan Branco :

« A la différence de la musique, le cinéma continue à bien se porter. La crise l’a même renforcé.  Il a bénéficié entre 2000 et 2010 des reports de consommateurs, qui, suite à la baisse de leur pouvoir d’achat, n’ont pu se permettre de sorties culturelles (ou de loisirs) plus onéreuses. Il a en outre développé des stratégies d’amélioration de l’offre, comme les cartes illimitées. Les 206,49 millions d’entrées enregistrées en 2010 dépassent les records des années 60, époque où le seul média concurrent, la télévision, n’opposait que de faibles armes, qualitatives et quantitatives ».

Voilà pour le cinéma. Ca, c’est fait.

« Les montants répartis par la Sacem n’ont cessé d’augmenter malgré la crise du disque et la crise tout court ».

Voilà pour la musique.

Juan Branco, visiblement fin connaisseur de l’industrie du cinéma nous entraine par ailleurs dans un intéressant flash-back. Retour vers les années 80 quand Jack Lang et plus généralement les gouvernements de François Mitterrand ont sauvé le cinéma français.

A l’époque, rappelle Juan Branco, les industriels voulaient réserver l’usage des cassettes VHS aux professionnels. L’industrie musicale avait en son temps tenté de limiter la commercialisation des cassettes audio. On se prend à réfléchir tout haut. Les magnétoscopes permettaient de « graver » les films qui passaient à la télévision. Les cassettes audio, la musique qui passait à la radio. Et de partager tout ça avec ses amis. Quelle différence avec Internet ? Aucune, à part la simplicité et le volume partagé. Mais Juan Branco ne cesse de pointer un petit défaut de l’industrie culturelle : elle refuse obstinément de mettre en place une offre légale qui soit une mise en commun des catalogues sur une plateforme unique. Du coup, nombreux sont ceux qui sont obligés d’aller chercher « illégalement » les perles rares que les majors refusent de mettre à disposition en ligne.

« Il faudra un jour admettre l’évidence. Si le partage s’est développé sans contrôle, ce n’est pas que les mesures répressives ont manqué. C’est qu’après s’être trop bien adaptée à celle de la télévision, l’industrie du cinéma s’est montrée incapable d’adapter son offre à l’émergence d’Internet. Elle s’est contentée de prolonger – trop longtemps- ses modèles de distribution. Elle n’a pas proposé de nouvelle offre. A-t-elle cherché à enrichir l’existante ? Même pas ».

Le livre de Juan Branco se termine par une incongrue interview de Jean-Luc Godard. Et si le cinéaste confesse son inculture en matière d’Internet, il a cette réflexion passionnante :

« comme la salle de cinéma, Internet n’est qu’un moyen de diffusion. Si quelqu’un veut l’œuvre, qu’il al copie. J’ai été payé pour mon travail, ou je me suis débrouillépour être payé pour mon travail. Si je n’ai pas été payé, c’est que je suis idiot, que j’ai travaillé pour rien. Pour le reste, ce n’est plus mon problème ».

Voilà qui rejoint la problématique des journaux en ligne comme Reflets. Si l’on est payé une fois, est-il normal d’être payé une seconde fois ? Non.

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