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par drapher

(Edito) Le monde ne va pas très bien : basculement de l'histoire ?

C'est une accélération sans précédent de la donne géopolitique mondiale qui vient de s'opérer en quelques mois, poussée en parallèle par de nouveaux événements économiques très alarmants. Tous les voyants sont au rouge, qu'ils soient militaires, politiques, sociaux ou économiques. Prenons cinq minutes pour réfléchir à "l'état du monde". Economie : la grande escroquerie ? La croissance du PIB européen est nulle ou presque.

_ C'est une accélération sans précédent de la donne géopolitique mondiale qui vient de s'opérer en quelques mois, poussée en parallèle par de nouveaux événements économiques très alarmants. Tous les voyants sont au rouge, qu'ils soient militaires, politiques, sociaux ou économiques. Prenons cinq minutes pour réfléchir à "l'état du monde". _

Economie : la grande escroquerie ?

La croissance du PIB européen est nulle ou presque. Le chômage augmente, les protections sociales sont amputées, les salaires stagnent ou sont abaissés, la pauvreté augmente, les petites et moyennes entreprises ferment ou licencient, de nombreux gamins des écoles de pays de l'Union partent le ventre vide à l'école pendant que les dirigeants politiques du vieux continent continuent à discuter de la nécessité ou non de continuer les politiques d'austérité budgétaires liées au TSCG (le fameux traité que le "président normal Hollande" promettait de renégocier s'il s'emparait du trône républicain était élu ).

C'est donc un écroulement qui s'opère. Celui du modèle social (capitaliste). Pas celui du néo-libéralisme, qui pour sa part, se porte très bien : les marchés financiers sont tout feu-tout-flamme, le système bancaire s'est très bien redressé grâce à l'aide des Etats sommés de couper les vivres à leurs citoyens, l'argent sur les places financières n'a jamais été si bon marché. Les fonds vautours se jettent sur leurs proies avec délectation, les socio-démocrates d'Europe ont "enfin" compris (?) le TINA néo-libéral menant au dépeçage de ce qu'il reste du modèle social et de la vente massive des structures publiques aux multinationales…

Il faut envisager quand même que les banques européennes peuvent emprunter à 0,05% auprès de la BCE depuis quelques jours : autant dire bénéficier de crédits gratuits. L'euro baisse, ce qui est normal, et cela devrait aider les exportateurs, enfin, pour ceux qui arrivent encore à exporter conséquemment. Mais où passe donc tout cet argent emprunté gratuitement par les banques ? Il reste dans les caisses des dites banques. Pour reconstruire leurs marges. Normal, les banques estiment que le risque est trop grand de prêter…et puis de l'argent gratuit, c'est toujours sympathique, surtout si on en joue une partie sur les marchés.

Aucun plan européen de relance de la croissance digne de ce nom à l'horizon, la fermeture des robinets des dépenses publiques est généralisée : la déflation s'est presque invitée dans la zone euro, et lorsqu'elle sera présente, c'est une spirale économique terrifiante qui débutera.

Bon nombre de décideurs politiques en sont conscients. Vont-ils brusquement réagir et contraindre Berlin dans le sens d'une relance d'urgence ? Justement, le plan de relance européen de 300 milliards d'euros est là, encore au stade de discussion, mais de toutes les manières, pour nombre d'observateurs, il ne sera pas suffisant. Se rappeler le plan de sauvetage des seules banques en 2009, qui atteignit alors 1400 milliards d'euros, entre les garanties d'Etats et le cash "prêté", de plus de 400 milliards.

L'assouplissement monétaire américain qui a tenu sous perfusion une bonne partie de la planète en inondant les marchés de dollars de la FED  arrive en fin de course avec la politique du "taping"…il ne reste pas grand chose pour empêcher le paquebot économique européen de couler, et à sa suite…?

Délires politico-militaires au Proche-orient (et ailleurs)

L'Etat islamique, (ou Daesh en arabe, ISIS en anglais) s'est invité dans le grand jeu stratégique (principalement gazier et pétrolier) proche oriental. Le plus étonnant reste la surprise (feinte ?) des médias et des responsables politiques face à ce raz-de-marée djihadiste pourtant connu depuis 2006, en encore plus particulièrement depuis la récupération du printemps syrien avorté — par les dits  groupes djihadistes, en 2011.

Djihadiste est un bien grand mot pour qualifier une bande de gangsters barbus aux pratiques dignes d'un autre âge, qui violent, pillent, torturent, assassinent, et tiennent des livres de comptabilité avec une grande habileté : 100 millions de dollars de pétrole rentrent dans les caisses de Daesh chaque mois selon les dernières estimations. Sans parler des fonds récupérés dans les établissements bancaires au fil de leur progression. Une grande partie de ce pétrole de contrebande transite par la Turquie : business is business, personne ne trouve rien à y redire.  Face à ces grand tarés sanguinaires du Daesh, Assad et ses sbires en deviennent presque sympathiques  fréquentables  : c'est dire.

Des mercenaires "djihadistes" de l'Etat islamique autoproclamé dans le nord irak, en juin dernier

Obama attaque donc par les airs, aidé de l'Arabie saoudite — qui a pourtant financé ces groupes depuis le début du "printemps syrien". La monarchie pétrolière accueillera désormais l'armada américaine. Tout le monde semble parfaitement raccord. Même la France, grande amie de la monarchie du Qatar, principale aide, elle aussi, des groupes djihadistes de la région. La même France qui signe des contrats d'armement avec l'Arabie saoudite dans une real politik qui bat son plein, à la limite du clivage pathologique. Enfin, pas entièrement : l'Etat français a augmenté de 43% ses ventes d'armes en 2013. Il n'est pas difficile, au final, de comprendre la stratégie des affaires étrangères menée par Fabius. Plus on fait des démonstrations belliqueuses, plus on vend : quand les affaires vont bien, tout va bien.

En Ukraine, rien de nouveau. Un avion de ligne [bourré de scientifiques néerlandais] abattu par un missile d'origine russe, et personne ne bronche. La Crimée a basculé côté russe. L'est et le sud de l'Ukraine sont en pleine bataille de type old school avec plein de morts dans les deux camps et une population revenue 70 ans en arrière : aucun problème du côté de l'Union. Ah, si, quelques sanctions économiques européennes et américaines à l'encontre de la Russie. Mais qui finira le plus puni dans cette affaire ?

Quant à la bande de Gaza, bombardée pendant un mois et demi, elle compte ses morts et se demande ce qu'il peut bien encore arriver de pire. La Centrafrique continue de s'auto-massacrer allègrement (discrètement), le Mali est en sursis, la Libye part en quenouilles, la RDC et ses rebelles qui mutilent, violent, assassinent, n'intéresse toujours personne de bien intentionné… Les foyers de violence, de déstructuration des Etats sont si nombreux, qu'ils en donnent le tournis.

Un virus (très mortel) qui décime les Africains : a brave new world…

Ebola est une super saloperie  une maladie, hyper angoissante. Si ce virus touchait l'occident, il est certain que des moyens colossaux seraient mis en œuvre pour l'éradiquer. Mais, sur le continent noir, on fait comme si l'épidémie n'était pas si importante que ça, avec des moyens étrangers très réduits, laissant les Etats concernés se débrouiller par eux mêmes, avec des moyens totalement ridicules. Tout en criant au loup via l'OMS, parce que faire peur, c'est quand même à la mode, et toujours une bonne manière de faire faire le dos rond aux citoyens ?

Photo : MSF

L'aide apportée aux populations africaines est totalement sous-dimensionnée et ne correspond en aucune manière à la gravité de la situation. Certains en viennent à crier au complot, d'autres à un scandale unique dans l'histoire des épidémies : il n'en reste pas moins que les citoyens des pays concernés vivent une situation terrifiante, digne d'un film catastrophe, dans une quasi indifférence. Y-a-t-il un plan mondial pour sauver l'Afrique d'Ebola ? Non. Il faudra expliquer un jour pourquoi — si rien de plus n'est mis en œuvre au niveau international.

 Pays riche(s) en perte de puissance

Si la France n'est pas touchée par les horreurs de la guerre et des épidémies en cours dans plusieurs parties du globe, elle n'en reste pas moins un pays à la population très déprimée et en colère. Une sensation d'écroulement social, économique, politique, voire culturel, partagée par le plus grand nombre. Avec, au delà de la sensation, une partie grandissante de la population française qui souffre véritablement : les inégalités progressent, les problèmes de logement, d'accès au travail rémunéré, aux soins, s'accentuent.

Face à cette situation, le couple exécutif Hollande-Valls entretient  un statu-quo terriblement destructeur, composé de reniements électoraux doublés d'un adoubement saisissant aux puissances de l'argent. Les deux compères ne cachent même plus leur adéquation au  modèle européen actuel de paupérisation des peuples, soumis au règne des méta-entreprises dont le chiffre d'affaire supérieur au PIB de certaines nations leur permet d'imposer leurs propres règles. Les masques sont véritablement tombés, la corruption des partis de gouvernement est désormais avérée, et elle n'est pas seulement financière, mais aussi— et surtout, idéologique. Un boulevard pourrait s'ouvrir au parti d'extrême droite dirigé par Marine Le Pen, à moins que…?

Redistribution des cartes

Le survol des grands événements de cette année, à l'échelle planétaire, s'ils sont replacés dans un contexte historique long, amène une réflexion sur une "redistribution des cartes" en cours. Les grandes nations, ex-empires coloniaux, ne sont plus en mesure d'assurer leur rôle de leaders mondiaux. Leurs économies s'effondrent lentement mais sûrement, la super-puissance américaine s'essouffle et démontre qu'elle n'est plus en mesure  de conserver son  statut d'antan. La Chine, l'Inde, la Russie ne craignent plus d'affirmer leurs progressions à tous les niveaux : technologique, économique, politique. La grande illusion d'un monde apaisé, ayant comme modèle la société occidentale, le respect des droits de l'homme s'est dissipée : les nations dominantes sont celles qui écrasent les autres dans une compétition économique sans règles, où le plus fort l'emporte.

Cette année a démontré le probable "grand basculement" en cours, vers un monde profondément multilatéral, chaotique, cynique et brutal. Un monde où les Etats anciennement garants de la paix, défenseurs des droits de l'homme, seront des nains à bout de souffle aux populations épuisées et désabusées, refermées sur elles-mêmes, face à des émergents à la progression sans faille. Le tout dominé par les seuls vraies super-puissances du XXIème siècle : les multinationales et les marchés financiers.

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