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par Robert Matrice

Do you speak entre amis

Daniel Vorndran CC-BY-SA (2014) Une belle journée de manifestation, ce jeudi 21 septembre, juste avant le passage des ordonnances pour la loi travail. La RATP simplifie les trajets, tous ceux correspondant au trajet de la manif sont zappés, la rame roule à fond de train dans des stations vides. Elle est remplie de militants hilares. Ils sont venus de loin, et l'ambiance vintage du wagon, la connivence des passagers les réjouissent.

Daniel Vorndran CC-BY-SA (2014)

Une belle journée de manifestation, ce jeudi 21 septembre, juste avant le passage des ordonnances pour la loi travail.

La RATP simplifie les trajets, tous ceux correspondant au trajet de la manif sont zappés, la rame roule à fond de train dans des stations vides. Elle est remplie de militants hilares. Ils sont venus de loin, et l'ambiance vintage du wagon, la connivence des passagers les réjouissent.

Le gros tas de gens au pied de Montparnasse est étonnamment hétérogène, avec des syndicats exotiques, comme les cadres ou les travailleurs chrétiens, en plus de tous les grands classiques, toujours aussi bien équipés en montgolfières colorées. Pour changer des mojitos servis au cul des camionnettes, la CNT avait un triporteur avec, entre autres, du thé équitable. Rep à ça, les bobophobes... Surtout qu'un peu plus loin, il y avait un vélo cargo avec de la bière à la pression, en mode maker et la pompe à pied pour amorcer le bazar.

Je suis déçu de l'absence de l'hélicoptère jaune, l'oeil de Caïn de l'année dernière. De manière générale les CRS sont discrets, juste là pour orienter les flots de gens qui sortent du métro. Tout, tout devant, il y a un mur de camionnettes de police, avec les gyrophares bleus, là, je pense qu'il y en a beaucoup plus, des personnes en bleu marine.

Ah... Un bouchon... C'est juste Mélenchon qui se fait interviewer. Des gens avec l'écharpe tricolore des élus, portée fièrement. Oula, pourquoi ce garde du corps hyper concentré, sur le bord du cortège, statique, l'ambiance est pourtant super détendue ? Ahhh, c'est juste Martinez et sa moustache qui vient papoter sur le bord du cortège.

Que de peoples ! C'est toujours surprenant de voir des gens que l'on ne connaît qu'en photo, en pour de vrai. Il est super nature (et pas très grand).

Un peu de remontage pour atteindre la limite entre le cortège syndical et le cortège de tête. Cette fois il n'y a pas de grands trous. Pas de forains non plus, du coup il fait beau, et tout le monde est détendu.

Un drapeau très haut perché sur une hampe géante : « Nuit Debout ». Déjà vintage, déjà indispensable.

À l'avant du cortège syndical, il y a le service d'ordre de la CGT. Ça dégouline de testostérone. Ils ont tous révisé en re-regardant 300 tout en buvant de la bière. Ils forment un carré sur toute la largeur de la voie, et foutent dehors sans ménagement toute personne qui oserait y entrer.

Pour remettre les pendules à l'heure, suite aux gnons de la dernière manif, le pink block et Act Up sont installés juste devant le service d'ordre de la CGT et chantent à tue-tête un slogan original (et pédagogique): « Macron, patrons, on t'encule pas : la sodomie, c'est entre amis ».

Un peu devant, dans le cortège de têtes, de jeunes syndicalistes anarchistes : « Au feu les patrons ! Au feu la police ! Au feu les parents ! ». Des fans de Pink Floyd, je suppose.

Des totos réclament le droit de brûler des voitures de police « Et un et deux et trois voitures de police brûlées », en soutien au procès qui se déroule en ce moment, je suppose.

Le cortège peine un peu dans la montée pour arriver à la place Denfert, avec le gros lion. Une fois arrivé, il se pose carrément. Ça tombe bien, il y a une fanfare de qualité, cuivres et percussions, qui chante dans une langue latine inconnue. Enfin, que moi je ne connais pas. Et tout le monde s'en fout de ce détail, ils sont clairement bons. Ça change de l'inévitable Zebda.

Le trajet redescend, prends une grosse avenue avec du métro aérien, avec pas mal de travaux. Du coup, le cortège splitte : À gauche la folle jeunesse, à droite les syndicalistes traditionnels. Pas sûr que ce soit prévu, ce double front. Du coup, un peu de mouvement de foule pour choisir son bord, et une grosse grappe d'Antifa passe du coté syndicat, pour les devancer. Les totos semblent énervés par la présence de grillage autour du chantier. Mais tout se calme rapidement. Toutes les banques du trajet sont couvertes de panneaux de contreplaqués, pratiques pour le tagage de slogan, comme le très explicite « cacapipitalisme ».

Quelques boums, quelques nuages de lacrymos. Ça pue toujours autant, ces merdes. Mais le cortège continue d'avancer sereinement, par à-coups. Ouh, un gros boum qui déclenche une vague de recul. C'est quoi ce machin ?! Un pétard pour la chasse aux brontosaures ?

Quelques lycéens s'encanaillent sur des portes-pubs d'un abribus déjà défoncé. Tout le monde déteste la publicité : plus aucune pub sur le trajet de la manif.

Ah, place d'Italie, enfin, les gens en ont un peu plein les pattes, mais sont tranquilles. Hum, ne serait-ce point Lordon là, avec son petit bandana turquoise pour gérer les gaz ?

De nouveau, les odeurs de merguez.

La foule du cortège se déverse sur la place, c'est clairement une manif réussie, diverse et motivée.

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