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Édito
par bluetouff

Christine, remets nous des cahuètes !

Numerama nous en apprend une bien bonne encore aujourd'hui. Christine Marin est député UMP de la 23ème circonscription du Nord. Dans une question écrite posée au Gouvernement et spécifiquement adressée au Ministre de la Culture, la député s'interroge, sans aucun complexe, sur l'opportunité d'obliger les diffuseurs de contenus vidéo à demander une autorisation à la Haute Autorité pour la diffusion des oeuvres et la protection des droits sur internet (HADOPI).

Numerama nous en apprend une bien bonne encore aujourd'hui. Christine Marin est député UMP de la 23ème circonscription du Nord. Dans une question écrite posée au Gouvernement et spécifiquement adressée au Ministre de la Culture, la député s'interroge, sans aucun complexe, sur l'opportunité d'obliger les diffuseurs de contenus vidéo à demander une autorisation à la Haute Autorité pour la diffusion des oeuvres et la protection des droits sur internet (HADOPI). Vous trouvez ça gonflé, surréaliste et parfaitement inutile ? Attendez un peu ...

L'idée n'est pas d'elle mais de l'ami Silvio Berlusconi. A la tête d'un empire médiatique, Silvio Berlusconi est un peu à l'audiovisuel italien ce que Pascal Nègre est à la musique en France, à la tête d'un empire qui a eu son heure de gloire dans les années disco mais qui a méchamment pris la poussière depuis la démocratisation d'Internet. Le président italien a trouvé par le biais d'une loi le moyen de pression ultime sur les sites de vidéos communautaires à qui il reproche la rediffusion des programmes de ses chaînes. Silvio non plus n'a pas encore compris qu'Internet était une machine à copier.

Christine Marin évoque bien ce texte de loi qui impose l’obtention d’une licence pour pouvoir être en mesure de diffuser des vidéos. Elle y fait d'ailleurs directement référence, toute fière qu'elle est de sa trouvaille "Certains pays européens, comme l'Italie, ont décidé d'aller plus loin sur ce sujet en contrôlant la mise en ligne et la diffusion des contenus par un système d'autorisation préalable avec le décret Romani. Ce dispositif permet de contrôler les contenus mis sur de nombreux sites italiens de plus en plus utilisés pour échanger films et musiques, voire même les réseaux sociaux qui dépassent de plus en plus leurs cadres d'utilisation". Alors je vais vous la refaire à l'endroit. Ce n'est pas "certains pays européens", mais uniquement l'Italie, et pour des raisons pour le moins louches. Que cette lutte complètement idiote contre la vocation première d'internet (dupliquer des information) soit le fruit d'une méconnaissance crasse de la nature du réseau, passe encore. Mais de là à s'obstiner dans la mise en oeuvre de moyens de censure de ce type, c'est soit une manoeuvre de lobbyiste un peu gauche (gros comme un éléphant dans un magasin de porcelaine), soit une véritable insulte à certaines valeurs très républicaines qu'une partie de la majorité semble avoir passé aux oubliettes ces derniers temps.

Qu'un élu effleure l'idée de remettre en cause l'exercice d'une liberté fondamentale au nom des croisés du copyright est anachronique, inquiétant et révoltant. Ces attaques répétées visant à chercher à contrôler Internet vont finir par installer durablement un climat nauséabond et au final, ce sont forcément les industries culturelles qui y perdront...

Comme nous le rappelle Numerama, ce n'est pas la première fois que l'Office de Minitellisation du Web Français se manifeste à l'UMP. C'est Frédéric Lefèbvre qui avait en 2008, le premier, émis l'idée de placer l'Internet sous la houlette du Conseil supérieur de l'audiovisuel. Plus récemment, ce sont Christian Vanneste (UMP) et René Dosière (PS) qui ont co-signé un rapport parlementaire dans lequel ils s'interrogeaient sur l'opportunité d'un rapprochement entre HADOPI et CSA.

HADOPI + CSA, si vous avez un peu de mal à comprendre, c'est en gros :

  • la promesse d'une censure à priori sans intervention d'un juge pour tout contenus audiovisuels que vous auriez envie de publier sur Internet ;
  • la petite mort sur notre territoire des sites communautaires de streaming ;
  • complètement débile, vu que les vidéos qui doivent être diffusées le seront en passant par un simple proxy ;
  • ... ce qui nous fera une raison supplémentaire pour déployer des outils de reconnaissance de contenu et de flicage massif de ce qui passe dans vos tuyaux ;
  • ... ce qui nous permettra enfin de mettre en oeuvre le blocage de n'importe quoi, sur demande de n'importe qui,  comme le PDG d'Orange qui décide déjà unilatéralement de bloquer  « le trafic illégal" après examen au microscope de chaque octet.

Championne du monde Christine ! ... Remets nous plutôt des cahuètes.

 

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