Valls et Hollande dans les traces de Sarkozy, pour entrer dans l'Histoire
On pensait vraiment ne pas pouvoir tomber plus bas. L’Ego boursouflé de Nicolas Sarkozy l'avait poussé à prendre toutes sortes de décisions qui grignotaient les fondements de notre contrat social. Bien entendu, la démocratie française n'est plus, depuis longtemps -l'a-t-elle seulement été un jour- qu'un très pâle reflet de ce que ses textes fondateurs énoncent. Mais tout de même.
La sénatrice Françoise Laborde a émis le souhait, via un tweet, que nous écrivions cet article. La voilà donc heureuse. C'est notre mission première : satisfaire nos lecteurs.
Si l'on en croit le gouvernement actuel et le président de la république, le besoin de rogner les libertés individuelles s'explique aisément. Les "boites noires", la loi sur le terrorisme, tout ça s'explique par la nécessité de luter contre un péril sans précédent : le terrorisme. Et vouloir censurer Twitter ou Youtube, comme le veut François Laborde, aussi.
@epelboin @_reflets_ Sûrement normal qu'on recrute grâce aux réseaux sociaux et que films de décapitation circulent sur YouTube ?
— Laborde_Senat (@Laborde_Senat) June 27, 2015
Non, Françoise, ce n'est pas normal. Et ce n'est pas normal non plus de tirer un trait sur des libertés fondamentales qui scellent notre contrat social. D'une part, les signataires dudit pacte vont finir par se rendre compte, peut être d'ailleurs grâce au vilain Internet, que les autres signataires (les politiques) se moquent d'eux. Généralement, ça finit mal.
Je vous échange un baril de Loi sur le renseignement contre un peu de liberté
D'autre part, le terrorisme n'a pas attendu Internet pour frapper ou recruter, y compris en France. Sa nature même fait que justement, il frappe de manière horrible.
Si l'on observe les politiques actuels sans recul historique, on peut croire que le terrorisme est une chose récente, que sans Internet, il serait moins violent, il "séduirait" moins de monde.
Comme si le terrorisme d'extrême gauche ou d'extrême droite n'avait jamais existé, comme si les avions n'avaient jamais explosé avant le 11 septembre, à une époque, d'ailleurs, où on montait dedans sans toutes les fouilles et les restrictions actuelles, comme si Munich était un film de fiction.
Il n'en est évidemment rien.
Toutes ces lois qui s'empilent depuis des années, rognant nos libertés sont en train de dessiner une autre forme de démocratie. Une démocratie où la torture peut être légalisée est-elle vraiment toujours une démocratie ? L'exemple de la dérive des Etats-Unis n'a-t-il servi à rien ? François Hollande et Manuel Valls dessinent cette nouvelle forme de démocratie, dans le prolongement des gouvernements précédents. Un "autre chose" se met en place, avec l'aide de la passivité de la population qui a, la pauvre, d'autres chats à fouetter.
Avec mon baril de Loi sur le renseignement, éliminez les terroristes en un seul lavage
Si cet empilement de lois sécuritaires avaient permis d'éviter les actes de terrorisme, les critiques des opposants à cette mutation de la démocratie seraient plus faciles à décrédibiliser. Mais non. Les attentats continuent et continueront toujours. Car le risque zéro n'existe pas. Il y a plusieurs dizaines d'années, le patronat français avait commandité une étude sur les "fauteurs de trouble" en entreprise. Résultat ? Même en virant tous les empêcheurs de faire du business en rond, le problème des patrons ne serait pas résolu. Car un pourcentage égal de fauteurs de trouble naîtrait, y compris en puisant dans le contingent des "bons petits soldats". Il en est de même avec le terrorisme. Même en tuant tous les terroristes actuels, il y en aurait d'autres plus tard. La solution est sans doute en partie dans la diplomatie. Qui aurait pu croire dans les années 80 que la guerre du Liban s'arrêterait un jour ? Qui aurait pu penser que le conflit en Irlande du Nord trouverait une issue ? La solution n'est en aucun cas dans une répression aveugle qui ne mène qu'à plus de violence. Paradoxalement, c'est souvent en ramenant les terroristes dans un processus politique, avec toutes les compromissions que cela implique, que l'on trouve une issue à la violence...
La solution n'est pas non plus dans l'empilement des lois sécuritaires qui rognent les libertés publiques. A moins d'avoir une véritable volonté de transformer la démocratie (qui a déjà assez de défauts) en "autre chose". Est-ce cela que veulent les dirigeants français ? La question peut raisonnablement être posée.