Un homme comme les autres (2/7)
Jardin du musée Saint Pierre: 15 heures Ce fut un soleil printanier, insolite pour la saison en cette région, qui m’accueillit. Les édifices Lyonnais resplendissaient sous les rayons de lumière et prenaient une couleur safran envoûtante; la ville vibrait, magnifique.
Jardin du musée Saint Pierre: 15 heures
Ce fut un soleil printanier, insolite pour la saison en cette région, qui m’accueillit. Les édifices Lyonnais resplendissaient sous les rayons de lumière et prenaient une couleur safran envoûtante; la ville vibrait, magnifique. Je respirai un bon coup et pénétrai dans l’enceinte du jardin, scrutant avec attention les bancs de pierres disséminés le long d’un tracé parfait et d’un esthétisme troublant —alliance de la raison et de l’art —caractéristiques propres au siècle des lumières. Siderm n’avait pas choisi ce lieu par hasard.
Il n’y avait qu’un seul homme assis sur un banc qui donnait à manger à une petite troupe de pigeons. Il extrayait d’un sac en toile apparemment dédié à cet usage exclusif des miettes de pain qu’il distribuait avec une grande attention. Les pigeons semblaient aux anges.... Je m’approchai et le saluai :
—“ Mr Siderm ?”
Il releva la tête et me dévisagea longuement, sans un mot. Ses yeux étaient très foncés, son regard semblait lointain et pourtant extrêmement perspicace, comme tourné vers l’intérieur. Un regard lourd et décidé, un regard qui me gêna sur l’instant, de par la douleur qu’il exprimait.
Je ne peux pas en dire plus sur l’apparence de Martin Siderm. A la fin de l’interview il me demanda expressément de respecter en totalité son anonymat. Cette volonté faisait partie intégrante de sa pensée et de sa vision du monde. Le problème de l’ego et du rapport à la divinité, entre...