Journal d'investigation en ligne et d'information‑hacking
par Antoine Champagne - kitetoa

Trump : et si on dotait l'Arabie Saoudite de technologie nucléaire ?

Le laïus de l’ambassadrice américaine aux Nations unies, Nikki Haley sur un missile tiré depuis le Yémen vers l'Arabie Saoudite a reçu trop peu de publicité. Jeudi 14 décembre, depuis une base militaire américaine, Nikki Haley a présenté au monde ébahi des preuves "irréfutables". Un gros morceau de tôle posté derrière elle, serait les restes d'un missile tombé sur l’aéroport international de Riyad  en provenance du Yémen et qui aurait été fourni aux rebelles houthis par l'Iran.

Jim Watson - AFP - Getty Images

Le laïus de l’ambassadrice américaine aux Nations unies, Nikki Haley sur un missile tiré depuis le Yémen vers l'Arabie Saoudite a reçu trop peu de publicité. Jeudi 14 décembre, depuis une base militaire américaine, Nikki Haley a présenté au monde ébahi des preuves "irréfutables". Un gros morceau de tôle posté derrière elle, serait les restes d'un missile tombé sur l’aéroport international de Riyad  en provenance du Yémen et qui aurait été fourni aux rebelles houthis par l'Iran. L'ambassadrice s'est fendue d'un discours alarmiste à souhait. Extraits :

"In this warehouse is concrete evidence of illegal Iranian weapons proliferation gathered by direct military attacks on our partners in the regime (...)

The fight against Iranian aggression is the world’s fight. The US is acting today in the spirit of transparency and international cooperation that is necessary to defeat this threat . (...)

Just imagine if this missile had been launched at Dulles Airport or JFK, or the airports in Paris, London or Berlin.

Dans cet entrepôt, il y a une preuve concrète de la prolifération des armes iraniennes  (...) Le combat contre l'agression iranienne est un combat mondial. Les Etats-Unis agissent aujourd'hui dans un esprit de transparence et de coopération internationale qui est nécessaire pour contrer ce danger. (...) Imaginez si ce missile avait été lancé contre l'aéroport de Dulles ou JFK, ou les aéroports de Paris, Londres ou Berlin.

 

Il est compliqué de faire l'impasse sur la comparaison qui vient immédiatement à l'esprit : Colin Powell à l'ONU, brandissant une fiole contenant de la poudre blanche pour affirmer que les Etats-Unis avaient la preuve de la détention par Saddam Hussein d'armes de destruction massive. Son dossier, on l'apprendrait par la suite, était fabriqué. Hans Blix avait eu beau s'époumoner, rien n'y avait fait. Tout le monde, sauf la France, avait plongé.

Cette fois, l'attention se concentre sur l'Iran. Donald Trump est obsédé par ce pays comme George Bush l'était par l'Irak.

Les commentateurs s'attardent donc, après le discours de Nikki Haley sur la possibilité que les Etats-Unis dénoncent complètement l'accord qui les lie avec l'Iran sur le nucléaire. Pourtant, cette nouvelle saillie américaine pourrait cacher un autre projet, plus pernicieux et plus dangereux pour la stabilité de la région.

Un long article fruit d'une enquête de Isaac Arnsdorf dans Propublica, explique que l'Administration Trump est passée par dessus la tête de tous les garde-fous habituels et institutionnels pour pousser à une cession à l'Arabie Saoudite de technologies nucléaires :

The Trump administration is holding talks on providing nuclear technology to Saudi Arabia — a move that critics say could upend decades of U.S. policy and lead to an arms race in the Middle East.

The Saudi government wants nuclear power to free up more oil for export, but current and former American officials suspect the country’s leaders also want to keep up with the enrichment capabilities of their rival, Iran.

Saudi Arabia needs approval from the U.S. in order to receive sensitive American technology. Past negotiations broke down because the Saudi government wouldn’t commit to certain safeguards against eventually using the technology for weapons.

Now the Trump administration has reopened those talks and might not insist on the same precautions.

L'administration Trump négocie avec L'Arabie Saoudite pour lui fournir de la technologie nucléaire, un changement de cap qui pourrait, selon les opposants à cette stratégie, mettre fin à des années de politique américaine internationale et mener à une course aux armements du Moyen-Orient.

Le gouvernement saoudien recherche la technologie nucléaire pour exporter plus de pétrole, mais des officiel américains en poste ou ayant été en poste, suspectent que les leaders du pays veulent également se mettre au niveau de l'Iran en matière d'enrichissement.

L'Arabie Saoudite a besoin de l'accord des Etats-Unis pour recevoir des technologies sensibles américaines. Les précédentes négociation avaient achoppé car le gouvernement saoudien  n'avait pas voulu s'engager à ne pas les utiliser comme armes.

Désormais, l'Administration Trump a réouvert ces discussions et pourrait ne pas demander les mêmes engagements.

La mise en scène organisée par Nikki Haley pourrait bien être un prélude ou une forme de justification d'un tel accord, avec tous les risques que cela implique. Difficile de ne pas imaginer, dans ce cas, une escalade entre les deux pôles rivaux d'une région très instable : l'Iran et l'Arabie Saoudite.

0 Commentaires
Une info, un document ? Contactez-nous de façon sécurisée