Journal d'investigation en ligne et d'information‑hacking
par Yovan Menkevick

Time Machine : Le débat sur les gaz de schiste de l'automne en exclusivité !

(Reflets a développé une technologie de pointe permettant d'effectuer des voyages dans le temps. Pas physiquement, mais via le net. La technique en question ne nous permet pas de ramener du son et des images mais visionner des vidéos et les retranscrire est possible. Notre premier voyage dans le futur a été modeste puisque il fut un saut d'à peine un mois en avant dans le temps.

(Reflets a développé une technologie de pointe permettant d'effectuer des voyages dans le temps. Pas physiquement, mais via le net. La technique en question ne nous permet pas de ramener du son et des images mais visionner des vidéos et les retranscrire est possible. Notre premier voyage dans le futur a été modeste puisque il fut un saut d'à peine un mois en avant dans le temps.

Nous n'avons pas trop pu choisir le thème, c'est un peu lui qui s'est imposé à nous, et ce fut celui du débat sur la transition énergétique qui aura lieu le 14 et 15 septembre prochain. Une émission grand public, basée sur le débat, animée par un certain Yves C. sur la chaîne publique France5. Nous vous livrons aujourd'hui la retranscription d'une partie du débat, en exclusivité puisque cette émission n'a pas encore eu lieu !)

L'animateur derrière une grande table présente brièvement le thème du jour :

— Aujourd'hui nous abordons, dans le cadre du débat sur l'énergie, la problématique des gaz de schiste. Indépendance énergétique, manne financière, prix des combustibles, pouvoir d'achat, faux procès et problèmes environnementaux possibles, les gaz et huiles de schiste sont l'objet de nombreux conflits entre leurs partisans et leurs opposants. Pour nous permettre de mieux comprendre ces ressources non-conventionnelles, les enjeux qui les entourent, nos deux invités, pas franchement en accord sur le sujet, Bernard Shellman, représentant du centre en expertise économique pour la sauvegarde de l'humanité, bonjour Monsieur Shelman…

L'invité, en costard cravate, la cinquantaine permanentée sourit de toutes ses dents blanches et dit bonjour.

Et Monsieur Bazir Ringard, c'est bien comme ça qu'on prononce ?

Le deuxième invité, en chemise de lin froissée et queue de cheval poivre et sel répond un "oui" embarrassé.

Vous êtes, le représentant d'un collectif anti-gaz de schiste ardéchois "nopasaran les gaz de schiste" et membre du parti écologiste "le parti des écologistes", c'est bien ça ?

L'invité répond positivement.

Bien, alors avant de commencer, un petit reportage pour mieux comprendre ce qu'il en retourne, et nous entamons le débat.

Le studio disparaît et une image de groupe de quinquagénaires sur la place d'un village apparaît, tous plutôt baba-cool et en pleine discussion. La caméra s'approche, un moustachu énervé répond à une question muette, explique que des camions devraient venir pour débuter une exploitation de gaz de schiste. Débat. Nouvelle image du village avec des CRS. Interviews. Explications. Re-CRS. On comprend qu'on est en 2010, en Ardèche. Nouveau plan, dans de grand bureaux avec vue imprenable sur Paris. Un responsable de chez Total explique pédagogiquement que la technologie a évolué, l'extraction des gaz de schiste n'est plus du tout polluante. Explications techniques du responsable. Retour en studio.

L'animateur sourit de façon carnassière.

Alors, Monsieur Shellman, on imagine bien de quel côté vous êtes, mais quand même, toutes ces personnes inquiètes qui ne veulent pas voir arriver les pétroliers dans leur région, on peut les comprendre, non ? Je rappelle que vous êtes responsable d'un groupe économique…

Oui, mais justement, cher Monsieur Yves C., ça ne fait pas de moi quelqu'un d'impliqué, je ne suis pas pétrolier, vous comprenez. Je n'ai qu'un analyste expert en économie, mais aussi scientifique, parce que vous avez omis de le préciser : je suis ingénieur avant tout, et je connais parfaitement ce type de technologies, mais bon, passons.

L'animateur donne l'impression d'être embarrassé et grimace un sourire.

La réalité, c'est que ces inquiétudes, tout à fait entendables et justifiées avaient lieu d'être !

Yves C. hausse un sourcil et feint l'étonnement. L'invité écologiste à la queue de cheval n'a toujours pas bronché et semble un peu inquiet.

Vous voulez dire que les collectifs anti-gaz de schiste ont raison de se méfier et de refuser les forages ?

Oui, mais je vous ai bien dit, "avaient", puisque comme l'explique très bien votre reportage, si la technique de forage horizontal par fracturation hydraulique pouvait causer des problèmes environnementaux, ce n'est plus du tout le cas à l'heure actuelle ! Ces personnes avaient raison en 2010, mais aujourd'hui, elles ont tort !

L'animateur se tourne vers le deuxième invité :

Qu'avez-vous à répondre à ça Monsieur Ringard ? Les collectifs anti gaz de schiste savent-ils que la technologie a changé, qu'elle est sans danger pour les nappes phréatiques aujourd'hui, ne consomme que très peu d'eau, une eau qui est recyclée d'ailleurs, et que la technologie actuelle ne peut pas causer de séismes ou d'autres dommages ?

Le quinqua à la chemise en lin se tortille sur sa chaise avant de répondre :

Oui, enfin, bon, ça reste à prouver tout ça, hein. Nous ce qu'on voit, c'est qu'ils veulent venir forer, et ça ne sera pas sans problèmes pour l'environnement, c'est certain ! Nous, au collectif, on est prêts à se battre, et au parti des écologistes, aussi : le gaz de schiste ne passera pas chez nous !

L'animateur sourit et le relance avec un ton un peu paternaliste :

Oui, d'accord, on comprend bien, mais quand même, refuser une technique polluante qui ne l'est plus, et ne pas vouloir l'admettre… Vous ne voulez pas vous remettre en question, c'est ça ?

Mais non, mais…

Monsieur Shellman le coupe :

Le problème c'est l'idéologie ! Se priver d'une telle chance pour un pays comme le nôtre, uniquement par idéologie, c'est un peu triste quand même… Parce qu'on oublie un facteur très important dans ce débat, c'est l'indépendance énergétique ! Les américains ne nous ont pas attendus, eux. Le prix des carburants ne va pas cesser de grimper en France, alors que si on exploitait les gaz de schiste, toute la donne changerait : les Français pourraient enfin retrouver du pouvoir d'achat. Vous imaginez le litre de carburant à moins d'un euro ? Le chauffage à moitié prix ? Et puis c'est plus de 60 milliards d'euros qui rentreraient dans les caisses de l'Etat chaque année. Le problème de dette peut se régler avec les réserves que notre pays possède, et ça, c'est inestimable, cher Yves C.

L'animateur se tourne vers l'autre invité :

Ce n'est pas vraiment votre problème l'aspect économique, mais quand même, vous êtes conscient de tous ces aspects qui sont centraux, Monsieur Ringard ?

Oui, bien entendu, mais ce n'est pas le problème Monsieur C., nous parlons de la transition énergétique, il y a le changement climatique,  la nécessité de passer aux énergies vertes et les gaz de schiste empêchent cette transition ! Et puis, il y a les paysages qui seront détruits par les puits, les routes pour y accéder, les camions qui vont faire des allers-retours, et le gaz qui peut remonter à la surface ! Et l'émission de Co2 des gaz de schiste, l'effet de serre, pourquoi ne pas en parler ? Je…

L'animateur le coupe.

C'est très intéressant ce que vous dites, et justement, nous avons un petit reportage…

L'image commence à disparaître…

COUPURE DE LIAISON

Nous avons eu un problème technique à ce moment précis. Lorsque le problème a été résolu, l'émission se terminait. Nous vous livrons les derniers mots du présentateur :

Et bien merci Monsieur Ringard, Monsieur Shellman. Nous espérons que vous, téléspectateurs, avez pu vous faire une opinion sur cet enjeu des gaz de schiste, et pouvez désormais décider de leur intérêt ou de leur danger. Demain soir : "est-il nécessaire d'interdire le harcèlement de rue" ? Merci, et à demain…

 

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