Terres de Gandhaäl (7) – Livre 1 : « Fondations »
Seghuenor reprit son souffle. Des images de son enfance affluaient par vagues successives, comme des chevaux emballés lancés dans un galop effréné. Les heures passées assis en tailleur sur un rocher surplombant la mer, les yeux fixés sur le soleil, suivant sa trajectoire; la souffrance que procuraient les exercices auxquels l’astreignaient son maître. La solitude aussi. L’attente. L’espoir et le désespoir.
Seghuenor reprit son souffle. Des images de son enfance affluaient par vagues successives, comme des chevaux emballés lancés dans un galop effréné. Les heures passées assis en tailleur sur un rocher surplombant la mer, les yeux fixés sur le soleil, suivant sa trajectoire; la souffrance que procuraient les exercices auxquels l’astreignaient son maître. La solitude aussi. L’attente. L’espoir et le désespoir. Seghuenor ressentait pour la première fois le poids que représentait pour lui cette période de sa vie. Il n’avait pas connu l’enfance, les caresses d’une mère aimante, les premiers émois amoureux. Il avait été projeté dans un monde d’apprentissage et d’effort avant même qu’il ne fut en mesure de profiter des instants bénis que connaissent tous les être humains durant leurs premières années. Il se rendit compte tout à coup qu’il était seul, qu’il ne connaissait pas l’amour, la douceur d’un foyer; il comprit en cet instant qu’il était peut-être, à l’instar d’un projectile que l’on propulse vers une cible, un pion que l’on jouait, déterminé pour une partie dont il ne connaissait pas les tenants et les aboutissants, ni les règles. Il luttait depuis trente cercles, aidé de Mortesse, et d’autres hommes de valeur et c’était la première fois que cette idée lui venait à l’esprit, le saisissait dans toute sa vérité !
Seghuenor ferma les yeux et entreprit de faire le vide dans son esprit, il lui fallait continuer comme si rien ne s’était passé. Les temps n’étaient...