Terres de Gandhaäl (6) – Livre 1 : « Fondations »
La tour circulaire était plongée dans un clair-obscur de faisceaux lumineux surgissant aléatoirement du sol et formant un lavis violacé sur les parois de pierre crépies de blanc. De nombreux meubles parsemaient la pièce, tous chargés d’objets hétéroclites. Bon nombre étaient inconnus des deux compagnons, immobiles sur le seuil.
La tour circulaire était plongée dans un clair-obscur de faisceaux lumineux surgissant aléatoirement du sol et formant un lavis violacé sur les parois de pierre crépies de blanc. De nombreux meubles parsemaient la pièce, tous chargés d’objets hétéroclites. Bon nombre étaient inconnus des deux compagnons, immobiles sur le seuil. Des masques de cuivre ou de plâtre, aux larges bouches exprimant la colère, la joie, la peur, côtoyaient statuettes de nymphes nues, tableaux aux subtils couleurs pastels, instruments de musiques sculptés aux formes sensuelles. Il y avait quantité d’objets plus étonnants les uns que les autres. Chacun d’eux avait l’air d’avoir choisi sa place depuis longtemps et l’on ne pouvait s’empêcher de les scruter un par un, pour ensuite en découvrir un nouveau au détour du regard. Mais le plus fascinant, ce qui accentuait sûrement l’impression fantastique qui imprimait les lieux, était la mélopée qui s’échappait du centre de la pièce et se répandait langoureusement à travers l’espace confiné. C’était une musique extraordinaire, d’une tristesse infinie. Les chants féminins qui la composaient étaient portés par de nombreux instruments aux accords envoûtants, la beauté de la mélodie faisait comme vibrer l’air et les deux hommes, toujours figés sur le seuil, se surprirent à frissonner, comme possédés par l’étonnante ambiance. Une voix masculine aux intonations douces, à l’accent amical les fit sursauter, comme à l’éveil d’un rêve enchanteur....