Terres de Gandhaäl (2) - Livre 1 : "Fondations"
Les tambours résonnaient sans cesse, toujours à la limite de couvrir les voix excitées des convives. Leur rythme lent et mécanique emplissait l’esprit et obligeait l’étranger inaccoutumé à ces sons graves et répétitifs, à se concentrer intensément afin de rester à l’écoute des discussions, ou bien même accomplir des gestes simples.
Les tambours résonnaient sans cesse, toujours à la limite de couvrir les voix excitées des convives. Leur rythme lent et mécanique emplissait l’esprit et obligeait l’étranger inaccoutumé à ces sons graves et répétitifs, à se concentrer intensément afin de rester à l’écoute des discussions, ou bien même accomplir des gestes simples. Danda avait été convié par le Kendä Ziäd et son conseiller dans l’une des innombrables tavernes souterraines qui cernaient la tour d’ossements où avait eu lieu l’entretien. Une centaine de Golgiens et Golgiennes vêtus de manière ostentatoire — afin, se dit Danda, de marquer leur appartenance à la haute noblesse de la cité des prêtres noirs — buvaient et mangeaient bruyamment. Leurs yeux brillaient de la liqueur hallucinogène ingurgitée qui coulait à flot dans les coupes de cuivre. Les rires étaient appuyés et les gestes amples. Le diplomate d’Anglar, assis à l’extrémité de la longue table d’ébène lisse comme un miroir, n’avait pas encore osé toucher — ne serait-ce que du bout des lèvres — à sa coupe emplie de vin jaune. Il souriait légèrement, hochant la tête aux remarques de ses hôtes, plissant les yeux pour mieux démontrer son attention aux remarques qui étaient proférées, les mains croisées sur le ventre. Quelle était la raison précise de cette soudaine invitation ? Une coutume sympathique ou bien un piège de Ziäd ? Danda n’avait plus beaucoup de choix ; il jouait avec des dés truqués qu’il avait longuement préparés, ne lançant que...