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Édito
par Antoine Champagne - kitetoa

Sordiditude journalistique et politique

Ce n'est plus un flux tendu de question, mais une cascade qui nous inonde : Mohamed Merah a-t-il envoyé lui-même ses vidéos à Al Jazeera, la chaîne va-t-elle les diffuser ? Quelles chaînes ont déjà annoncé qu'elles ne le feraient pas ? Rotten va-t-il les publier ? Le carnage de l'école aurait-il pu être évité ? Le RAID a-t-il foiré son opération ? Volontairement ou pas ? Le tueur  était-il un indic des services français ?

Ce n'est plus un flux tendu de question, mais une cascade qui nous inonde : Mohamed Merah a-t-il envoyé lui-même ses vidéos à Al Jazeera, la chaîne va-t-elle les diffuser ? Quelles chaînes ont déjà annoncé qu'elles ne le feraient pas ? Rotten va-t-il les publier ? Le carnage de l'école aurait-il pu être évité ? Le RAID a-t-il foiré son opération ? Volontairement ou pas ? Le tueur  était-il un indic des services français ? A-t-il été identifié grâce à une loi anti-terroriste ou un logiciel libre ? C'est sans fin.

Si les politiques et les journalistes se posaient une minute au lieu de se laisser envahir par leurs émotions ou mener par leurs calculs personnels, il se diraient peut-être que toutes ces questions... #OSEF.

Quelles que soient les réponses, si tant est que l'on puisse en avoir et de justes, elles ne changeront rien. Les victimes de Mohamed Merah sont mortes et elles ne reviendront pas.

Ses crimes resteront odieux et insupportables.

Ce que l'on peut essayer de faire, c'est de réfléchir à un avenir tenant compte de ces événements tragiques. Tirer quelques enseignements... Si cela est possible :

  • on ne peut pas vivre dans une société sans éléments "déviants" capables de la pire inhumanité. Tolérance zéro ou pas.

  • il y a fréquemment des fous qui passent à l'acte et tuent. La dernière tuerie de ce genre est détaillée ici.

  • Les politiques utilisent toujours les événements de ce genre car ils les mettent en valeur et occultent naturellement tout autre sujet. Ce fut le cas avec la tuerie de Nanterre ou la prise d'otage de la maternelle de Neuilly, une sorte de moment fondateur pour Nicolas Sarkozy.  Il était même allé faire le kakou sur place.

  • Si l'on prenait la peine de réfléchir au lieu de commenter, on se dirait peut-être que rien ne permet d'empêcher des actes de ce genre. Ni les centaines de fichiers policiers, ni les plans vigipirate, ni les moyens modernes d'écoute aussi globaux soient-ils, ni la profusion de lois, intelligentes ou pas. Les effets d'annonce, les textes ridicules et opportunistes sont rarement votés et quand ils le sont, les décrets d'application ne sont pas pris, ou si tard, que les lois ne sont pas appliquées. Quel que soit le parti au pouvoir, aussi adepte des lois liberticides soit-il (#oupas), ces événements surviennent.

  • Si les journalistes décortiquaient les événements en les replaçant dans un contexte historique plus large que les trois dernières heures de direct live qui va mal, ils pourraient signaler aux citoyens que la politique de la peur est mauvaise conseillère. George Bush l'avait utilisée sans ménagement avant Nicolas Sarkozy. On sait comment cela à fini : légalisation de la torture, enlèvements, incarcérations sans perspective de sortie et sans jugement, mise de côté du système judiciaire, on en passe. Mettre un pied sur ce chemin n'est pas sans conséquences. Le retour en arrière est difficile. Barack Obama n'a pas encore sorti son pays de cette voie. La peur est un outil que Nicolas Sarkozy manie avec délectation. Il est simple à utiliser et ne coûte rien. Mieux : il marche comme aucun autre.

Tourner en boucle sur le tueur, ses motivations, ses origines, sur le travail des forces de l'ordre, sur les lois à passer ou pas, etc., la liste est sans fin, ce n'est pas honorer les victimes. C'est sordide, cela lui fait une publicité déplacée et cela fait le jeu des politiques.

 

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