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Dossier
par Antoine Champagne - kitetoa

Samuel Paty : n'a-t-on rien appris ?

L'extrême-droite continue impunément ses appels au meurtre et au viol sur les réseaux sociaux

Les groupuscules d'extrême-droite se déchaînent dans le sillage de la candidature d'Éric Zemmour. Appels au meurtre ou au viol de journalistes, de politiques, mises en scènes macabres, tout cela ressemble à s'y méprendre à l'hystérisation constatée avant l'assassinat de Samuel Paty. Le gouvernement reste placide.

Extrait de la vidéo "Le gauchisme est-il pare-balles ?" de Papacito - Copie d'écran Youtube

Voilà un exercice périlleux. Comment comparer l'attentat barbare contre Samuel Paty à des mots, certes condamnables, mais qui restent des mots ? Rien ne dit qu'un illuminé passera à l'acte sur la base d'appels au meurtre ou au viol sur les réseaux sociaux. Mais rien ne dit non plus que cela n'arrivera pas. Nous devrions, en tant que société, avoir tiré les leçons de l'assassinat barbare du professeur d'histoire-géographie. Sans l'hystérisation d'un non-événement sur les réseaux sociaux par des gens qui transforment ce qui pourrait à la rigueur être considéré comme un débat ou une controverse, en appels à la violence à peine masqués. Il y a toujours un crétin dur plus crétin dur que les autres pour entendre ces appels. Ces dernières semaines, dans le sillage de la candidature d'Éric Zemmour, la fachosphère s'est illustrée par des appels au meurtre, au viol de journalistes, par des tirs sur des effigies de journalistes ou de politiques.

Chaîne Telegram des "Vilains Fachos"
Chaîne Telegram des "Vilains Fachos"

Ce n'est pas une nouveauté, la journaliste Julie Hainaut avait fait l'objet il y a quelques années de menaces et d'insultes après un article sur un bar où se réunissaient des membres de l'extrême-droite. Si l'un des auteurs avait été condamné en première instance, il avait été par la suite relaxé en appel sur un point de droit.

Comment ne pas voir dans les délires de "Papacito" et de ses semblables sur les réseaux, la désignation (noms, adresses, téléphones) à la vindicte populaire de leurs supposés ennemis, une similitude avec l'enchaînement qui a débouché sur la mort de Samuel Paty ?

Comment ne pas s'offusquer du silence répété du ministre de l'Intérieur, pourtant si prompt à s'exprimer sur tout et rien ? Un silence coupable, que pointait Libération dans un article titré : « Est-il vrai que l'exécutif et Darmanin ne condamnent jamais les menaces venant de l'extrême droite ? » .

Le site de Démocratie Participative et ses messages antisémites et racistes
Le site de Démocratie Participative et ses messages antisémites et racistes

Une tribune signée par de nombreuses sociétés de journalistes avait été publiée le 18 novembre, signe que le fond de l'air effraie, ces temps-ci... Les journalistes y dénonçaient des « menaces de mort, appels au viol, insultes, cyber-harcèlements sur les réseaux sociaux, interdictions de couvrir des événements politiques, intimidations lors des manifestations ».

Dans une enquête, StreetPress révélait le 2 novembre que des militants d’extrême droite, soutiens actifs d’Éric Zemmour, s'entraînaient au tir sur des caricatures racistes de juifs, de musulmans et de noirs.

Il y a toujours plus à droite que l'extrême-droite...
Il y a toujours plus à droite que l'extrême-droite...

Ce n'est pas quand il est trop tard qu'il faut réagir, face à ceux qui ne veulent pas faire société tout en restant dans la société. C'est avant. Paradoxalement, c'est l'extrême-droite, idéalisant une supposée société de « l'ordre », qui promeut la haine et la violence, à l'opposé de l'ordre. Et c'est la droite au pouvoir, qui pourfend volontiers les discours de haine, menant aux drames comme celui de Samuel Paty, qui est cette fois murée dans un silence assourdissant.

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