Journal d'investigation en ligne et d'information‑hacking
par Juliette Loiseau

Rougir Sang Honte

la web-série pour que les règles ne soient plus taboues

Malgré leur présence dans les médias et surtout, sur les réseaux sociaux, en 2019, les règles sont toujours taboues. Elles restent un sujet de honte, de gêne et parfois un problème financier pour les femmes. La web-série Rougir Sang Honte s’attaque au sujet, avec en premier lieu, la question de la composition des protections hygiéniques.

Protections hygiéniques - © Juliette Loiseau

Les règles sont un phénomène naturel, elles ont concerné, concernent ou concerneront chaque mois la moitié de l’humanité. Aujourd’hui, les règles ne semblent plus, ou en tout cas de moins en moins, un sujet tabou. Sur les réseaux sociaux, de nombreuses initiatives pour libérer la parole existe, il y a eu la campagne #respecteznosregles, #stopprécaritémenstruelle, #periodsarecool, #changezlesrègles. Les protections hygiéniques, alternatives ou innovantes, sont de plus en plus nombreuses, chaque jour, une nouvelle marque propose une culotte menstruelle, une box de tampons, une nouvelle cup ou des serviettes lavables. Dans les médias également, le sujet des règles est régulièrement abordé, et plus seulement dans les magazines féminins ou féministes. Depuis quelques mois, il semble y avoir un vrai engouement pour cette thématique, chacune arguant briser le tabou qui l’entoure. Mais est-ce vraiment le cas ? Sous couvert de marketing, de nombreuses start-up et entreprises s’engouffrent dans la brèche. Il est vrai que, longtemps mis de côté, le marché des menstruations et protections hygiéniques est aujourd’hui prometteur. Pour autant, si vous cherchez à vous procurer des tampons ou serviettes en urgence, vous ne pourrez trouver des distributeurs que dans quelques hôtels et stations services, jamais dans un musée, une bibliothèque ou tout autre lieu public.

La gêne et la honte que peuvent ressentir les femmes vis-à-vis de leurs règles ont-elles pour autant disparu ? Le sujet est-il réellement abordé, au sein des familles, des couples, des groupes d’amis ? Le marketing et la mode naissante autour des menstrues ne mettent-ils pas seulement un joli vernis sur un sujet que l’on refuse d’aborder dans son ensemble ? Si dans les publicités, on peut désormais voir une cup ou une serviette menstruelle, encore trop rarement tâchées de rouge et plus de bleu, les tabous sont rarement mis en lumière. Il est rarement dit que la cup menstruelle, qui connait une certaine popularité, ne convient pas à toutes les femmes, que distribuer des protections hygiéniques ne résout pas le problème de la précarité menstruelle, que les douleurs sont encore niées, surtout dans le monde du travail, que les fabricants de protections hygiéniques n’indiquent toujours la composition exacte de leurs produits, ou que l’éducation aux règles se fait en majorité par le biais d’organismes extérieurs dans les établissements scolaires. Les règles, ça n’est pas juste saigner une fois par mois. Briser le tabou des règles, ce n’est donc pas uniquement vendre des protections hygiéniques sexy ou à la mode.

La web-série Rougir Sang Honte veut concevoir le sujet dans son ensemble, comme un tabou de société qui a conditionné l’éducation des jeunes filles, le rapport aux douleurs dans le monde du travail, l’indifférence vis-à-vis de la santé des femmes, l’impact économique pour des femmes plus précarisées que les hommes, autant de thèmes dont ne se saisissent pas ou peu les pouvoirs publics en Europe.

Le premier épisode, Nos tampons, des poubelles chimiques, aborde la question de la composition des protections hygiéniques aujourd’hui. On sait que certains substances chimiques utilisées sont jugées « préoccupantes » par l'Agence nationale de sécurité sanitaire, sans pour autant qu’il y ait de risques majeurs pour la santé, selon cet organisme public. Il recommandait donc dans son rapport de 2018 aux industriels de diminuer l’usage de ces produits. Mais aujourd’hui, les fabricants n’ont toujours aucune obligation légale de communiquer la composition exacte des protections hygiéniques, ils y mettent donc ce qu’ils veulent, sans contrôle. Les initiatives, pétitions, boycott, ne manquent pas pour faire changer la règlementation, mais en attendant, pour protéger leur santé et diminuer les risques, plusieurs femmes ont développé des alternatives aux tampons classiques.

Vous pouvez soutenir ce projet de web-série en faisant un don sur cette page.

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