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par Jacques Duplessy

Retraites : forts du soutien de la population, les grévistes ne lâchent rien

Manifestation du 9 janvier à Paris

La base reste déterminée et dans la rue, dans les AG, les actions se poursuivent en dépit du message que le gouvernement souhaite imprimer dans les esprits : il n'y a plus de raison de faire grève, il est temps de reprendre le travail.

Manifestation du 9 janvier 2020 à Paris - © Reflets

Malgré "l'abandon provisoire" de l'âge pivot à 64 ans et les tentatives du gouvernement de siffler la fin des manifestation, le soutient à la grève ne faiblit pas. Quelque 60% des Français soutiennent toujours le mouvement, selon le sondage Harris Interactive publié le 14 janvier. Autre point évoqué dans l'étude, la perception des Français de cette réforme : 67% d'entre eux se disent inquiets lorsqu'ils pensent à la création d’un régime universel des retraites. C'est 1 point de plus par rapport à l'enquête publiée au début du mois de janvier. Comme quoi la "pédagogie" du gouvernement ne passe pas.

Commerçants solidaires... - © Reflets
Commerçants solidaires... - © Reflets

Sébastien, conducteur à la RATP, en est à son 35ème jours de grève. "Ma prochaine fiche de paie, elle sera à zéro... Mais je suis prêt à continuer la lutte." Pourtant, il marche à côté d'un drapeau UNSA... un syndicat qui a appelé à la fin de la grève. "Je me fous de la position de notre secrétaire général, de ce qu'ils pensent là-haut ! La négociation n'a rien apportée. C'est sûr qu'il vont s'en prendre ensuite à la valeur du point... On va tous perdre. Je me bats aussi pour mes enfants."

Les cheminots CGT sont toujours très mobilisés. Pour cette manifestation parisienne, les conducteurs de Trappes ont rempli un bus complet pour la première fois depuis le début de la lutte. "Il y a plus de monde dans les AG, plus de monde dans les manifestations, dit Patrick, un délégué syndical. Les caisses de grèves vont nous aider à tenir. Mais le privé doit aussi se mettre en grève, même si c'est plus compliqués pour eux." Les grévistes font régulièrement le tour des entreprises privées du secteur, ils échangent aussi avec les professeurs en lutte.

Un peu partout les grévistes s'organisent. Lundi 13 janvier, une projection du film "Les jours heureux" était organisée à la mairie du 14ème arrondissement. Ce film raconte l'élaboration du programme social par le Conseil National de la Résistance. Cette réunion est aussi l'occasion de collecter des fonds pour les caisses de grève, de discuter de la réforme et de se concerter entre militants. "J'aurais besoin que des profs viennent sensibiliser des collègues dans mon lycée", lance une infirmière scolaire gréviste. Immédiatement, des enseignants viennent la voir pour l'organiser. Une femme Gilets Jaunes partage sont expérience et appelle à la convergence des luttes. Elle est applaudie.

Mais si le soutient à la grève ne faiblit pas, le mouvement ne prend pas non plus d'ampleur... "Il faut que le privé se joigne à nous, déclarent de concert une enseignante et un cheminot, il faut des blocages pour faire plier le gouvernement. On ne peut pas seuls se battre pour tout le monde." "On nous dit que la SNCF et la RATP sont le fer de lance du mouvement, dit l'un d'eux. Mais dans une lance, il y a un manche derrière. Il faut ce manche... On ne tiendra pas un mois de plus." "Macron veut nous humilier déclare un enseignant, ils ont une stratégie du pourrissement pour nous mettre à genoux, nous asphyxier et ensuite continuer le démantèlement de notre système social."

Manifestation du 9 janvier 2020 à Paris - © Reflets
Manifestation du 9 janvier 2020 à Paris - © Reflets

Pour les grévistes, la position de la CFDT qui a dit avoir obtenu une victoire avec le "retrait provisoire" de l'âge pivot est une "trahison". "On le savait d'avance, mais ça fait mal", dit un gréviste. Plusieurs militants du syndicat réformiste sont interrogatifs. Même parmi les cadres. L'une d'elle sous couvert d'anonymat confie : "La question de fond est : peut-on faire confiance à ce gouvernement ? On s'est fait avoir par le gouvernement pour la réforme de l'assurance chômage, on sait qu'on n'obtiendra pas la même protection pour la pénibilité que celle qui a été démantelé par le gouvernement... Alors cette fois-ci ?"

Les Français, eux se sont faits leur opinion : dans le baromètre Harris Interactive, seuls 28% regardent positivement le gouvernement, soit une baisse de 3 points en une semaine et de 6 points depuis la mi-décembre.

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