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par Antoine Champagne - kitetoa

Reflets invite Olivier Véran à discuter des attaques contre la presse

Mision impossible ?

Le ministre délégué chargé du Renouveau démocratique et porte-parole du gouvernement a indiqué en conférence de presse être disponible pour parler du cas d'Ariane Lavrilleux et de la presse en général. Alors que vont s'ouvrir des États généraux de l’information, les attaques contre la presse, dont Reflets a été l'une des victimes, se multiplient. Celles-ci touchent évidemment la Démocratie. Olivier Véran tiendra-t-il sa parole ?

Appel à un rassemblement hier place de la République pour protester contre la garde à vue de Ariane Lavrilleux. - D.R.

Ariane Lavrilleux, journaliste pour Disclose vient de passer 39 heures en garde à vue. Un juge enquête sur ses articles qui révélaient des ventes d'armes françaises à des dictatures et tout particulièrement, l'aide apportée par la France au maréchal Al-Sissi. La DGSI a perquisitionné son domicile pendant une dizaine d'heures. C'est une attaque frontale de l'État contre le journalisme d'investigation qui contourne, encore une fois, la loi sur la presse. C'est Disclose en tant qu'éditeur qui aurait dû être poursuivi et non pas la journaliste auteur des articles.

En conférence de presse, après le conseil des ministres, Mediapart a interrogé Olivier Véran, ministre délégué chargé du Renouveau démocratique, porte-parole du gouvernement sur cette garde à vue.

Le ministre a botté en touche. Selon lui, une conférence de presse du porte-parole du gouvernement n'est pas le lieu pour lui poser des questions. Allez comprendre.

Mais il a proposé que Mediapart l'invite pour discuter de ce sujet : « Si vous m'invitez, je veux bien vous répondre. Je ne refuse pas de vous parler, je viendrai avec plaisir. ».

Reflets a pris au mot le ministre et a lancé une invitation. Car la liberté de la presse est un outil essentiel de la Démocratie. La presse, lorsqu'elle est libre d'exercer son rôle est un moyen donné aux citoyens d'exercer leur rôle démocratique de manière éclairée.

Les procédures bâillon se succèdent, en contournant la loi de la presse de 1881, contre Reflets, contre Mediapart. D'autres procès-bâillon, plus classiques si l'on peut dire, sont lancés contre Médiacités, Arrêt sur Image, Le Poulpe, France Inter, Le Monde et L’Humanité, on en passe ...

Mais il y a aussi les pressions, comme la garde à vue de quatre jours pour le photo-reporter Yoan Sthul-Jäger qui avait couvert une action dans une cimenterie, qui se succèdent. Notamment pour les journalistes traitant des sujets liés à l'écologie.

Nous avions consacré un long article sur les procès bâillons. Par le pouvoir de l'argent, quelques entreprises ou particuliers tentent d'étouffer la presse d'investigation. C'est une instrumentalisation de la Justice.

Le président de la république, Emmanuel Macron a mené à son paroxysme la non communication avec la presse qu'il méprise. Il est désormais quasiment impossible d'obtenir la moindre déclaration officielle d'un ministère. « Envoyez un mail on vous répondra » est la nouvelle réponse de tous les services de presse de l'État. Ensuite, les journalistes en sont réduits à attendre une réponse qui ne vient jamais.

Et encore. Ça, c'est quand on parvient à joindre un service de presse.

Ce jeudi 21 septembre, nous avons appelé le numéro fourni sur la page officielle d'Olivier Véran pour le joindre. Vous allez voir, ce n'est pas aussi simple.

N'obtenant personne, nous avons choisi de l'appeler sur son portable. Il n'a pas décroché mais nous lui avons laissé un message et nous vous tiendrons au courant s'il nous rappelle.

Pourquoi vous raconter tous ces détails de nos arrières-cuisines et ne pas vous livrer simplement le résultat, une interview d'Olivier Véran ? Il nous semble important de porter à la connaissance du public le fait que les pouvoirs en place, tout comme les entreprises ont désormais comme principe de ne pas répondre à la presse ou à tout le moins, de lui compliquer la tâche le plus possible. Une façon de signifier en creux aux citoyens qu'ils ne sont pas tenus de répondre à quelque question que ce soit. Circulez.

Et ça, c'est aussi une information...

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