On ne fonde pas la citoyenneté sur l'inutilité sociale
Entretien avec Laurent Bonelli
Laurent Bonelli est sociologue (université de Paris X - Nanterre). Membre du centre d'études sur les conflits (www.conflits.org) et codirecteur de l'ouvrage La Machine à punir. Pratiques et discours sécuritaires, L'Esprit frappeur, Paris, 2004. Reflets : Doit-on chercher une explication précise (unique) aux violences qui ont secoué les banlieues? Laurent Bonelli: Il y a plusieurs séries de facteurs. On a eu tendance à unifier plusieurs choses différentes.
Laurent Bonelli est sociologue (université de Paris X - Nanterre). Membre du centre d'études sur les conflits (www.conflits.org) et codirecteur de l'ouvrage La Machine à punir. Pratiques et discours sécuritaires, L'Esprit frappeur, Paris, 2004.
*Reflets : Doit-on chercher une explication précise (unique) aux violences qui ont secoué les banlieues? *
Laurent Bonelli: Il y a plusieurs séries de facteurs. On a eu tendance à unifier plusieurs choses différentes. Avant tout, que s'est-il passé réellement? A Clichy, il y a deux jeunes qui sont morts et un autre qui a été blessé grièvement. Ca a donné lieu dans la ville à une flambée de violences réactives qui s'est traduite par des affrontements des jeunes avec la police, ce qui est quelque chose de finalement assez classique. C'est en tout cas commun depuis une vingtaine d'années, lorsque des jeunes meurent lors de contacts directs ou indirects avec la police. Deuxième chose, à la différence de ce que l'on a pu voir au cours des années passées, il y a eu une extension, ou tout au moins, il y a eu des violences ailleurs. On a dit, « les violences se répandent », alors qu'en fait ces violences sont différentes. Alors qu'à Clichy, on a vu 2 ou 300 personnes affronter durement la police, on observe ensuite des destructions de voitures, de conteneurs poubelles, par des petits groupes de 10 ou 15 personnes qui après disparaissaient sans chercher l'affrontement. Les policiers eux-mêmes...